jeudi 21 janvier 2016

AU SOIR D'HIVER LE TEMPS FILE SA TOILE RAPIDEMENT




AU SOIR D'HIVER LE TEMPS FILE SA TOILE RAPIDEMENT



La rue qui se penche vers le soleil
Laisse griser ses toits sous la lumière
On en oublie le tumulte d'abeilles :
Ces voitures au passage en éclairs

Et les nuages en cirrus languissent
Dans l'azur qui les caresse et sourit
Aux arbres dans leurs ficelles-réglisse …
Mon cœur ne se blesse au corps de Paris

Le temps vif file sa toile en poème
Qui rosit tendrement avec le ciel …
Alors viennent les figures de bohème
Jetant sur la glace des voix leur sel

Un fleuve ici se remplit du travail
Arrêté mais son air est devenu
Poussière de bruits qui vaille que vaille
Met à notre vue le soir tout à nu... :

Un souffle qui emporte ma musique
Et agrandit les portes de l'instant
Métamorphosant tous les chœurs antiques
Suspendus au brillant fanal du temps

Au navire se débattant dans la houle
Et vagues après vagues surmontées
Vient – vire et s'enroule toute la foule
Que l'horizon bien rouge a remontée

Puis s'enfilent les voiles de la nuit
Contre l'esquif où se meut le désir
Pendant que l'étoile du soir s'essuie
Aux voix de femmes clamant leur empire

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