lundi 24 février 2014

Ute Lemper: 6 Celan Songs, No. 4 "Corona"

Richter in Moscow (1976) Beethoven, Schumann, Debussy, Rachmaninov

DANS CETTE JOIE QUI SE CONFIE



DANS CETTE JOIE QUI SE CONFIE



Ce jour pointe d’impérieuse nécessité
Je dois le dire ce secret de mon attente
Si chaque rencontre vibre d’être impatiente
Je ne fais pas l’aumône pour ta liberté

Et c’est une sagesse engoncée dans l’instant
Douce folie pour réunir nos différences
Toutes mes nuits enchevêtrées dans une errance
Le bruit de la tendresse escaladant le temps

Mais jusqu’à nos silences relançant le partage
Demeure l’incidence de toutes tes fleurs
Qui rehaussent ma si pauvre respiration

Si de ton sourire s’éclairait ton visage
J’affréterais navire descellant tes peurs
M’enfonçant en ton pays pour notre passion

Mais comment pourrais-tu mon désir accueillir ?
Et comment pourrais-tu vraiment t’en séparer ?
C’est pourquoi ton exil mieux vaut le préparer
Avant que distance nous fasse défaillir

Ainsi les incantations à la Providence
Ne laissent que tensions rentrer dans nos domaines
Visons donc pour nos amours la pure présence
Afin que nos différences ne nous malmènent

Longtemps ! Longtemps j’ai tant rêvé d’un tel amour
Où surmonter le temps les heures et barrières
N’empêche pas que nos espoirs s’intensifient

Pour chaque échange chaque chant ouvrant le jour
Et balayant les latitudes de la terre
Nous demeurons dans cette joie qui se confie

mercredi 19 février 2014



L’OISEAU QUI VEUT VOLER SOUS MON PARAPLUIE



J’ouvre mon parapluie
Et un oiseau chante
Veut-il conjurer
La pluie ?

Mais l’orage n’entend rien
Et il fulmine sur
Mes pas
J’attends et je marche …
L’oiseau se sépare
De son arbre
Et vient
Voleter
Près de moi

C’est une hirondelle
Qui danse autour du parapluie
Je tends de mes mains
Le pain rompu
Vers elle …

Elle chante encore
Et capte des bouchées
Mais ce n’est pas
Mon don qui
L’intéresse ..

Doucement elle se pose
Sur ma main puis …
Légèrement
Passe sur mon épaule
Et nous marchons
Ensemble !

Qu’as-tu fait de ton exil
O Hirondelle ?
L’hiver te complait donc
Sur notre ville ?
Mais elle passe au silence
Et passe sur ma tête ..
Comme pour
Pénétrer mes pensées …

Nous nous dirigeons
Vers la Marianne
Sur la place de
La nation
Elle va et vole sous sa main
Qui appelle le monde
Elle va  et revient
Sur mon parapluie
Modulant  au plus haut
Et avec toutes ses couleurs


Elle me regarde …
Et l’orage gronde encore
Des éclairs nous prennent
Dans leurs lumières
Intenses

La bise du vent fait
Remue-ménage
Dans les
Nuées
Obscures au petit matin
Mais visibles par
Leur voile
Mauve

Et l’hirondelle annonce-t-elle
Un printemps ?
Le temps se découvre
Et laisse apparaître
L’étoile dernière …

La douceur de son cri
Maintenant me porte
A la joie
Innommable : cette hirondelle
Qui m’accompagne –
File vers un toit
Et je devine
Un nid
Où elle a installé
 Sa nichée  -
Derrière cette protection
Puis la pluie cesse

Avant de glisser dans le métro
Je perçois un chant
Plus aigu
Passant toutes les rumeurs
Qui traversent la ville

M’attend-elle pour
La fin du jour ?
Je vais voir
Un ami
Mais je ne saurai lui
Expliquer ce que
J’ai vu et
Entendu

