vendredi 22 novembre 2013

ENFANCE POUR LE POEME



ENFANCE POUR LE POÈME



Si l’enfance grève le sens
Qu’en serait-il de la langue
De l’émerveillement ? …
Il n’y a pas de retour
Mais de plongée
En nous
Pour
Soulever la pierre de nos cœurs
Et la rendre incandescente
Sur les bords de
Nos mots

Il y aurait toujours et d’abord
Le silence

Nous le convions
Dans notre ennui
Nous l’invitons
Dans notre vide
Pour laisser naître
Un inconnu avide
Là dans le ventre d’un poème
Envoyé par la muse

Déliant les entraves
Fixées à une vie en boîtes
Nous les ouvririons toutes
D’un seul cri modulé

Et la terre-fontaine
Glisserait sur nos peaux
Nous attraperions de nos mains
Ses gorges fraîches
Et l’eau
Coulerait neuve sur nos paupières

Et les pulsations du présent
Fourmilleraient d’objets vivants
Que nous enlèverions
A la pesanteur

Les métastases d’un ciel gris
Eclateraient dans
Nos éclairs
Et …
Les brusques arrêts du sens
Le feraient tomber au creux fervent
De nos métamorphoses
Ce devrait être
Notre propre langue
Lançant ses feux au prisme de nos sens

Toutes les facettes d’un réel
Prendraient leurs couleurs
Et nos palabres
Jacasseraient  hululeraient
Sans vertige sur le sommet
De l’arbre au savoir

Nous serions les nichées
Accrochées aux seins
De nos muses
Qui nous dicteraient
Comment ne pas épuiser
Mais remplir sans-cesse
Le bassin d’où s’en va
L’eau des fontaines

Nous serions à l’appel constant
De la découverte
Sous la belle
Emprise
Des vents faisant tournoyer
Leur rose prés de l’arbre

Nous escaladerions les plus abrupts
Des dièdres avec ses
Moindres prises
Sous nos mains
Sous nos pieds

Nous verrions alors ces conquêtes
De la présence
Nous rendre la part la plus intime
De nos rêves
En envoyant nos souffles
Dans les nuées orageuses où
Les combats  ordinaires
Se réfugient à l’ombre
Du chez soi

Et que compterions-nous
Si ce ne sont nos propres conquêtes
D’un infini réellement
Protecteur d’un
Soleil entré
Au travers secret
De nos amours

Le silence que cela fait
Du côté obscur et faible
Où se maintiennent
Les cages à puissances
Plus de brouhahas pour cacher
Notre humanité

Plus d’empires d’exception
Entrés subrepticement
Dans l’enfance
De nos vies
Les électrons libres seraient
Notre propre exception
Et nous les partagerions
Sur le poids mort
Des feuilles d’automne
Que nous dessinerions
Nous calquerions
Sur les carnets
Où s’écrivent
Tous les mots de la liberté

Un poème jeté là
Sur les murs blêmes
Qui séparent –
Ne peut-il être celui
De l’innocence gagnée
Contre toutes guerres
Et injustices faites
A nos enfances ?

Un poème jeté
Aux spasmes douloureux
De la vieillesse

Un poème qui compterait
Tant de milliards
Qu’il épuiserait
Le temps minuté
De nos existences rangées
Dans les tiroirs d’uns culture
Ossifiée et perdue pour
Toute renaissance

Que notre mort elle-même
Soit ouverte aux attentions apocryphes
Des messagers de la Justice
Qu’elle soit traversée
Par les apparitions surprises
Des muses qui ont
Tant convoyé
Les trésors de toutes vies
Levées à leur appel

Apparaître … Disparaître demeureront
Le lot génératif de tous
Les grands chants
Mêlant passé
Et avenir
Sur la toile toujours essayée
De tout artiste
A l’œuvre
A jamais vivante

Les belles naissances qui
Crient à la vie …
Nous les prendrons comme
Le silence interrompu
Mais préexistant
A la douleur de
L’enfantement
Présent à
La première levée d’un poème
Là présent pour toute naissance
A venir d’un art sans concession
A  la puissance obscure et dominatrice

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