lundi 28 novembre 2011

CONTRE LE FEU DE LA TRISTESSE

C ONTRE LE FEU DE LA TRISTESSE

Dans nos portes :

Calme et courants d’air

Le chant s’endort

Avec la misère qui lamine

Et son suaire qui sourit


Lamento – Mémento

Aux fleurs d’amour indécis

Qui se flétrit

On répond en abeilles

Butinant son énigme


Et le couteau des souvenirs

Tranche l’ennui

Qui picotait la vie


Scellerons-nous notre habitat

En faisant grâce

Aux perles du désespoir

Mais elles sont le collier

D’Eurydice déçue


Mais – non – l’hébétude ne nous tiendra plus …

Ah ! Sortir de nos seuils

Et après nous être plongés dans le Léthé –

Brûlés par l’absence –

Nous mangeons le silence

Nous dévorons l’écho de notre mémoire


Et nous ne plions

Que pour ne pas supplier

Le vent des âmes mortes


Face à la tristesse

Nous sortons notre trique

Et nous battons – battons

Le feu d’outre-tombe


Mais Ah ! S’ouvrir à l’incendie du jour

Se lever – se lancer hors de nos rêves

Au tout venant du soleil

Qui éclaire et entretient

Nos solitudes enchevêtrées


Nous retrouvons sans attendre

L’escalier des havreurs

Où nous endurons

Le temps de la montée

A deux doigts des lucarnes

Où vibre notre Paris qui veille

Dans les lumières

De la nuit

dimanche 27 novembre 2011

RIRE-ECORCE

RIRE-ECORCE

S’il est un rire – écorce

Aux fruits précoces

Notre joie s’incendie


Sans lui – rien ne s’ouvrirait

Que les paroles creuses

Du bouffon


Sans lui – nous ne décocherions

Aucune flèche d’amour

Et les mots d’amande

Se perdraient


Et nous nous délesterions

Du poids secret qui charme

Le désir


Notre pensée serait dépensée

Dans le temps machinique

Et nous ne nous aventurerions plus

Dans les causes chamoisées

Qui flirtent avec la lumière


Mais – Rire-Ecorce -

Qui te déshabille

Te doit un tour de danse

Dans la mémoire

Pour l’avenir

Car on te nomme ici

Dans l’arbre au savoir


Ils veulent te séparer

De la chair et de la pulpe

Car ils n’entendent rien

Que ce qui fait appétit

De la puissance incarnée


C’est ainsi que nous rions

Des héraults de l’éloquence

Qui sont ailleurs

Dans les festins des princes


Tant de fantômes secouent leur squelettes

En tirant leurs chaînes

Ce sont des revenants choyés

Qui hantent les palais


Mais le rire-écorce

Les interrompt

Il se casse - se pèle

Et s’écrit avec des mots d’amour

Qui appellent dans l’arbre au savoir

La marche ininterrompue

De la liberté pour tous les fruits

De l’Humanité

samedi 26 novembre 2011

CE SOIR RIEUR

CE SOIR RIEUR

Ce soir rieur arrache

Le socle de nos douleurs

A nos rêves charnus


Cataplasme de nos erreurs :

Tout ce temps

Pour balader notre passion

Efface toutes les traces

De l’attente


Le cœur dénoué fait avancer

Sur le chemin de compagnie

Il poudroie son horizon

De joie

Comme pour l’infini rencontré

A la porte des blés

Où vont s’égrener les paroles libérées :


Juste là : amadouer le réel

Dans d’infimes raccords

Avec l’instant en faction


Avec les rires

Où une aveugle se plonge

Délivrant un baiser

Fruit de son désir éveillé

Pour son amour

Avec les chants lancés à la lune

Avec les veilleurs qui tancent

L’éternité pour arracher

Un moment de bonheur


Avec les babillements d’enfants

Qui passent – éclairant le présent

Pour un avenir assombri


Avec cette femme séparée de son enfant

Qui cherche un lieu pour le chérir

Et s’abandonne à la confidence


Avec les déshérités

Qui ne peuvent pas oublier

Les airs de leur passé


Avec les dés jetés

Par des étrangers

Et un mot lancé à notre langue

En notre langue :

