vendredi 29 novembre 2013

LA JEUNESSE ET LE HALO



LA JEUNESSE ET LE HALO



Jeunesse ! O comme tu tires sur le halo là-bas !
Et comme ta fièvre accentue ton effort !
Tu tires et le halo tombe sur toi
T’inondant de sa lumière

Sur les trônes du sourire
Tu t’assois et crée
Ton aurore dans
Le matin malin
La force d’innocence
En tes bras

Tu allumes la paix comme une arme
Et partages ses sédiments de joie
Il n’y a pas une de
Tes attentes qui
Ne soit braise
La patience lente est ton tombeau

Et ta vacance est un poème
Qui crie tes amours
Logés dans
Un infini
Qui protège
Ton espoir infatigable

C’est ton horizon – c’est ta résonnance
Qu’on voit – qu’on entend
C’est l’horloge comme
La rose des vents
Qui tourne
Sous ton œil fervent

Toute la nourriture du monde
Est dans tes mains gonflées
D’un futur avec la seule
Promesse de tes
Propres pas

Tu chahutes le lointain
Avec le chiendent de la tendresse
Levée sans appel dans
Ton regard

Et même ta sauvagerie reste
La messagère de tes rêves
Que veulent obscurcir
Des oracles en
Grelots agitant
Ta fin sur le
Marché du labeur
Et sur les places où on
Veut t’habiller encore
Au dernier cri pour
T’acheter et vendre
Ton paraître

Or ce temps lui aussi meurt
Sous la lumière de
Ta royauté sans
Souverain

Quand viendras-tu chanter
Sous la courbe grise
D’un ciel sans plus
D’appel
Là sur les places sans soleil
De la grande misère et
Des sans-droits

Tous les Héraults de la nouveauté
Logés sous le miroir sans teint
Du pouvoir
Sont là
Ad tibi speculum
Attendant l’ultime concert
Qui joue le faux semblant
De ce que serait ta faim
Et ta soif de puissance

Mes tes chants leur sont
Complètement étrangers
Et toi – seule jeunesse –
Si tu voulais faire briller tes insolentes
Et insistantes aspirations solidaires
Au bonheur
Tu créerais cent mille jardins
Sans en épuiser plantes
Et fleurs de tout
Pays et …
Sous tes arbres
On verrait s’épanouir
Le renouveau pour toute grâce
Et justice à venir
Là où s’allument
Tant et tant de
Poèmes glorieux

Tout cela hors des bouches de la matrice
Qui hurlent pour la disparition
De tout « vacarme »
Étranger à leurs
Entraves
Oui ! Qu’elles ravalent leurs
Mots esclaves
Nous le savons :
Pas de phares dans leurs mers démontées
Aucune lueur à partager sur
Leurs bordées aventureuses

Il n’y a que cette infâme prière
A faire rentrer une partie
De la jeunesse dans
Leur prétendu
Saint des saints
Et de s’y conformer

O jeunesse ! Puisses-tu
Ne jamais être conforme
Ni à ces desseins ni
A leurs normes !
Le temps vif
Où tu prends
Le halo au lointain
Reste le temps de la beauté
Celle qui est irréductible
A toute finitude

Toute clarté quand elle
N’est pas délestée du poids de l’informe
Quand elle n’est pas ancrée
Dans tes ports lumineux
Là devant l’océan de
Toute tendresse
De tout amour
Pour l’Humanité qui se cherche –
Peut retomber sur
Les bouches
Insultantes
Des vampires assoiffés
De sang neuf

Oui ! Jeunesse au cœur palpitant
Si tu étais le pilote des
Temps à venir
D’autres voyages
Sur ce monde
S’inventeraient encore …

jeudi 28 novembre 2013

dimanche 24 novembre 2013

LA PEAU DU CIEL URBAIN



LA PEAU DU CIEL URBAIN



Le froid  -  ce fer blanc
Dans nos chairs endurcies
Colle à la peau du ciel

L’aurore pliera-t-elle avec lui ?
Elle vient poudroyer de chaux
Le noir voile des toits
Alors le froid
S’allège
Sur ces biseaux de la pierre …

C’est  miel aux pigeons
C’est tourte d’azur sur les dents friandes
Où se serrent les murs
De notre ville
Frissonnante

Revenus du silence
Où nous avait plongés la nuit
Nous remontons la rumeur fauve
A la barbe des nuages
Indécis 

Nous plumons ce qui reste
Des ailes d’anges de l’aube où planait
La courbe descendante
De nos songes

Indécidable est ce temps de la vacance
Et d’une interminable lenteur
Est l’allure du soleil
Pour sortir sur
L’avenue
Il cligne de ses yeux de velours or
Comme en des spasmes
Entre ses paupières

Mon chien d’encre court à sa volée
Quand il le capte entrain
D’incendier les deux
Seuls arbres
Dénudés

On le voit maintenant
Canonner ses éclats sur la vitre
Mais – lâchement –
Sur la place encore inconquise –
Les nuées frisent en
Filet d’ombres

