vendredi 30 décembre 2011

TON OCEAN

TON OCÉAN

A bras si forts – bel océan

Là - tu brises en le saisissant

Le cri torve de la sirène

Qui s’emportait à perdre haleine


Les essieux d’écume s’enroulent

Aux bords de dune – avec la houle

Le vent aux naseaux de Neptune

Siffle des galops dans la brume


Et cet air gonflé de passion –

Sans plus poser d’autres questions

Que le pourquoi de ta quiétude –

Vire aux lointaines latitudes


Toi l’indienne au corps enlacé

A l’écho des nuits embrassées

Par les vagues et par la tourmente –

Voix du lointain – voix si savante !


Que ta nuit divague en tes sens

Ton chemin n’est pas dans l’errance

Il est grisé par la tempête

Il la suit comme en une fête


Tu fleuris les mots que tu prends

Et – sans-cesse les remembrant –

Ton océan reste une épure –

Sous le phare – sa fière allure


Griffe la pierre en bondissant

Comme mille lions rugissant

Qui t’appellent toi la vraie fée

Pour relever les chants défaits


Il couronne tout ton domaine

Et toi la grande Marie reine

Tu hèles ton chien malicieux

Pour aller sauter entre cieux

vendredi 23 décembre 2011

VERITE : EMPREINTE

VÉRITÉ : EMPREINTE

Et la vérité ne sortira pas hirsute

D’un bouge

Elle éclaire nos fenêtres et nos seuils

Mais ne mange pas

A la table des prêcheurs

N’incendie pas nos havres

Quand hurlent

Les pompiers pyromanes


Elle gravite dans le doute

Qui accompagne nos routes


Elle s’emporte dans un ciel à la Turner

Dans les lignes et les courbes de Cézanne


Notre valise à tiroirs

Est pleine de trésors

Non négociables

Pour tous nos mots irrécupérables


Même si les têtes de toupie actuelles

Arrachent notre sol

Même si – en y serpentant leurs voix –

Elles enfilent notre misère à l’envers

Dans les cotillons des princes

Dans les feux d’ombre de leurs limbes -

Nos corps écartelés

Brouillent l’économie de l’exil

Et se raccommodent à nos âmes


Nous remembrerons nos vies

Refaçonnant tous les nids

Vérité : simple nom pris

A la volée de nos errances

Dans un chanvre dénoué

Elle nous accomplit

Seuls et nus

Mais ressoudés à l’horizon


Sortis de la gueule des monstres

Comme d’un mirifique miroir

Nous apprendrons la séparation

Et nous desserrerons les liens

De notre inexistence

Nous abandonnerons les oracles-catastrophes

Pour habiter le pays

De nos fruits écarlates

Avec la vérité comme empreinte

Pacifique dans chacun de nos cœurs

jeudi 22 décembre 2011

PONT DU SOUVENIR

PONT DU SOUVENIR

Pont du souvenir

Vers l’archer des aurores

Au soulier de bruyère

Planté sur la grève

Griffé par la marée


Tête à tête

Au barrissement de l’océan

Enflammé par les lames

Siphonnant le large

Dans la lumière écartelée

D’où le ciel se fend


Lâcher du vent

Qui lèche l’azur

Ouverture

Sur le soufflé du temps

Qui rythme

Dans les barricades de la mémoire


Ah ! Laisser y affleurer

Une à une

Toutes les veines

Qui ont traversé

L’histoire non promise

A effectuation


Et le sel giclera

Dans le bruit du souvenir

L’océan – d’accueil –

Renverra à la terre nourricière

mardi 20 décembre 2011

ESPOIR A FLEUR DE LAIT

ESPOIR A FLEUR DE LAIT

Tu tètes la révolution à ses pis

Elle est épuisable

Son oracle déposé sur ta bouche

T’empêche de chanter

Son aura vaut un matin

Vaut un soir


Tu glisses ton savoir

A ses cornes

Elle rue dans tes jambes


Elle avale l’herbe sauvage

L’avenir est clos

