mercredi 3 février 2016

L'écriture c'est la rature du temps




L’ÉCRITURE C'EST LA RATURE DU TEMPS



Le froid ralentit l'écriture et la rend indocile …
Au petit matin son mouvement
S'endurcit en ratures
Jusqu'à devenir
La coque
De l'éveil où les émotions du lever tôt
S'abritent sans rupture
Quand la ville
Déjà voyage
Abandonnant les lumières de la nuit …

Et le chant va-t-il se perdre ?
On était à la croisée
De l'aurore
Quand l'horizon aurait du faire
Son nid dans un halo rouge …

On était là pour attraper la lueur des dieux
Mais le temps frissonnant
A inondé nos yeux
Et …
La marée des automobiles a accentué
Notre sentiment de perdition

Les mille et mille feux bondissants
Engorgeaient le fleuve
Du boulevard

Au loin les nuées mauves
Déroulaient leur chapelet de prières
Pour ensevelir les derniers
Soldats lunaires …

Il allait pleuvoir cependant
Et nous n'aurions rien pu
Sauf accepter
La nudité blême
Du carrefour

Des coups de vent passaient
Froidement sous
L'auvent …
C'est encore plus que nous n'attendions rien
Encore plus cependant
Que nous gravitions
Dans l'écriture …

Et le mal se faisant un bien
Nous l'auréolions
Des certitudes
De la présence

Le matin gris traversait tout
Jusqu'à faire se conjoindre
Ciel – pierre et
Macadam

Les arbres ! Seulement : les arbres
Affichaient tranquillement
Leurs filets sur
Le ventre des
Murs
Ils semblaient nous dire :
« Attendez qu'en finisse
Notre hibernation
A nu
Déjà le merle revient
Chanter en nous
Nos filets
N'oublient pas :
Ils vous gorgeront d'émeraude
Dans le petit matin »

Pour l'instant – dans le froid -
Les passants courent
Un peu plus vite
Ils ne se confondent déjà plus
Avec des ombres
A l'heure du
Travail …
Le matin pressé les enveloppe
De sa blancheur

Il pleuvra donc
Mais les larmes de pluie
S'accordent avec
Les sourires
De la terre fécondée
Où les arbres voient grandir
Leurs ramures !

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