dimanche 29 novembre 2015

Jean-Luc Nancy. Touching Art. 2010.

Alain Badiou & Judith Balso. Contemporary art: considered philosophicall...

Poésie et Philosophie ( avec des réserves sur les affirmations contenues dans cette dissertation !)

La poésie est-elle l’autre de la philosophie ?

  • Nature du devoir : dissertation de partiel en 4h
  • Cours : L1, Esthétique
  • Note : 12/20
La poésie peut se définir comme un genre littéraire qui produit un discours à visée esthétique dominé par le muthos. La philosophie, quant à elle, peut se définir comme l’amour du savoir et de la sagesse et produit un discours rationnel dominé par le logos.
Nous pouvons relever que par la différence de nature de leurs discours respectifs, elles semblent incommensurables. Pour autant, nous pouvons remarquer qu’elles produisent toutes deux un discours, nous devons ici nous demander si ces deux discours ont un même objet. Si oui, la philosophie et la poésie seraient-elles similaires ? Si non, par quoi se différencieraient-elles ?
La question à laquelle nous tendrons de répondre est la suivante : la poésie est-elle l’autre de la philosophie ? Nous devrons pour ce faire nous interroger sur les rapports qu’entretiennent philosophie et poésie. La notion d’altérité sous-tendue par la question souligne leur différence et leur distinction. Celles-ci sont-elles la marque d’une opposition conduisant à l’exclusion mutuelle ? Mais cette opposition ne fait-elle pas remarquer par ailleurs qu’elles ont nécessairement un rapport commun ? Ce rapport commun est-il le signe de leur similarité ou bien signifie-t-il qu’elles se complètent sur un objet commun ?
Nous verrons dans un premier temps que la poésie est l’autre de la philosophie dans la mesure elle y est profondément opposée et condamnée par cette dernière. Puis nous verrons que la poésie rejette cet assujettissement et vient à englober la philosophie. Enfin, nous verrons qu’elles reviennent à demeurer dans un rapport d’altérité mais que celui-ci permet de se compléter.
***
Nous entrons dans notre premier moment de la réflexion où nous allons voir que la poésie est l’objet d’une sévère condamnation par la philosophie.
Il y a un désaccord entre philosophie et poésie. Platon parle d’un «différend» entre la philosophie et la création poétique dans La République (Livre X, 607b). Il nous faut nous demander sur quoi repose cette mésentente. Dans le même ouvrage (Livre III, 391e), Platon dénonce la poésie en ce qu’elle n’a pas le souci du vrai. En effet, la philosophie s’attache à «ce qui est», c’est-à-dire qu’elle vise la vérité, mais en revanche la poésie s’attache à «ce qui apparaît», c’est-à-dire qu’elle ne vise que la vraisemblance. Dans son Petit manuel d’inesthétique, Alain Badiou analyse le «différend» platonicien entre philosophie et poésie par leur rapport à la dianoia. Le philosophe est celui qui fait usage de la dianoia, la «pensée à travers». Le philosophe fait usage de sa raison à travers des raisonnements, il démontre. Son paradigme, c’est le mathème. Tandis que le poète ne démontre point, il montre, il affirme sans justification. Ce que le mathème est au philosophe, le poème l’est au sophiste, or le sophiste est le plus grand ennemi du philosophe.
La poésie s’inscrit comme une tromperie. D’une part, le poète n’exerce pas une simple narration (diegesis), il exerce une imitation (mimesis). Cela signifie qu’il tend à se confondre et à se faire passer pour le personnage dont il fait le récit (Platon, La République, Livre III, 393a), il trompe ainsi ses spectateurs. D’autre part, puisque le travail du poète consiste dans une mimesis, une imitation, Platon le définit comme «un créateur de fantômes» (Livre X, 600e). Platon montre qu’il y a trois niveaux du lit : il y a tout d’abord la Forme du lit créée par le Phyture, puis le lit fabriqué par l’artisan (l’objet matériel) et en dernier lieu le lit représenté par l’artiste (l’idole). Le poète est donc un imitateur d’imitation. Il se situe au degré de vérité opposé de celui du philosophe qui étudie les Formes intelligibles.
En outre, si le philosophe exclut le poète, c’est parce qu’il n’a pas l’usage de toute sa raison. La poésie a pour origine une puissance divine. Le poète transmet ses effets nocifs (absence de raison) au spectateur (Platon, Ion, 535d). La poésie produit un charme, elle est l’effet d’une séduction entraînée par la pierre magnétique d’Héraclée à laquelle s’enchaînent le poète (premier anneau), le rhapsode (deuxième anneau), le spectateur (troisième anneau) (Platon, Ion, 535e-536a).
C’est pour toutes les raisons que nous venons d’exposer que Platon en vient à une condamnation des poètes dans la Cité idéale. La philosophie est souveraine par rapport à la poésie. Le travail des poètes est asservi sous l’autorité des fondateurs de la Cité (Platon, La République, Livre II, 379a), qui ne sont autres que les philosophes.
Nous avons vu dans ce premier temps de la réflexion que la poésie se situait complètement à l’opposé de la philosophie à tel point qu’elles s’excluaient.
*
Cependant, si la philosophie exprimait son désaccord total à la poésie, cela montre qu’en même temps qu’elle n’y est pas indifférente. Nous avons exposé pour l’instant le regard de la philosophie sur la poésie, il faut maintenant ne pas laisser de manière arbitraire la seule philosophie comme devant donner sa conception de la poésie. Que nous dit la poésie d’elle-même ? Quel regard porte-t-elle sur la philosophie ?
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Nous entrons maintenant dans notre deuxième moment de la réflexion où nous allons voir que pour la poésie, il n’y a plus un rapport d’altérité entre elle et la philosophie. La poésie englobe la philosophie.
