vendredi 31 août 2012

DEGAGE-TOI SUR UN CHEMIN



DEGAGE-TOI SUR UN CHEMIN



Dégage-toi !
Vas sur le terreau sombre
Sur lequel vaque le ciel qui se dénoue
Lentement de la nuit

Arpente le vide
Fertile est le temps volé
A la ville qui  se lève

Dépoussière tes yeux du rêve
Qui les hante


Oui – longtemps – je me suis levé tard
Et ne pouvais voir l’or arpenter l’horizon
Ni le dédale des marches
Le rencontrer
La nuit est solide
Dans son entrave
Fixant  le sommeil
Et je ne m’en défaisais pas


Regarde – maintenant tu es l’indien
Passeur   de l’éveil
L’aurore est ton ambassade
Auprès de ses indigènes
Laborieux


Mais où sont mes rêves ?
Envolés – évanouis – enfouis ?
Ils me deviennent étrangers …


Oui – tu es toi-même l’étranger
Au milieu d’autres
En ce petit matin
Qui cherche le jour
Tu cherches la distance
Or l’exil est là
Il prend graine dans ta ville


Je ne cherche pas – je veux prendre ma part
A l’ordinaire levée qui court
Entre les murs
A l’extraordinaire éveil qui y sourd
Sans promesse
Je veux accomplir le geste
Du guetteur


Tu es encore dans la vacance
Certes singulière
Mais très répandue
Parmi ceux – nombreux –
Qui se veulent messagers
Mais tu n’es pas encore rentré
Dans le vide dont se remplissent
Ardemment les passeurs


Certes – alors que devient
Le secret des villes
Si l’on ne cultive pas
L’instant – solitairement ?
Je souffle sur les braises qui tombent
Du ciel sur ma place –
Braises de lumière
Qui incendient
La charpente
Du travail


Et bien – dis-toi que tu es avec elle
Et maintiens la distance
Qui te manquait
Dans ta quête
Solitaire
Et ouvre – ouvre le sens
A ce peu de non-sens
Qui accompagne
Les ruées chaotiques
Dans la ville


Je me dégage donc – j’élague le futur
Dans ma proximité
Avec ce qui vient :
Ce transport dans
La présence …


Attention ! Même la présence conquise
Ne te fera indien et passeur
Il y manque le chemin
Et sa césure
Ses ruptures …


Oui – mais tant a été grande
La catastrophe
Que ce chemin
Opère dans le rien …

Non – il faut peut-être affirmer
Que sans direction
A tes mots
Et sans compagnie
Le chemin
Collapse …
Mais …
Interrompons là
Notre vide est sans aucune mesure
Avec le rien
Et il est initial
Au chemin


Je suis d’accord :
Il s’agit de remonter le vide
En creusant le sol de la présence
Et de ressurgir Ici
Au croisement de l’habitat
Et de l’exil
En laissant libre
Le territoire des villes


Libre – tu dis libre
Pour passer avec le monde Ici -
Sans qu’aucun privilège
Ne soit donné
A son sens ?…


Oui et si je te comprends :
Un chemin entre
Présence et absence
Entre vide et non-sens –
Sachant remplir la direction
Prise dans l’instant -
Par moi-même
Et donc dans la distance
De l’instant ?


Oui – si tu veux
Mais n’oublie pas l’approche – l’avec –
Bref : la compagnie !

jeudi 30 août 2012

AVEC LE SOLEIL



AVEC LE SOLEIL



Sur une toupie sonnante et en feu
J’alimente mon réel en un jeu
Tournant et glanant comme à la parade
Les mots que ma pauvre passion hasarde
En littérature – là – décharnée
 Qui – encore une fois – ici -  renait

Ah ! Que l’aurore me prenne à son lit
Que le matin me pousse à son roulis
Je brûlerai la bacchante à ses larmes
Pour en saisir l’Atalante à ses charmes
J’y raturerai les plaisirs fictifs
Et m’assurerai d’un chant incisif

Qu’est-ce-qui m’achemine sur la terre
Si ce n’est ce bref flambant de lumière
D’un seul coup tamisant mon carré d’ombres
Quand la nef d’un poème roule et sombre
Au fin fond d’une humide renommée
Qui saoule et s’intercale comme jamais
Entre les foules et chaque solitude
A qui je parle en toute latitude

Et même si l’amour nous ensorcelle
Il faut être sourd pour croire qu’il nous scelle
Dans un pur destin sans soir ni matin
Je cueille toutes mes fleurs en mutin
Une suffit pour lier mon désir
A celle qui l’entend comme une lyre

Or bien que le temps soit à la dérive
Je me livre à chaque instant qui délivre
Et – à ce vif sursaut de mon écoute
Pour ouvrir ne serait-ce qu’une route –
Au lointain renvoyer cette lumière
C’est ce qui me suffit sur notre terre