Dans son enclos

Mais – qui donc l’élargira

Qui – faisant de promesse vertu

Fera pousser des fleurs

Sur son fumier


Il y a quelque part de lait nourricier

Qui peut glisser

Dans une corbeille de roses

S’y étendent les baisers

A des kilomètres

D’amour reverdi


Cette nourriture cent – mille fois renouvelée

Se déverse dans une grande artère

Où vibrent les égaux

On ne cessera de plonger

Dans la voracité


Est-elle fatiguée – la Marianne

D’alimenter ses enfants à son sein ?

Est-elle lassée de ne pouvoir

Ligoter les mains

Des avaleurs de la chose publique ?


Et la terre pleure

De n’entendre que les Héraults

Qui la dépouillent


C’est le monde expatrié de lui-même

Ce sont ses muscles atrophiés

De tout vouloir saisir


Il faudra réinventer

De grands moulins

De claire voix sans prière

Sans la bénédiction intranquille

Des bergers charitables


Soudoyer la vie

Dans les étables de béton


Laisser gicler son cœur

Livrer sa chair et son sang

Aux pressoirs

Jusqu’au dernier calice levé

Pour une puissance recharnée


Paix d’entre-gens

Paix garante de toutes

Les processions du monde

Mais nous n’irons pas

Dans la transhumance

Où se couche le regard


Nous ne quémanderons pas

Des oasis de vertu et de tranquillité


Nous ne percevons notre droit

Qu’à nous emparer

De la rose des vents

Pour prévenir la tempête


Et nous irions haletants

Pour notre allaitement ?

Bientôt – plus personne

Personne pour couvrir

Ces avancées


Myrte et muguet

Se disputeront le lait de nos sens

Jusqu’à ne plus laisser une seule place

Pour le berger rageur

Mais toute la place pour l’arpentage de l’espoir

dimanche 18 décembre 2011

CHANT ET ENVOL

CHANT ET ENVOL

Petit merle à l’envol difficile

Tu te lances dans ton moulin à chansons

Tu te lances comme une fronde

A partir de tes hauteurs

On te voit poindre

Au petit matin

A l’équerre d’un mur


Ton trille est-il joyeux ?...

En tout cas – tes ailes l’ont porté

A deux pas du carrefour

Méprisant la brise – tu traverses

Le faubourg et t’accroches à un toit


Proche est l’homme qui a faim

Proche est son refuge sous un balcon

T’entend-il ? Te voit-il ?

Il se lève en murmurant son espoir

D’un déjeuner même frugal


Et le petit merle l’accompagne …

Oh ! Oui ! Toi l’oisillon

Né à la ville …

Tu franchis ses barrières

Tu inaugures le temps du jour

Passant outre la misère du monde

Mais la florissant de ton chant précoce

Allumant les rêves de la terre

Qui se réveille


Un enfant pleurant à une fenêtre

S’interrompt quand tu modules

Sur son balcon

Un enfant qui ne dort plus

Voudrait crier

Mais il rentre dans le silence


Qui a faim ? Qui a soif ?...

Mais qui souffle

Sur les murmures et sur les pleurs ?


Toi – le démuni - Toi l’enfant

Toi – le travailleur pressé par l’horloge …

Il y a pour vous

Comme un oiseau rieur

Qui fauche la tristesse

Dans le dédale des murs


Et tous les murs sont des seuils dépassés

Le grand froid – aussi – plonge

Dans la chaleur d’un chant


Les premiers vrombissements

Ne font rien oublier

D’un envol généreux et courageux


A chaque fois – le temps frémit

Dans cet éclair de nouveauté

Le vent – lui-même cesse de ruminer

Dans l’ombre des cœurs

Pour des averses qui ne sont

Que petites fureurs du ciel

Alors que le petit merle furtif

Jette une note – à chaque fois nouvelle –

S’évadant dans nos songes matutinaux