Au début du XIXè siècle en Allemagne, des écrivains, poètes, philosophes et artistes se regroupent pour former «le Cercle d’Iéna», caractéristique du romantisme allemand. Celui-ci marque l’émancipation de la poésie par rapport à l’autorité que portait sur elle autrefois la philosophie.
La poésie n’est plus simplement imitation, elle se met à penser, elle devient spéculative. Cela signifie qu’elle porte un regard sur son essence, elle n’a plus besoin de la philosophie pour lui dire ce qu’elle est puisqu’elle a elle-même capté ce rôle qu’est de penser. Dans Le monde doit être romantisé (fragment 31), Novalis écrit : «La poésie est la clef de la philosophie, elle est son but et sa signification». Pour les romantiques allemands, la poésie est une condition nécessaire à la véritable philosophie. D’ailleurs quand Novalis écrit que «Le monde doit être romantisé», cela se traduit dans le cas de la philosophie par son esthétisation grâce à la poésie.
Dans la revue du «Cercle d’Iéna» nommée L’Athénaeum, il est écrit que «la poésie romantique est une poésie universelle et progressive». Cela veut dire que la poésie doit être l’instigatrice d’une unification des genres, elle n’a plus d’objet particulier, elle se donne à penser le monde dans sa totalité, et cette quête requiert un développement à l’infini.
Nous avons vu dans ce deuxième temps de la réflexion que la poésie, en étant devenue spéculative, avait pour volonté d’embraser tous les champs du possible dont la philosophie. Ici, philosophie et poésie ne s’excluent pas mais au contraire s’incluent l’une l’autre. Elles sont inséparables. C’est pourquoi nous ne dirons en aucun cas que la poésie est l’autre de la philosophie car nous affirmons que la poésie est philosophie.
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Cependant, nous pouvons nous demander si avec une telle ambition démesurée, la poésie ne parvienne jamais à ce qu’elle voudrait être et risque ainsi son auto-destruction.
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Nous entrons maintenant dans notre troisième moment de la réflexion où nous allons voir que la poésie est l’autre de la philosophie non pas dans le sens où elles s’excluent mais au sens où elles ont deux champs d’intervention distincts et qu’elles se complètent l’une l’autre.
La poésie est une altérité provisoire. Selon l’Esthétique de Hegel, elle n’est qu’un moment du développement de l’Esprit. L’Esprit se déploie en trois moments : tout d’abord l’esprit subjectif (l’esprit prend conscience de soi), l’esprit objectif (l’esprit se manifeste extérieurement) et enfin l’esprit absolu. Le moment de l’esprit absolu est lui-même divisé en trois moments : l’art, la religion, la philosophie. L’art est également sous-divisé en trois périodes : l’art symbolique, l’art classique, l’art romantique. Dans l’art romantique, on trouve premièrement les arts plastiques, deuxièmement la musique et troisièmement la poésie. La poésie est donc le tout dernier moment de l’art, son point de culmination, mais l’art a vocation à être dépassé par la religion puis par la philosophie.
La poésie fait donc accéder à une réalisation de l’esprit moindre que celle de la philosophie. Nous allons voir que poésie et philosophie n’usent pas des mêmes moyens et ont une différence de fins. Dans la Poétique, Aristote donne deux causes naturelles à la création poétique (1448b) : il y a d’une part un plaisir de mimesis propre (mimesis n’est pas ici à prendre au sens péjoratif d’imitation mais au sens de représentation, de mise en intrigue) et d’autre part la représentation nous apporte un savoir et il y a un plaisir d’apprendre. La poésie représente des scènes de la vie auxquelles le spectateur va s’identifier. En voyant de la violence, le spectateur va ressentir de profondes émotions, de sorte que la poésie a une fonction thérapeutique de catharsis. En d’autres termes, elle permet la purgation des passions, nous pouvons alors suggérer que la poésie, en expulsant les passions, est un travail préparatoire à la philosophie, celle-ci ne nécessitant de nous d’être délié de nos passions.
Si l’homme est soumis à des passions, c’est qu’il est doté en plus de sa raison d’une part d’affectivité. À partir de cette remarque, Edgar Morin, dans Amour, Poésie, Sagesse, redéfinit l’homme comme un homo sapiens-demens. Nous pouvons alors percevoir deux sortes d’états chez lui : l’état prosaïque et l’état poétique. Le langage prosaïque est celui correspondant à sa part d’homo sapiens : il est rationnel, technique, froid. Le langage poétique correspond lui à sa part d’homo demens : il est esthétique, mystique, magique. L’homme est donc un être mixte et la vie humaine est celle qui est mêlée à la fois du langage prosaïque et du langage poétique, c’est-à-dire à la fois de philosophie et de poésie.
Nous avons terminé notre troisième et dernier moment de notre réflexion où nous avons vu que par leurs différences, poésie et philosophie ne se recoupaient pas mais ne s’excluaient pas non plus, elles ont toutes deux leurs utilités respectives.
***
En conclusion, à la question «la poésie est-elle l’autre de la philosophie ?», nous donnons une réponse positive. Cela veut dire que nous attribuons des qualités différentes à l’une et à l’autre. Nous ne nous permettrons pas de les hiérarchiser. Nous pensons qu’elles sont nécessaires l’une à l’autre : s’il n’y avait que du langage poétique, on ne se rendrait plus compte de la beauté, c’est donc grâce à l’existence d’un langage technique que l’on peut distinguer un autre langage qui est esthétique.
La poésie est l’autre de la philosophie en ce sens qu’elle nous montre une autre manière d’apprécier le monde que la compréhension que nous en donne la philosophie. Comme écrivait Arthur Rimbaud dans sa Lettre du voyant : «la poésie n’est pas un état de vision, c’est un état de voyance»

