jeudi 28 août 2014

LE MONDE EST AU PIED DE VOS RÊVES



LE MONDE EST AU PIED DE VOS RÊVES



Vous attendez tant du monde
Et il vous détruit

L’enfant qui est en vous
A oublié ses rêves

Prenez des roses
Et brandissez-les devant
Ceux qui vous tyrannisent

Que votre soif d’amour
Ne soit jamais rassasiée
Pour ouvrir les vannes de la justice
Qui ne débordera jamais
Les canaux de
Votre désir

Et vous rentrerez peut-être
Dans les rêves de toutes les fleurs
Qui s’épanouissent …

Si – malgré toutes vos incertitudes –
Vous voudriez gravir et gravir encore
Le sommet qui vous regarde
Offrez-vous une corde
Qui vous relie
A vos amis
Et votre résistance – votre souffle
Seront décuplés …

Poème-bouteille jetée à la mer :
L’alcool de votre vie
Gardera son goût
Âpre et généreux …
Tous les chemins du monde
Se rencontreront
En la découvrant

Poème du don
Sans attente de retour :
Ce trésor que couve l’amitié
Reviendra de nouveau dans vos bras
Qui l’étreindront

Poème des mille fleurs :
Celles qu’on accueille du bout du monde
Pour aller poursuivre
Ses écoles …

Et tous les chants
Qui montent aux lèvres
Quand les grandes solitudes
Trouvent leurs voix :
Écoutées et
Partagées …

Jusqu’au sel de l’amertume
Qui viendra vous porter
Sur les larges rives
D’une embouchure …
Et vous trouverez un fleuve …
Il ne vous emportera pas

Tellement de boue si peu
Transformée en alluvions et
Qui noie les traces
Des humains sur
Leurs routes
Inondées

Tellement d’endurance
Usée par la souffrance
Que les veines et les artères
Bouchent les corps qui veulent
Des pas de plus
Tellement que vous vous abandonnez
A la douleur

Mais toujours l’ultime poème
Serrant les traces de l’humain
Demeure un hasard transformé
En fortune – en découverte
Du lointain devenu
Proche –
Là – tout près –
D’un chemin de certitude
A prendre

Là – malgré le doute
Qui traverse toute pensée –
Vous élèveriez un monde suspendu
Au-dessus du brouillard
De nos vies

Vous existeriez pour chacun de vos sens
Pour votre plus haut sentiment
De toucher le réel de
Vos amours :
Celui de l’Humanité réelle

Schubert - 12 Lieder - Schwarzkopf / Fischer

vendredi 15 août 2014

DANS L'ECRIN DES NUAGES

DANS L’ÉCRIN DES NUAGES



Dans les entrailles du passé
J’ouvrais l’écrin des nuages
Et me laissais étreindre
Par les montagnes
Me découvrant
Leur univers
Brillant
De trésors insoupçonnés

Mille cristaux dans la neige et la glace
Mille et mille dans les jardins suspendus
Entre rocs et dièdres de pierre …
Clochettes bleues
Étoiles blanches
Accrochées
Aux pentes
Au-dessus des forêts profondes

Et cette joie que je vous dévoue –
Aujourd’hui ! O Montagnes amies –
Elle est dans ma voix
Elle traverse
Le souffle
Qui me reste

Je déplie la grande carte du tendre
Elle brille de tant de chemins
Que je ne puis plus
Me perdre dans
Ma solitude

Reconnaissant l’amitié
Qui se partage
A l’infini
Je gravis maintenant avec sa corde
Les précipices où tombe
La douleur humaine

Pluie – Soleil – Pluie … :
Tout un temps harnaché
Au va et vient
De la lumière
Toutes les hauteurs intimes
Attachées malgré tout
A celles que j’avais
Découvertes
Dans
L’écrin des nuages

Et là – me sommant d’entendre
Tous les orages successifs
Qui ruinent des
Espoirs –
Un derviche tourne
Sur les flans d’un poème
Comme sur la terre détrempée
Où l’herbe sauvage et la boue
Lui arrachent finalement
Un cri qu’il module
En grande compassion pour
Tant d’êtres perdus dans le brouillard et la brume
Afin qu’ils gardent la puissance
D’orientation lancée par
Leurs amitiés …