Ah ! Toucher ce qui brûle pour le proche
L’anonyme qui n’a qu’amitié en poche
Ainsi combler les êtres inattendus
Plus : pauvre et amante – bien entendus

Quoi ! Soleil ! Ne pas te faire vertu
Dans ce désert-même où l’on s’exténue ?!
Ici – sans l’ombre altière que tu lances
Tous nos pas seraient pris dans la cadence
Infernale des désirs machiniques
Ce serait une bien sombre musique !

mercredi 29 août 2012

NON-STOP POEME



NON-STOP POÈME


O comme tu gigotes – Instant -
Dans tes passages absentés
Du futur
Outre que
Ta chair frémit
A l’horizon d’éternité …
Tu transportes avec toi
Le tremblement de l’époque
Qui rejette tout ciel

Mais la vie sillonne
Et palpite en ton sein
Elle s’offre entière –
Rut de temps solaire
Dans ta chaleur humide étale

Tu la prends dans tes bras
Exilant le sang du poème
Vers ta plus complète transpiration
Toujours d’Ici –
Hallucinant les fleurs du progrès –
Tu rayonnes – certes –
Mais ailleurs

Et nous balbutions
Sur ton chemin
O l’instant-dérive
Des lendemains
Sans chaîne

Nous te tenons
A perdre haleine
Nous y soufflons le matin
Nous y aspirons le soir
Sans attendre
D’autre énigme
A résoudre
Que ta promesse
Dévêtue  

Nous y allumons quand-même
Nos espoirs jusque
Dans les foudres araméennes
Qui drainent maintenant
Le grain arabe au levant

Nous recommençons les chants
Dans la césure des rythmes
Pour qu’adviennent encore
Des paroles comme
De nouveau-nés

Toutes les prières publiques
Au soleil irruptif
Nous les rapportons
Au creux de nos amours
Pour que tu ne fuies pas
O instant
Dans l’aparté sombre
De la solitude abandonnée

D’ailleurs que celle-ci se partage
Nous la voyons au plus grand comble
De la durée comme ancestrale
Quand mûrit notre désir
Notre soif d’interrompre
La mort qui te traverse
Toujours sous ton voile
D’après-coup
O l’instant
Pareil
Aux joutes
Sans cavale
Ni ennemi …

Quand – au cœur des soutes –
Tu carbonises – ô Vaporeux instant –
La succession des jours

Et … Le « Bateau Ivre »
Chacun des miséreux
Le voit en métropole
A son home dépossédé d’âme
Ou de tout home dépossédé

N’attends pas – ô n’attends pas
Frère de l’instant
Mais – maintenant – laisse rugir tes mots
Dans le vent levé qui te mène
Là – avec le sur-place
Impossible –
Au minuit caressant
Là où s’abandonne
Tout flétrissement
De la pensée

Relève ce poème
Jusqu’à un monde fleurissant
 Pour cela – redonne
Sans cesse ses lettres d’esprit
Au miséreux qui voudrait
Les tenir à chaque
Aurore

mardi 28 août 2012

LE LABELLE D'AMOUR


LE LABELLE D’AMOUR



Le cheminement de l’impossible
Dans la trame urbaine du matin gris :
Mon silence

Mais la part vaincue de l’indifférence
Entraîne comme une montée
Des égaux
Dans le regard qui se suspend
Au creux de la différence
Qui court

Il faudrait être dans l’ « Agon »
Pour éviter la démultiplication
Qui respire :
Ces scènes du monde
Au souffle hasardé
Dans l’arène
Du sens

Un labelle :
Ce théâtre retourné sur Babel
En coquille de paix
Mesurée aux vagues
D’impressions gravées
Dans la pulsation du moment …

On entend et l’on voit de nouveau
Se presser les passages et les paroles
Et les trains chaotiques du travail
Font le plein de la ville
Mais ils n’exténuent
En rien
La vacance
De l’âme

Le gouffre lui est compagnie
On voudrait voir battre
Le cœur des foules
Rien que pour avoir
A taire les dissociations
En son sein
Voilà où nous attendent
Les monstres froids
Pour qui
Tout est égal
Sauf leur puissance
Comparable à rien
Déchiffrable en aucun chemin

Ici – jeunesse et vieillesse
Sont comme en partage
De pensées
Mais …
Qui sont ces invisibles
Qui trament
Les trains séparés ?

Ce sont ceux-là
Radicalement séparés
Qui flambent la pensée
Et la tiennent pour discours
Toujours – à dix mille lieues
Infranchissables

Silence donc
Sur le règne des villes
Silence … mais …
Ouverture au monde
Sur leurs secrets désirs
De sourire à la lumière
Des temps nouveaux

Et que le mur glacé – isolé
D’un autre monde
Interpelle
Sur la vastitude concentrée
Sans la moindre vacance
Qu’il interpelle
Le théâtre magique
De nos villes 
Il ne le fermera jamais
Sauf à ouvrir - là aussi - entre leurs murs
Le chemin catastrophique
De la guerre perpétuelle