Discours du Chef Seattle, 1854

Barbara - À mourir pour mourir (Bobino 1965).

Zlata Razdolina - "Falling ill..." Poetry by Anna Akhmatova with subtitl...

Svetlana Loukine chante le Requiem d'Anna Akhmatova : Le Testament

Svetlana Loukine chante le Requiem d'Anna Akhmatova : Le Testament

Véritable playdoyer pour l'éga-liberté : cette émission sérieuse de France-Inter , non ! Pas au service des puissances impériales !


Sona Jobarteh - Jarabi

A propos de l'opéra "Kein Licht" de Philippe Manoury avec Nicolas Stemann , oeuvre élaborée à partir de l'après-catastrophe de Fukushima


samedi 28 novembre 2015

Témoignage tiré d'un interview d'un soldat israèlien par une organisation israelienne sur GAZA

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« J’ai visé des cibles civiles, parfois juste pour le plaisir »

Le Monde.fr | • Mis à jour le | Propos recueillis par
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Une vue du quartier détruit de Chajaya, à Gaza, le dimanche 12 octobre.

Témoignage. Appelons-le Arié. Disons qu’il a la vingtaine et une tête bien faite. Arié fait partie de la soixantaine de soldats israéliens qui ont accepté de témoigner auprès de l’organisation non gouvernementale Breaking the Silence au sujet de l’opération « Bordure protectrice », conduite à l’été 2014 dans la bande de Gaza. Arié s’est longuement confié au Monde sur son expérience comme tireur à bord d’un char de combat. Il abordait la dernière ligne droite de son service militaire lorsqu’il a été envoyé à Gaza. Son témoignage, édifiant, est confirmé sur de nombreux points par ceux qui figurent dans le recueil de l’ONG, publié lundi 4 mai.

« Je suis tireur dans un char. J’ai suivi une formation classique de quatre mois, puis quatre autres de formation spécialisée. C’est beaucoup de balistique, de calculs de distance, d’exercices pratiques. C’est vous qui contrôlez les armes, il faut rester calme et précis. On a un bouton qui permet d’allumer l’électricité dans le canon. Quand on le pousse, cela veut dire qu’on se rapproche du tir. La règle élémentaire est : on ne joue pas avec, on n’essaie même pas de vérifier s’il fonctionne, on ne le pousse que si on va tirer. Et pour cela, il faut l’ordre du commandant. Ça devient instinctif. J’ai aussi appris que tout devait être rapporté. J’ai appris à scanner un paysage, de gauche à droite, de droite à gauche, et à faire un rapport. La décision de tirer est ensuite prise au-dessus de vous.
Lorsque j’ai été appelé début juillet [2014], on a été réuni dans le Golan [au nord d’Israël]. On a attendu que les camions arrivent, puis on est parti vers le sud, à proximité de la bande de Gaza. On a commencé à préparer les chars. Personne ne vous parle à ce moment-là de la mission. Tout est flou, on discute entre soldats, on parle de nos peurs, on partage nos pensées. On passe le temps. Un jour, le chef du bataillon nous a réunis, pour nous briefer. « Demain soir, on entrera dans la bande de Gaza, nous a-t-il dit. Il faut penser à nos familles, à nos foyers. Ce qu’on fait, c’est pour leur sécurité. » Il nous a parlé des règles d’engagement. « Il y a un cercle imaginaire de 200 mètres autour de nos forces. Si on voit quelque chose à l’intérieur, on a le droit de tirer. »

« J’étais le seul à trouver ça bizarre »

