mardi 24 avril 2012

CONTRE LE DIKTAT DE L'ETRANGE

CONTRE LE DIKTAT SUR L'ÉTRANGE


Assis contre l’écran-bougeoir sur les montagnes –
Page nue arrimée là sans destinée –
Je joue aux quilles –
Bousculant
Les poutrelles du pouvoir
Et déroule ma joie
Au cratère de mon désir

Tant-pis si le temps me tanne
Je fends sans m’y ranger
Le diktat sur l’étrange-
Une aura clinquante et massive
Le réexile
Rougit mes lèvres
Et – malgré tout –
Vanne mes vers

Comme avec une robe de bure
Je m’affiche étranger
A toute bergerie
Mais trace –
Avec la yole de mes écrits
Un chemin dans les sources

O Délie ! Le roulis
De tes cris modulés
Trame un corps
Qui avance
Contre le vacillement
Du sens
Et me stupéfie
De silence

Et je digresse d’avance
De tout ministère aboyeur
Je ne digère plus
La viande des rassis
Qui ont rougi
Du sang des innocents

Ils ont tant et tant arrimé
Dans un boucan de singes
Les rames des songes rivés au partir
D’ancres réelles
Là sur les flans du monstre froid

On s’étonne qu’ils rongent
La peau des amours
Et l’aspirent – la taraudent
Pour n’y laisser
Que les os

O Délie !  Sine die
Est renvoyé
Au rouet de la nuit
Le lien solaire de Cythère
Et la mort louvoie
Aux pieds de l’ouvrier

Ah ! Quelle eau de jouvence
Pourrait arroser le bouge
Où coule encore
Le sang des sirènes
Qui ne hurlent plus
Dans les arènes
Du travail brûlé

Jusque sur ma butte
Se brouillent dans le granit
Les flemmes de l’accueil

On ferme ! On ferme !
Et ça crâne d’idéal
Ça crame dans des jeux désespérés
De mont en val
Amertume au vent d’océan !
Allume les assauts de la  pluie
Et que les bulles du savoir-pouvoir
Soient inondées – inaudibles

O Vertigineuse amante
Sois ventriloque de nos lunes
Muse ? Tu existes
Contre l’autisme
Mais fais-nous écouter
La musique de tes silences !...

Ils vont de plus en plus intenses
Ils montent jusque sur nos pentes abruptes
Ils iront peut-être tonner
Dans nos nuits

Eclairs et foudre dans le hasard inattendu …

Le monstre froid démultiplié
Crachera sa langue de feu
Mais il ne voudra jamais tomber
Dans un champ magnétique
Qui s’étend sans contrôle

Et nous  ne voudrons jamais
Rentrer dans ses palais – dans ses filets
N’être happés que par la musique
Du cœur des gens
Qui résonnera
Avec la muse .


 Interloqués les vampires dans le monstre
Essaieront de tout pétrifier
Dans leurs mâchoires
Qui mordent les rêves
De Marianne
Mais ils lâcheront prise
Et rentreront dans le ventre glacé
De la bête multiforme
Qui ne peut tout avaler
Au risque de ne plus rien manger

 Alors viendront les contre-points
Rythmés au chant victorieux
De la résistance

Et – toi  Délie – Tu resteras toujours
Dans le mi-dire – mi- musique
Mi-silence
Que ton poète avait psalmodié
Dans la langue de Cythère

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