Alors le roi fait son travail :
Il les plombe sur
La Marianne
Éveillée

Dure république du dimanche
Où valsent tous les cortèges de cour
Dans un ciel abandonné par
Le paradis

D’ailleurs … : Quelque misère
Aux lèvres des avenues
Chuchote comme
Des injures
Contre
Ce temps litigieux

Ici un chant informe
Insulte le silence qui buvait à la bolée
Le lait frais coulant de l’horizon

Tout a blanchi et les cordes du soleil
Sont déjà usées par
Les manèges
De cour

Il n’y a plus de roi
Mais qui l’attendait ?
Les nuées sont à vif
Elles ont conquis
Le pauvre Éden
Et c’est
La ville abandonnée
Au lointain encore étincelant

Pourtant le bruit court
Que le chaos réglé des fauves automobiles –
S’étant estompé de la république
Du dimanche –
L’horizon serait à prendre
Dans l’hiver proche …
Enfin … Peut-être
Est-ce mon
Chien d’encre
Qui me souffle
Cette rumeur
Tombée d’une égale grisaille

vendredi 22 novembre 2013

ENFANCE POUR LE POEME



ENFANCE POUR LE POÈME



Si l’enfance grève le sens
Qu’en serait-il de la langue
De l’émerveillement ? …
Il n’y a pas de retour
Mais de plongée
En nous
Pour
Soulever la pierre de nos cœurs
Et la rendre incandescente
Sur les bords de
Nos mots

Il y aurait toujours et d’abord
Le silence

Nous le convions
Dans notre ennui
Nous l’invitons
Dans notre vide
Pour laisser naître
Un inconnu avide
Là dans le ventre d’un poème
Envoyé par la muse

Déliant les entraves
Fixées à une vie en boîtes
Nous les ouvririons toutes
D’un seul cri modulé

Et la terre-fontaine
Glisserait sur nos peaux
Nous attraperions de nos mains
Ses gorges fraîches
Et l’eau
Coulerait neuve sur nos paupières

Et les pulsations du présent
Fourmilleraient d’objets vivants
Que nous enlèverions
A la pesanteur

Les métastases d’un ciel gris
Eclateraient dans
Nos éclairs
Et …
Les brusques arrêts du sens
Le feraient tomber au creux fervent
De nos métamorphoses
Ce devrait être
Notre propre langue
Lançant ses feux au prisme de nos sens

Toutes les facettes d’un réel
Prendraient leurs couleurs
Et nos palabres
Jacasseraient  hululeraient
Sans vertige sur le sommet
De l’arbre au savoir

Nous serions les nichées
Accrochées aux seins
De nos muses
Qui nous dicteraient
Comment ne pas épuiser
Mais remplir sans-cesse
Le bassin d’où s’en va
L’eau des fontaines

Nous serions à l’appel constant
De la découverte
Sous la belle
Emprise
Des vents faisant tournoyer
Leur rose prés de l’arbre

Nous escaladerions les plus abrupts
Des dièdres avec ses
Moindres prises
Sous nos mains
Sous nos pieds

Nous verrions alors ces conquêtes
De la présence
Nous rendre la part la plus intime
De nos rêves
En envoyant nos souffles
Dans les nuées orageuses où
Les combats  ordinaires
Se réfugient à l’ombre
Du chez soi

Et que compterions-nous
Si ce ne sont nos propres conquêtes
D’un infini réellement
Protecteur d’un
Soleil entré
Au travers secret
De nos amours

Le silence que cela fait
Du côté obscur et faible
Où se maintiennent
Les cages à puissances
Plus de brouhahas pour cacher
Notre humanité

Plus d’empires d’exception
Entrés subrepticement
Dans l’enfance
De nos vies
Les électrons libres seraient
Notre propre exception
Et nous les partagerions
Sur le poids mort
Des feuilles d’automne
Que nous dessinerions
Nous calquerions
Sur les carnets
Où s’écrivent
Tous les mots de la liberté

Un poème jeté là
Sur les murs blêmes
Qui séparent –
Ne peut-il être celui
De l’innocence gagnée
Contre toutes guerres
Et injustices faites
A nos enfances ?

Un poème jeté
Aux spasmes douloureux
De la vieillesse

Un poème qui compterait
Tant de milliards
Qu’il épuiserait
Le temps minuté
De nos existences rangées
Dans les tiroirs d’uns culture
Ossifiée et perdue pour
Toute renaissance

Que notre mort elle-même
Soit ouverte aux attentions apocryphes
Des messagers de la Justice
Qu’elle soit traversée
Par les apparitions surprises
Des muses qui ont
Tant convoyé
Les trésors de toutes vies
Levées à leur appel

Apparaître … Disparaître demeureront
Le lot génératif de tous
Les grands chants
Mêlant passé
Et avenir
Sur la toile toujours essayée
De tout artiste
A l’œuvre
A jamais vivante

Les belles naissances qui
Crient à la vie …
Nous les prendrons comme
Le silence interrompu
Mais préexistant
A la douleur de
L’enfantement
Présent à
La première levée d’un poème
Là présent pour toute naissance
A venir d’un art sans concession
A  la puissance obscure et dominatrice