J’étais le seul à trouver ça bizarre. Il m’a répondu : « Si une personne voit un char et ne s’enfuit pas, elle n’est pas innocente et peut être tuée. » A ses yeux, il n’y avait pas de civils. Si quelqu’un peut nous causer du tort, il est coupable. La marge de manœuvre était très large, ça dépendait de moi et de mon commandant. On n’enquêtait pas sur la cible, comme on me l’avait enseigné pendant la formation. C’était du genre : je vois quelque chose de louche à la fenêtre, ou bien cette maison est trop proche de nous, j’ai envie de tirer. « OK ! », disait le commandant. C’était la chaîne de décision, dans notre unité.
On avait les mitrailleuses calibre 50 et les 7-62, pour les zones ouvertes ou les buissons à proximité. Mais l’arme la plus efficace, c’était l’obus. Lorsqu’il y avait un mouvement clair, qu’une fenêtre s’ouvrait, obus. Lorsqu’une voiture bougeait et que je devais la viser, obus. On a visé des choses, pas des personnes. On n’a jamais vu d’êtres humains de près, sauf pendant les brefs cessez-le-feu de quelques heures. Les gens croyaient alors qu’ils pouvaient rentrer chez eux en toute sécurité. Il y avait des personnes âgées, des femmes, des enfants… On ne savait pas quoi faire. Ils nous voyaient, ils continuaient à avancer. On avait peur d’attentats kamikazes. Il m’est arrivé de prendre la mitrailleuse pour viser à côté d’eux, pour leur faire peur, car on avait peur aussi. Même les soldats politiquement de droite étaient désolés pour les civils, coincés entre eux et nous, entre nos chars et les combattants du Hamas. On se disait : ils les ont porté au pouvoir démocratiquement, mais quand même… Les combattants, qu’ils aillent se faire foutre. On a toujours comparé le Hamas au Hezbollah libanais, qui est vu comme l’élite de l’élite. Le Hamas, ce sont des semi-pros, qui nous font peur quand même.
Je n’ai jamais vu un combattant du Hamas. Ils sont très sournois, ils se déplacent dans des tunnels. Tu entres dans une zone ouverte, et tout d’un coup, ils te tirent dessus par-derrière. Tu te retournes, il n’y a plus personne. Et puis, il y a les guetteurs, sur les toits. J’en ai tué un. Guetteur, c’est un mot dans notre dictionnaire militaire. Cela désigne une personne qui peut vous observer, qui est en hauteur et parle au téléphone. Le guetteur est un semi-combattant. Même une grand-mère peut l’être. Très souvent, on voyait au loin une personne sur un toit, parlant au téléphone. On vérifiait auprès du commandant si ce n’était pas les nôtres. Et puis on tirait un obus au bout de quelques minutes. C’est arrivé très souvent dans ma zone car on était en plaine et il y avait un quartier du Hamas juste en face, en hauteur. La plupart du temps, je ne voyais qu’une tâche noire, jamais les visages, parce que je regardais au loin avec le soleil de face. Mais on ne pouvait pas prendre de risque.

« On visait des fermes, des bâtiments »

Il n’était pas permis de viser les bâtiments des Nations unies. Ni même de pointer le canon dans leur direction, il fallait le relever pour empêcher un tir accidentel. Même chose pour l’hôpital ou la centrale électrique et les bâtiments dits internationaux, à moins qu’on nous tire clairement dessus de ces endroits. Il fallait alors demander l’autorisation avant de répondre. Ces lieux étaient situés entre deux et quatre kilomètres de nous.
On est entré dans la bande de Gaza le 19 juillet. On cherchait des tunnels du Hamas construits entre Gaza et Israël. On devait aussi détruire les infrastructures du Hamas et causer les plus grands dégâts possibles au paysage, à l’économie, aux infrastructures, pour que le Hamas paie le prix le plus élevé pour le conflit et qu’ils y réfléchissent à deux fois, pour le conflit prochain. C’est de la dissuasion. On visait des fermes, des bâtiments, des poteaux électriques. Si des immeubles civils sont élevés, on peut les viser. Officiellement, on nous disait qu’il fallait éviter les victimes civiles, mais en même temps, faire le plus de dégâts possibles. J’étais le seul que ça dérangeait dans mon bataillon. Les autres disaient : « On doit le faire, c’est eux ou nous, ils finiront par nous tuer sinon, c’est OK… » C’était vraiment triste. J’essaie de comprendre pourquoi c’était comme ça. Je suis peut-être plus mature qu’eux, ou bien mon éducation veut ça. Beaucoup essaient de ne pas penser, de survivre au jour le jour, d’éteindre leur conscience.
On est entré la nuit dans la bande de Gaza, c’était très chaotique, il y avait beaucoup de discussions radio. On avait peur, on se disait qu’on allait se faire canarder. Mais rien ne s’est passé. Après quelques jours où l’on a tiré sans jamais se faire tirer dessus, ma vigilance était moins stricte. On a essayé, un jour, de sortir du char parce qu’on avait un problème de moteur. Dans la minute, plusieurs balles ont sifflé près de mon oreille, je me suis jeté à terre. C’était intense, puis rien pendant plusieurs jours. La première semaine, on sortait juste pour pisser, puis on a pris le temps – quinze minutes – de faire un café. On dormait dans le char. Il faisait une chaleur terrible, il n’y avait pas d’air conditionné.

« J’ai visé le 11e étage avec un obus »

