jeudi 13 octobre 2011

TERRE - UN MATIN

TERRE – UN MATIN



La terre est à mille lieues de l’ennui
Elle est féconde et discrète
Voulons-nous l’empoigner ?
Elle file dans l’aube

Nous traçons un chemin avec elle
Ses portes sont dans la ville
Elles y accueillent ses horizons

Tant-pis si ici
On n’a pas vu les étoiles
Percer le rideau de sa nuit

Maintenant elle ouvre l’aurore
Dans un gris insolent
Le poids qu’elle charrie avec lui :
Des murs et des murs de solitude
Hébétée par l’éveil

Mais les arbres domestiqués
Egrenant quand-même sa compagnie
Sous son ciel pâle
Tempèrent notre exil : l’oubli de sa vie
Ils ne masquent rien d’elle
Ils marquent son cycle
Ils drainent ses saisons
On y voit l’automne l’étrenner
Du feu de ses couleurs
Contre l’asphalte blême de la place


Ils marchent – marchent
Avec des pas précipités –
Les préposés au travail
Ils brisent leurs rêves –
Ces revenus de l’évolution
Ils dégrisent leurs passions
Sous le poids de leur temps accéléré

Les chaînes d’enfer
Des fauves automobiles
Tracent des rumeurs
Insolubles dans l’air
Elles effacent toujours plus
Le vif de la terre
Qui semble de plus en plus lointain

Tout tourne cependant
Et le rectiligne uniforme
Ne tient que dans l’horloge
Nous-mêmes sommes devenus des satellites
Du temps fabriqué par la vitesse
Nous ne voyons plus que cette circulation
Bondissante d’abstraction virtuelle

Pourtant – de quoi jouissons-nous
Dans cette fable qui grossit ?
De ce rien d’altérité rivé au monde tel qu’on le rêve ?
Non ! Que ne s’échappe pas de nos sens
Le plaisir d’Alma Mater
Celui de Gaïa la nourricière !

Ah ! Briser de notre énergie
Le poids insensé qui alourdit notre terre :
Celui de Prométhée enchaîné
Par son propre feu dévorant

L’énergie qu’il faut
Pour rouvrir les chemins de l’aurore
Avec la poésie comme arme et comme témoin
De la terre devenue solitaire !

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