Cartes de séjour


Avec le temps ramassé

Aux combles de la veille insoumise

N’attendant rien

Et recousant – sans-cesse

Le filet du réel


Et …Debout au ciel endormi –

Caressant l’enfance

De tant de leurs songes –

Ils sont comme chats se hérissant

Pour les sauvages et envahissants touchers

Qui les prennent :

Tant de promesses que rejettent

Tous ces veilleurs


Tout un peuple charriant

Le lointain jusqu’ici

Dans leurs bruissements

Dans l’accueil qui les tient

Comme aux confins de toute terre


Là où musclent

Les éclairs bienveillants

De l’amitié

Là où filent leurs liens

Jusque dans leur silence

Comme contre-point

Aux feux de joie

Et à leur soif inassouvie

Pour la paix


Ils allument tous les bonjours

Ils illuminent tous les aux revoir

Face au suif de la nuit


Ils éteignent les braises de la déshérence

Ces amis qui se prêtent leurs désirs

Connaissent la tension qui brûle le monde

Ils Exorcisent ses bruits

Et rentrent

Dans les contreforts

De la présence résistante

En un moment de partage non calculé

dimanche 20 novembre 2011

L'INNOCENCE EXISTE

L’INNOCENCE EXISTE !

Des bacchanales de la puissance

Tu te retires – ô L’innocence

A fleurs partagées


Tu ne chantes aucune gloire

Sur l’autel des sacrifiés


Et ta vie que l’on néglige

T’enseigne l’indifférence

A la brillance


Quand tes rébellions éclatent

Elles ne sont jamais feintes


Tu es encore la pâte qui se lève

Et la meule dont tu te sers

C’est celle de la vie polymorphe


Ah ! Les secrets que tu charries

Dans les torrents vifs de la présence

Sont amorce de tes départs

Ils comptent dans ton racinement

A fleur de terre


Nul n’ignore la moisson

De tes périples

D’ailleurs – quand tu danses – ô innocence

On suit tes rythmes ballotant

Entre vérité et vertu


Ils veulent brûler la scène

Pour t’arracher ton sang

A moindre frais

Oui ! Innocence

On te dénie

On te fait la guerre


Avec l’outil – bouc émissaire

On te fabrique les parts immangeables

Du gâteau des rois


Il faut voir comme ils font

Avec leurs machines à broyer

Comme ils font avec toi

Calomniant ta misère


Mais debout – innocence

Tu n’es plus fantôme de l’errance

Et déclines toutes les promesses

Où l’on te conjure de rester invisibles


Encore plus de lumière et de bien

Qui sortent des cavernes

T’invitent à faire entendre ta sagesse

Toi – le milieu où tout se tient


Ils crient : l’innocence n’existe pas

Mais toi – tu fabriques le cheval courant

Dans la nouveauté

Charriant toutes les boues du monde


Sur ton dos : le fardeau

De tous les spasmes du monde

Dans ton cœur : la fibrillation

La pulsation rapide

Des temps actuels


Le vent à ras de terre

Monte jusqu’à l’étoile

Et tu n’es le satellite de personne


On te dit : tu n’es personne

Mais qui guette le jet de sel

Sur les confins et les bords glacés

Des rives où souffle ta respiration


On l’entend quand-même

Le bruit sourd de ta conscience

Et il n’est nulle « science »

Qui la corrompe

Toi – sous la férule de ton souffle –

Avec le bouclier et l’épée de ta paix

Tu fais gémir les gorgones

Ils sont égarés – les monstres froids

Qui exigent de toi

Que tu leur rendes grâce

Pour leurs mots compatissants


Nulle pitié – Nulle charité

Ne t’empêcheront de te mettre à la lumière

Qui les aveuglera


Et tu te moques bien

Des prébendes qu’ils s’offrent en ton nom


La haine qu’ils te vouent

Avec leur chœur unique

Toujours prêt à te faire payer

Ton recours à la pensée aurorale