image: http://s1.lemde.fr/image/2015/05/04/534x0/4626920_6_37ad_une-enfant-palestinienne-le-12-avril-a-beit_07a35112212fa36f869155c51b11a0c5.jpg
Une enfant palestinienne, le 12 avril à Beit Hanoun,  sous la tente dans laquelle elle habite avec sa famille depuis que leur immeuble a été détruit lors de l'opération "Bordure protectrice".
Au lever du soleil, après notre arrivée, vers 8 heures ou 9 heures, le commandant a demandé à six chars de s’aligner devant Al-Bourej [vaste zone d’habitation au centre de la bande de Gaza]. J’avais réglé ma radio pour entendre les autres chars, chaque tireur pouvait choisir sa cible, au hasard. C’était du genre : « Moi, je vise le bâtiment blanc, là ». Et il fallait attendre le décompte. Personne ne nous avait tiré dessus avant, ni pendant, ni après. Le commandant a appelé ça « Bonjour Al-Bourej ! » A moitié en plaisantant, il disait qu’il voulait leur adresser le bonjour de l 'armée. Officiellement, c’est de la dissuasion. On a donc tiré sur des bâtiments civils ordinaires, au hasard. Al-Bourej, c’est un nid de frelons du Hamas, nous a-t-on dit, il serait suicidaire d’y entrer. On le contrôlait par le feu. Chaque jour, toutes les trente minutes, un char s’installait en face et tirait. Lorsqu’un jour, l’un de nos soldats a été tué par un tir de mortier, le commandant nous a dit de le venger, en souvenir. On s’est mis en position. J’ai choisi au hasard un immeuble à 3-4 km, près de la mer, et j’ai visé le 11e étage avec un obus. On a peut-être tué des gens.
Pendant tout ce temps, on était surtout stationné dans une zone rurale autour du village de Juhor ad-Dik, très verte, avec des fermes, beaucoup d’arbres. Quand on est parti, il ne restait qu’un ou deux bâtiments debout. Ils ont pris le bulldozer blindé, le D-9, et ont travaillé cette zone vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept, pour la transformer en désert. Le D-9 sert d’abord pour ouvrir la voie aux chars, pour nettoyer les obstacles, les éventuels engins piégés. On nous a dit qu’on voulait aplanir cette zone pour avoir une capacité d’observation pour la prochaine fois.
On est entré au maximum environ 3,5 km à l’intérieur de la bande. On se divisait et on partait pour des missions de quelques heures, vers le sud et Al-Bourej, ou bien au nord ou à l’ouest. J’ai vu un tunnel d’attaque du Hamas. Il était tellement large qu’on pouvait pratiquement y faire entrer un char. J’ai aussi vu un petit tunnel à Juhor ad-Dik, sous un bâtiment qui avait abrité une pharmacie de la Croix-Rouge. Le bâtiment a été détruit. On est resté environ deux semaines et demie dans la zone. La plupart du temps, les chars scannaient les environs. On avait très peur d’éventuelles incursions du Hamas, comme ça c’était produit ailleurs.
Pendant toute l’opération, les tireurs [dans les chars] étaient ravis de pouvoir tirer des obus, car on ne pouvait jamais le faire en temps normal, ça coûte trop cher. Je ne l’avais fait qu’à six ou sept reprises au cours de ma formation. Là, c’était une bonne occasion, pour tous, de vérifier nos compétences. On se montait la tête, on se mesurait, c’était notre tour de briller. Au cours de toute l’opération, j’ai dû tirer 20 ou 25 obus, les autres deux fois plus chaque semaine. Moi, je voyais les civils derrière. Nos discussions étaient une guerre d’ego.

« Lorsque j’ai quitté Gaza, j’étais amer et triste »

Il est arrivé, une fois, la 3e semaine, qu’on soit posté en un endroit d’où l’on voyait la route Salaheddine, la grande artère qui traverse la bande du nord au sud. Les gens y circulaient car elle était hors de la zone de combat. On était trois chars. On s’est dit : OK, voyons qui arrivera à atteindre un véhicule ou un vélo. Le commandant a dit : « OK, rendez-moi fier ! » On a parié entre nous, mais c’était trop dur, personne n’a réussi. Mon char datait des années 1980, il ne peut atteindre des cibles se déplaçant vite. Je devais tout calculer dans ma tête en cinq secondes pour anticiper la trajectoire. Et je ne voyais qu’une partie de la route. Il y avait un cycliste. On l’a visé avec une mitraillette de calibre 50, une arme pas du tout précise. J’ai tiré à côté et devant lui. Je l’ai pas vraiment ajusté. Il a détalé si vite, plus vite qu’Armstrong, que tout le monde a ri. C’est l’épisode dont j’ai le plus honte.
Lorsque j’ai quitté Gaza, j’étais amer et triste de ce qui s’était passé. Mais j’étais soulagé de retourner à la vie civile. La plupart des gens de ma compagnie sont de droite. Ils considèrent Breaking the Silence comme une organisation antisioniste. « Crimes de guerre » ? C’est un grand mot. Mais j’ai le sentiment d’avoir fait des trucs amoraux, sur le plan international. J’ai visé des cibles civiles, parfois juste pour le plaisir.
J’ai essayé d’en parler. Mais dans mon environnement, personne ne veut entendre tout cela, ces mauvaises choses. « T’es un héros, t’as fait ce que tu devais faire… » Ce n’est pas l’armée qu’ils connaissent, « la plus morale du monde ». En Israël, tout le monde fait l’armée, et elle fait partie de nous. C’est quelque chose d’intime. Mes parents m’ont dit la même chose. « Tu as fait ce que tu devais faire, on est content que tu sois rentré. »
Là-bas, tout le système des valeurs était tête à l’envers. Les gens dans la rue me disent que je suis un héros. Moi, j’étais juste assis dans un char toute la journée. Je me suis habitué à cette présence, à tirer. Vous prenez un homme libre, vous le transformez en esclave : au bout de quelques années, il s’habitue. C’est comme une promenade au parc.
Je n’avais pas de fenêtre. Mon monde à Gaza, c’était une boîte de 20 centimètres. Je voyais tout au travers d’un viseur, d’une croix sur chaque route, sur chaque bâtiment. Les notions de bien et de mal, je les ai encore. Quand j’ai tiré sur des bâtiments civils ou sur le cycliste, j’avais la conscience de faire quelque chose de mal, mais on avait le sentiment de pouvoir tout faire, qu’il n’y avait pas de loi. Dans les limites de la logique militaire. Bien sûr, pas de violer des enfants ou de tuer toute une famille juste parce qu’elle est là. Mais de pouvoir détruire un immeuble vide, oui. De tirer sur une route, oui. Si on tue quelques personnes, on aura des ennuis. Mais c’est tout. »

