mercredi 12 octobre 2011

PAROLE JAMAIS DESOEUVREE

PAROLE JAMAIS DESOEUVREE



Poète au serment d’Adonis
Poète au bouclier de Persée

Chaque jour à la pointe du voyage
Mais ne partant pas
S’asseyant à la porte de l’exil
Là où rayonne le sans-droit
Là où le pauvre recouvre les ornières
Tu résonnes même pour l’aveugle
Même pour le sourd-muet

Poète au sang d’argile
Poète au grand soleil d’aurore

Là où s’affaissent les dos
Là où les fronts heurtent les murs
Tes mains offrent leur labeur
Tes respirations – rafraîchies – se décalcinent
Et offrent leur souffle

Poète – même des blessures cicatrisées
Poète – même des brûlures cautérisées
Ne te fige pas dans la prophétie
Ni dans l’amour angélique
Ni dans le combat vengeur

Ils sont combien à soudoyer la douleur
Combien à saupoudrer l’infâme
Combien à gonfler leurs poitrines
Pour des combats qu’ils n’ont pas menés
Avec ces pensées si promptes
A accabler l’étrange
A fustiger la sauvagerie
Quand – au même moment –
Ruent des monstres de guerres et d’inhumanité

Poète –  dans la sueur du monde -
Dans la douleur qui le ronge -
Ne te regarde pas
Ne te complais pas
Ici même – la misère est à satiété
Elle n’attend plus rien
Que serait la beauté
Si elle ne devait pas rugir – elle aussi –
Contre l’indifférence complaisante ?!

Toi n’attends et n’entends rien d’autre
Que la montée souveraine de l’espoir –
Toujours l’espoir –
Sans jamais t’abandonner
Aux maîtres de la musique pétrifiée
Aux professeurs patentés
De la vertu glacée

Ils ne s’entendent pas
Les chants
Dans le glacis des puissances

Elles ne s’entendent pas
Les complaintes de l’après-coup
Elles ne s’entendent plus
Les grandes oraisons funèbres

Non ! Elles ne s’entendent plus
Les glorifications calculées
De la liberté accordée
Par les monstres

Partout le poète est un veilleur
Qui enchante !

Le regard grand-ouvert
L’ouïe non feutrée
Les mains offertes
Les respirations non calcinées
Toujours dans le pas du gué
Accordé aux chemins de traverse
Où passe et repasse l’Homme –
Son chant n’est jamais
Que le surcroît de grâce
S’accordant à une levée
Même s’il la sent
Ecrasée ou cassée par l’inferno
Il aura redonné la fierté à cet espoir
Et … C’est sa seule fierté

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