vendredi 21 octobre 2011

DU SILENCE A L'AURORE

DU SILENCE A L’AURORE

Pris par le silence de la ville

Je brique ma parole en braille

Plus enfant que tous les enfants

Tête brûlée par le gel


Entendant sonner l’éveil

Par la corne des rues

Mes mots s’aventurent

En se durcissant

Comme un chiendent

Dans mon dos glacé


Le diable de la nuit résiste

Et casse mon poème instantané

Ulysse bohème

Qui va courant vers l’aube

-Mon acmé dans les phares –

Je nage à la rattrape d’un souffle


Silence à tête de vacarme

Je suis aveugle

Au chien de fantaisie

Et je le siffle


Toutes les marées dorment encore

Je les suivrai dans la blanche ferveur

Comme cela se doit dans un temps exalté


L’harassante solitude

Reste prisme de lumière

Et – les yeux penchés

Trancheront le silex acéré

De ma pierre de feu

Qui lance les éclats de ma voix


Le diable restera mon vertige

Je lui offrirai les cent raisons

De ma misère

Etrangère au culte du livre


En griffant l’édifice

Où ronge l’écriture

J’essaie d’entendre

Les cent et cent solitudes

J’essaie de voir

Ne pouvant les toucher

Les avenues de tous les rêves


La cohorte de mes mots

S’est avancée

Le ciel platine crie déjà l’aube


Verre pilé cassé

Crissement des karchers

Feuilles mortes avalées

Sirènes de police

Tout est prêt

Pour la grande roue de la ville


Pan tenace –

Le poète n’est pas de ceux

Qui se plient aux traces et aux places

Dans la marche du temps :

Il conspire

Il se rit des villes buissonnières

Et ne se noie dans les villégiatures


Chien courant des soldats lunaires opiacés

Il hume le moment de leur extinction

Il n’attend rien des fugaces parcours

Qui le mèneraient au zénith


Tête aujourd’hui – ici et maintenant –

Ferrée par tant de vacarme

Il rentre dans l’adieu aux dieux

Qui avaient fait sa renommée

Il chante la ritournelle

Où valse le travail

Sans pouvoir congédier

La misère qui le tient sur sa corde


Il se fait l’indien de

Toutes les promesses déçues

Et le plasma des grandes artères

Qui rugissent

Est aussi son chant dans un corps

Arraché aux gueuloirs de la ville


Plus de silence en son jardin

Plutôt que l’hébétude

Le vent triomphant

Qui l’emporte dans

Les arbres au savoir roussissant

Et un énorme rire contre

Les auréoles de la pureté

Plutôt l’acier fondu sur ses lèvres

Plutôt que l’hébétude :

Le vent triomphant

Qui l’emporte dans

Les arbres roussissant du savoir

Et un énorme rire

Contre les auréoles de la pureté

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