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2015/05/04/j-ai-vise-des-cibles-civiles-parfois-juste-pour-le-plaisir_4626922_3218.html#ovShIJYZ7ryVfwHu.99

Britten "The Rape of Lucretia" -- Jean Rigby -- Rolfe-Johnson -- Van All...

NOUS sommes le POUVOIR

© Brahms - Ein Deutsches Requiem 1869 - DRSO - Herbert Blomstedt

LE TEMPS VACANT QUI VA JUSQUE DANS LA NUIT




LE TEMPS VACANT QUI VA JUSQUE DANS LA NUIT



Entre coins de rues
Semble nous blesser la lumière blafarde
Qui met notre cœur à nu
Et … Éteint notre parole bavarde

Nous valsons un peu
Dans les eaux noires d'un bref silence
Et ça devient un jeu
De relancer au hasard tous nos sens

Convoquée dans mon brillant nid
Par de belles étrangères
Ma pauvre langue ne dénie
D'en être la curieuse messagère

Là – sous les lampes infra-rouges
J'imagine le Yang-Tsé
Me propulser hors du bouge
Pour – avec elles – aller danser

Vagues du fleuve ! Vous entraînez
Mon humble poème à deux sous
Vers celles qui ne veulent s'y enchaîner
Alors que de leur compagnie
Je suis saoul

Tant-pis ! On passera d'autres fleuves
Et le lointain demeure proche
Pourvu qu'encore
Je m'y abreuve
A moins qu'un ivre silence le fauche

Amis – tous friands d'un brillant humour -
Sachez que le froid
S'il l'a pris
Ne peut empêcher le vital amour
De lui donner son récital
Sans prix pour qui
Y croit...

Bientôt d'ailleurs le nid se remplit
C'est l'heure où l'on
Replie son cafard
Pour – dans la veille -
Oublier son lit
Et ré-accorder son art
A d'anonymes
Soleils … :

Ceux qui- sans aveugler
Ni sans beugler
Leurs rêves -
Les partagent avec
Toutes leurs origines
Avec leur savoir
Et toutes les pages
Que l'on imagine :

Pouvoir intime ravi
De la vie avec toute sa sève
Comme donnée avec
Tous les dés
De l'éveil hasardé
Pour un destin mutin
Qui s'allaite
Aux seins
De
La seule paix
Non attelée à l'épée
Mais à celle ailée de
L'accueil même s'il
A été sapé par nos deuils

jeudi 26 novembre 2015

DE LA PUISSANCE FLEURIE DE TOUT UN PAYS



DE LA PUISSANCE FLEURIE DE TOUT UN PAYS



Que – dans les feux de la nuit -
Nous approfondissions la clarté
De notre amour …
Que nous ne la livrions pas
A l'étendue de l'obscur
Où pourrait s'enfuir
Notre futur...

Si les murs sombres ne recouvraient
La promesse du lointain …
Si chacune de nos œuvres 
Se chargeait de la caresse
Du proche inconnu …

Nous aurions atteint
Le croisement des exils
En les faisant toucher
A l'essence de
Notre ville …

Et nous garderions en nous
La puissance fleurie
De tout un pays !

Notre âme ne peut demeurer
Le tombeau des larmes
Ni crier avec
Le tombereau
Des douleurs qui hantent encore
Nos cœurs !

Ni la purulence des guerres
Ni leurs hurlements
Ni même
Le pullulement du désespoir
Ne nous priveront
Du savoir et
De la tendresse
Pour tous les innocents …

Et nous ne pouvons nous asseoir
A la table des Princes
Où des mains
Se rincent
Au sang d'enfants
Sans lendemains !

Baignons nos larmes
A la fraîche fontaine
De l'Humanité !

Jamais l'amour ne se mettra à genoux
Sur son chemin ajouré
Par chaque pas
Vers l'aurore !
Il grandira dans l'horizon
Des matins pâles
Où se tient
Déroulé
Le fil d'or de tout
Lendemain

Nous nous hissons
A la hauteur claire
De notre amour !
Nous l'approfondissons !...

(1) Victor Hugo - Henri Guillemin

mercredi 25 novembre 2015

De L'Océan Un Grand Filet Vient Tomber Sur Paris



DE L’OCÉAN UN GRAND FILET VIENT TOMBER SUR PARIS



Maintenant un grand filet de gouttes glacées
Vient se faufiler de l'océan à la ville
Âcre – étrangle-t-il une nasse-cétacé ?
Notre Paris est-il ce gris monstre servile ?

Mange-t-il – sans compter – les petits poissons 
Tout autour de ses bouches restant grand-ouvertes ?
Non ! Du vampire – il ne prend aucune leçon !
Il a la folie des amoureux dans sa tête !