Peut-être ces pas de danse
Modèleront-ils un arc-en-ciel
Là à l’issue des grands cols
Entre vals et monts
Quand les fleurs
Pourront à nouveau nous parler d’azur

O Mes amis ! Il demeure en chacun de vous
Ce derviche qui absout la nature
De ne pas se laisser
Complètement
Capter dans
Les chemins de l’humain

Que le passé remonte à ma mémoire
Où j’entends le pire comme
Le meilleur !
Je brandis la corde pour
Toutes les ascensions du nouveau
Blotti – en ce moment –
Au cœur d’un été
Qui pleure des rendez-vous manqués
Avec l’espoir et la joie …

Cette corde demeure près des solitudes dispersées
Elle attend le seul trésor qui
Puisse s’attendre :
Celui de la paix
Partagée
Rejoignant les mille cristaux enfouis
Sous l’écrin des nuées
Tout près du ciel
Qui ne pleure
Que pour lancer l’appel vers
Le lointain encore
Indistinct

O Mémoire ! Tu charries neiges et pierres dans ta source …
Qui dit que nous ne la verrons pas
Couler avec l’inconnu
D’un moment
Redressant
L’avenir comme à fleur de peau
Sur le grand corps
De l’amour ?

Barbara Hannigan: The complete "Correspondances" (Dutilleux)

samedi 9 août 2014

FRATERNITE



FRATERNITÉ !




Frères !
Dans l’instant durable
Pour tous les vents qui secouent
Vos navigations

Et pour les pleurs
Et pour l’espoir …

Frères qu’agitent
Les hymnes de haine
Et les orages de l’injustice

O Frères qu’ensanglantent
Les guerres qui vous sont faites …

Vous savez entendre
Les chuchotements de l’amour
Et pour la tendresse
Et pour les baisers

Les fruits de la nouveauté
Béants sur vos peaux tremblantes –
Vous y mordez pour
La paix

Et si vos musiques s’accordent
Accostant au silence
De vos songes
Meurtris
Vous pouvez les entendre
Comme la grande mer
Des égaux

Frères ! Vos paroles se dressent encore
Fières d’attraper le LA
Du grand départ

Frères ! Au clair de terre
C’est l’univers qui verrait – écouterait –
Le crissement des liens
Que vous dénouez  de
La misère

Et si l’encre indélébile de votre souffrance
Était révélée sur le grand livre
De l’Humanité
La claire patience où s’écrivent vos pages
Rayonnerait encore plus
Et pour un seul halo
De lumière
Sur les terres de prison –
De massacres –
De domination et d’exils

Frères ! Votre liberté
Est la nôtre !
Qu’on la bombarde  - Qu’on la dénie
Qu’on la spolie – Qu’on la déforme …
Aucune puissance ne saurait
Empêcher qu’elle se partage
Et nous instruise !

vendredi 8 août 2014

ROSE DE LUMIERE



ROSE DE LUMIÈRE




Au chamoisement de roses
Sur la béance de mon regard
Un silence oisif ressort …
Plus claires sont
Les modulations encore rauques
De mon souffle qui
Se cherche

Et je vois cette voix piquée de rouge
Qui maroufle l’à-pic des neiges :
Gouttes de sang dans
Les nuages

Au-delà : les larmes d’amour
Recueillies dans les yeux
D’enfants
Appellent à sortir
Du creux serré
De notre âme

O Durable est ce chant
Qui s’engouffre vers l’horizon
Discernable est sa couleur
Aux sentiments sertis
D’ardeur
Il brûle et incendie
Terreur et laideur
En accompagnant
La terre de ceux
Qui souffrent

Ce que l’on ose avec les roses
Pour raffermir l’espoir
Quand la lumière
S’enfuit
On ne les effeuille pas

Et si jamais devait se ternir notre accueil
Nous ne pouvons oublier
Ce qui résonne
Aussi loin
Que l’innocence de l’enfant
D’où s’épanouit le questionnement
De sa ferveur

On  n’écrase pas les fleurs
Même quand rugit
Notre désamour
Sinon nous abandonnerions
Au lourd destin
Tout matin ou
Tout soir
Quand rougissent les neiges
Avec leur secrète
Histoire