Dans la ville – sommes-nous
Tous en exil – le temps
D’y bâtir des nids ?
Le soir venu
L’hirondelle vient
M’offrir ses
Modulations


Dans la ville je reconstruirai
Une autre demeure
Pour accueillir
L’hirondelle
Libre
Avec sa nichée 
Et sur ma fenêtre
Elle viendra
Voir le soleil inonder
Mon désir
Et nous partagerons …
J’ai suivi sa magie et
Les tournoiements
De son vol jusque
Sur les arbres
Bourgeonnants

Cette magie : c’est toi mon bonheur !

mardi 18 février 2014

DANS L'ESTAFILADE DE L'INSTANT



DANS L’ESTAFILADE DE L’INSTANT


Tourbillons de bruits
Dans l’estafilade de l’instant …
Silence ainsi rongé – tranché
Et la voix trébuchante
Qui me traverse …
La filtrer – filtrer
Comme  une parole avec
Le sable clignotant de
La lumière

Impérialité des signes
C’est le chaos  urbain dont
On demeure l’officiant malgré soi
Il n’y a pas rien
Mais … :
Surabondance de l’utile
Pour l’achat des regards et des écoutes

Déperdition des sens où creusent
Les à-coups des rumeurs
Et là – dans le tamis
De la grisaille –
Prend
Encore place
L’hégémonie du présent …
L’ouvrir à  la présence
En sortant du
Trafic des
Mots

Du verbe casser le miroir
Qui ne fait chair
Qu’à cacher
Les sens
Et à la déchirer
Comme du papier
D’images-enseignes
Dans les murs

Une parole au fil d’un amour
Reliant le proche et le lointain
C’est un charme  de source
Rentrée dans l’âme
Pour refaire
Chair

Et je bâtis mon histoire
Sur le souffle de
L’instant –
Armé que je suis
Par le terreau de
Tant de désirs
Je conquiers
Le soir froid qui pénètre
Lentement le corps –
Frisant – repliant
Jusqu’aux
Recoins
De la parole

Un ailleurs : un autre royaume
Inconquérable où s’assoit
En toute quiétude
Le ciel d’un
Poème
Tremblant – hésitant
Mais dressé malgré
L’inondation et
L’impérialité
Des signes
 Et dans la brillance nouvelle
Les feux des fauves-automobiles
Peuvent bien enfler
Les rumeurs –
J’aurai pu
Gagner
Les voix de la jeunesse
Dans le déroulé de
Ma propre
Parole

vendredi 14 février 2014

LA BELLE ARDEUR



LA BELLE ARDEUR


O Mon amour batifolant vers le lointain !
Oui ! Il espère chaque matin l’avoir atteint
Et chaque fois – du jour – il prolonge la joie
Jusque dans  la nuit tardive – lui donnant voix

Elle – ses larmes – ses soupirs et son sourire
Flattent mon âme – lui accordant son désir
Pour le plus charmant de ses secrets paysages
Me transformant ainsi en magicien bien sage

Alors – dans la belle fontaine de ses rêves
Je cherche à deviner toute la belle ardeur
Jaillissant du chuchotement pur de ses lèvres

Si – ne pouvant la surprendre en ses notes brèves
Je gardais cependant la nécessaire hauteur –
De toutes ses fleurs – mon humeur ne serait mièvre

N’attendant plus que tous ses bouquets se dénouent
Je les partagerais en lui soufflant le Nous
Nous aurions déjà franchi tant de distance
Que toi et moi inaugurerions la patience

Et je ne briserai pas la paix de ton aurore
Si simplement c’était toujours encore  en-corps
Que tu retenais le doux bruit d’une chanson
Car c’est ainsi – sans-cesse – que nous renaissons

Je voudrais tellement que toi aussi tu chantes
Pour qu’à vif d’âme j’entende ici tout ton souffle
Me livrant un poème dans ta belle langue

Tu me l’offrirais pour que moi aussi je tangue !
Ah ! Que je m’éveille à tes lettres et maroufle
Sur ma page les très fins signes qui m’enchantent !