Cependant le grand filet de gouttes glacées
Se troue – en son centre – de nappes argentiques
Aux couleurs de pierre – Le vent l'a-t-il laissé ?
C'était sans compter à cette heure pour sa musique...

Devant les tourbillons du monde laborieux
Il est juste au rendez-vous de grandes tourmentes
Il s'accorde au filet puis...Rentre dans les cieux
Le vent décroche de sa ronde en dilettante

Et … De nouveau : le calme où la bruine se fend …
Est-ce l'ange qui des nuées bat le rappel ?
Non ! Il n'y a que l'innocence des enfants
Qui du ciel ébahi laisse battre les ailes !

Il reste ce filet obscur et menaçant …
N'est-ce au lait des nuées que se nourrit la terre ?
La ville tremble encore au sang des innocents
Mais – seules – des consciences viles nous atterrent …

Il est tard … L'horizon lentement dégagé
S'abreuve un peu de belle et pâle lumière …
Un « sans-domicile » tombe ...L'encourager !
Et la nuit efface le filet dans la pierre

Alors les yeux de la ville accueillent la veille
Qui attend pour tous demain un nouveau soleil !...

غناء يهودي مغربي שירה יהודי מרוקו

Lutinades vagabondes: De vagues en lumières

Lutinades vagabondes: De vagues en lumières

lundi 23 novembre 2015

Nouvelle déclamation du poème : " Dans cette nuit au plafond opaque une bouche de ville reluit" ... Meilleure Interprétation

Cette fois-ci, j'ai essayé de ne plus tomber dans la saturation de la voix ; j'ai tenté une articulation signifiante de la musique et de la déclamation , tout en tenant compte de la Présence ...


https://soundcloud.com/alain-nemo/une-bouche-de-ville-re-luit


Voir le lien sur le commentaire SVP

dimanche 22 novembre 2015

Composition orchestrale sur un récit du poème : " Dans cette nuit au plafond opaque une bouche de ville reluit"

La composition suit un cours en deux parties dont la première atteint au paroxysme ; l'ensemble musical suit un morceau de la Messe en Si de J.S.BACH . Toutes les critiques et commentaires sont les bienvenus !

https://soundcloud.com/alain-nemo/dans-cette-nuit-au-plafond-opaque-une-bouche-de-ville-reluit

 Prendre le lien sur le commentaire !

 

DANS CETTE NUIT AU PLAFOND OPAQUE UNE BOUCHE DE VILLE RELUIT





DANS CETTE NUIT AU PLAFOND OPAQUE UNE BOUCHE DE VILLE RELUIT


En cette bouche de ville
Les lèvres frémissent
De paroles enjouées
Qui semblent sécher
Des larmes...

Est-ce que ce temps
S'enfile dans
L'oubli ?

On semble mâcher le présent
Encore ensanglanté
Pour – peut-être -
Avaler
Un avenir serré de près
Par des dents de loups
Avant que celles-ci
N'y remordent...

Les lumières gardent
Leurs éclats
D'étoiles
Qui mouchettent dans les yeux
De la ville gelée

Au loin les perspectives
Pleurent entre les murs
Assombris...
La place décline
Ses feux clignotants
Derrière – devant
La Marianne
Enfouie dans
L'ombre...

Puis ici la musique
Paraît violente
Grignotant -
Comme un imposant silence -
Le jeu tranquille
Des mots...

Ainsi la fureur d'un horizon non écouté
Hache le sens
Il crie
L'obscur et
Hante la joie...

Mais c'est sans compter
Sur la conquête
Par celle-ci
De tout le présent
Qui semblait
Couler
Hors des veines de la ville !

Oubli ? Non ! On ré-attrape
Son essence à travers
La nuit
Avec les lèvres des advenus nouveaux
Du travail desserré
Des mâchoires
Du temps qui
Compte

Oui ! On bat le blé pour le sortir
Des blessures de l’ortie...
On le rebat et
Fait marcher
Le moulin à-vif
De l'eau des
Songes...

On le ragrandit
Avec une pompe universelle
En y aspirant
Le devenir...
Et l'oubli est lui-même gelé !
On grimpe au fil
Des souvenirs
Où se mouille de nouveau
La présence au monde

Et c'est un chœur de voix avec les cœurs
Qui s'emparent du pain nourricier
De l'amitié ouverte...
Arraché aux flammes
D'un futur incendié
Tout son suc en sang
Ne peut plus être mordu
Par des vampires
Voraces
Même s'ils se sont efforcés de nier
Son fondement d'Humanité
Universelle

Et les cicatrices – déjà – se forment
A partir d'un sens pacifique
Crié par les bouches rassasiées
Et le vent de la misère
Venant de
L'horizon rageur
Semble être
Rentré
Ici -
Sous des lampes rouges
Qui réchauffent
Les corps...

