jeudi 28 avril 2016

NI COUR DES MIRACLES NI BABEL NI FESTIN


NI COUR DES MIRACLES NI BABEL NI FESTIN !

La chair du temps est notre amour
Que nous saisissons
Avec tendresse
Nous la mêlons sans festin
A l'assiette de
Nos nouveautés prises
Au corps de
Tout fruit

Nous n'avalons pas le présent
Mais le mordons de caresses

Et nos lèvres touchent
Humectent la peau de la misère

Nous créons avec elle
Mille libertés
Elles vibrent dans tous nos nerfs
Sensibles aux fulgurances de
L'instant

Et la tension du monde
Nous la faisons entrer
Dans le sang
Que sont nos rêves
Pour une Humanité
Non réductible
Aux sacrifices infernaux

Nous inoculons dans la nuit
Le filtre flambant
D'un amour
Neuf

Notre parole ne parlemente pas
Sur des statues de sel
Qui érodent
Notre langue assoiffée
Par tant de poussières spéculatives

Nous nous dégageons donc
Du glacis de la vitesse
Et de l'oubli

Pour tous les frères
Précipités dans le gouffre
D'une liberté
Sans corps
Nous ne prions pas en Babel
Et des camisoles où crie
Le labeur qui sue
Nous ouvrons
Les portes communes
A une Humanité
Blessée
Par le désamour et l'oubli de
Sa condition

Toutes nos langues en une seule
Langue libérée
Nous commençons tout
A partir du rien
Où – dans le chaos -
S'entend le souffle des aspirations
Délivrées de l'idolâtrie
Pour les mirages créés autour
Des fortunes sans corps
Autre que celui – fictif -
Du Capital

Oui ! Notre langue étreint
Ce souffle qui prépare
Le bond hors
Des gouffres où ne s'entendent
Que les voix des caciques
Qui vendent nos vies
En les mettant
En concurrence jusqu'à la guerre
Des identités et des peuples !

Notre langue embrasse ce souffle
Hors de la cour des miracles
Elle transporte les voix
Qui montent
Pour dire en leurs propres noms
Ce que pourrait être
Le bonheur
Pour l'Humanité réelle
Chevillée aux corps
Non-perdus
Dans l'abstraction du Capital
Qui les blesse
Et les éreinte jusqu'à
Leur dénier une
Existence
Dans son chaos si tendu
Par ses flux guerriers
Si avalisé par
La terreur qui le renforce

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