On l'accueille et...Il ne les froisse pas
D'un autre gel
On le partage et il fait
Un chaleureux
Tintamarre
De chair
Neuve

Je me pénètre du sens
Des chants du chœur
Et – rentrant dans sa beauté -
Je m'imprègne du
Seul feu d'amour
Qui ne brûle pas
Où l'on s'empare de l'avenir
En le délestant du fardeau
Qui incendie par
L'oubli de
L'oubli

Un passé peut-il être revivifié
Par ce vif fleuve
Du devenir
Où s'abandonne maintenant
La ville qui essaie
De sécher ses
Larmes
Avec ces voix
Qui semblent encore respirer
Dans son grand corps
Qui veille !.. 
Chaque silence en leur creux
Nous convie à les attraper...
Elles n'étouffent pas
Et … Comme
Les feuilles d'automne
Valsant un peu
Dans le vent
De la misère et de l'exil
On les accueille dans le deuil
Comme ces fleurs et ces flambeaux de lumière

vendredi 20 novembre 2015

Le Métro Où Se Trame Une Âme Sans Décret



Le Métro Où se trame Une Âme Sans Décret


Enfants – Ici Roulant – Chassez-vous le silence ?
Le métro – tohu-bohu – emporte le monde...
O Temps dressé – sans heurt – Bouscules-tu Violence ?
Regards – attentions en font une douce ronde..


O Secrets intimes des vies levant le voile
De la distance rythmant de Paris la toile
Vous arrimez aux innocents votre séjour
Partageant douleurs – comme exil – avec amour


Enfants – Ici Roulant – Chassez-vous la vitesse ?
Le métro – tohu-bohu – emporte le monde...
Bonheur pressé ! Inclines-tu à la tendresse
Si – lestement – on te lance des ballons-sondes ?


Si seulement on pouvait écouter ces secrets
Les chanter ces vies anonymes sans décret
Ferait-on valser les sanguinaires vedettes
Et reverser à tous malheureux notre dette


Enfants – Ici Roulant – Tramerez-vous l'histoire ?
Le métro – tohu-bohu – emporte le monde...
Les vies opprimées entendent-elles l'espoir
D'imposer silence à vraie cruelle faconde ?

jeudi 19 novembre 2015

Franche Paix Dans Le Jour Effarouché





Franche Paix Dans Le Jour Effarouché



Et c'est dans la pâleur de l'aube
Que le jour effarouché grandit
Alors que de sa blanche robe
Il nous hale sans incendie
Dans les pauvres mains toutes grises
De son ciel où file l'orage
Pourtant nous sommes sans surprises
Et – ne tournant la raide page
D'autres tonnerres assassins -
Nous sonnons la belle heure
Effaçant tout autre dessein
Que paix décente – à nos douleurs

La puissance en sang du soleil -
Si patiente – grave les toits -
Relevant sciemment notre éveil
Dans un rêve qui le boit
Il n'aura fallu que la tempête
De notre amour – pour détacher
Silencieusement de nos têtes
Les souffrances qui les entachaient

Et les nuées en rage couvent
Cette lutte du seul automne
Qui ne s'incline ni se trouve
Au cœur des fleuves qui résonnent
De la fauve circulation
Mais – que fortement emporté
Par le courage et sa passion -
Il demande un bel aparté
D'avec le moindre de nos fers
Qui nous emporte en enfer

Ainsi ouvert au blanc hiver
Il ne dénude pas l'espoir
De n'être emporté au travers
D'un pouvoir niant le savoir
Avec ce sang qui nous innerve
Sans qu'il tombe au corps de nos rues
Savoir : Franche paix qui réserve
La plus belle part de nos vues
A ce pas franchi du destin
Sur celui de futurs matins

mardi 17 novembre 2015

France Musique du 15/11/2015 " De la musique et quelques vers"


Un poème, O Combien bouleversant, de Vincent Liechti

Fil d’actualité

Vincent Liechti Lartiste a publié un article.
1 h ·
En Syrie les frappes sont lâchées
À Paris les lâches ont frappé
Naguère comme aujourd’hui
Partout dans le monde
La guerre
La soi-disante grisante
Logique guerrière
Porte ses fruits immondes
Par-delà les barrières
Illusoires
Qu’érigent nos frontières
Ceux qui l’entretiennent
Et ceux qui la dirigent
Ne sont pas ceux qui s’entretuent
Combat d’arrière-garde, elle
propulse toujours les gens du peuple au front
Pour laver les affronts dérisoires
Que quelques grands bonimenteurs se font
À grands coups de mentons incendiaires
Un sang d’hier à peine séché
Un sang d’ailleurs vient à couler
La colombe peine à roucouler
Chaque fois que son aile est maculée
Ceux qui ont rendu l’âme en répandant le sang et les larmes
Ne sont-ils pas les créatures de ceux qui pendent la leur
En vendant des armes à leurs commanditaires?
Et – comment dit-on déjà ? –
Le cash-flow sécuritaire ne se porte-t-il pas comme un charme
Chaque fois que les kalach recrachent la fange identitaire
Ou qu’une bombe tombe sur une ville visée au nom du monde civilisé
Je suis le bien tu es le mal alors ai-je le droit de te tuer ?
Pourquoi s’évertuer à perpétuer cette approche si tristement manichéennne
Panique et haine nous avilissent
Pleurons mais surmontons nos peurs
Ne nous laissons jamais abattre
Vivons
Écrivons
Ne nous privons pas d’exprimer et mettre en avant
Pour en débattre
Nos avis
Lisses ou moins lisses
Nos joies
Et parce qu’il le faut bien
Et que ça fait du bien
Nos larmes
Car
Nous n’avons pas d’autre arme
Et aucun autre choix

Écrit le 17 novembre 2015