vendredi 28 décembre 2012

CHEMINER AVEC LE POEME



CHEMINER AVEC LE POÈME



Passer le monde par devers soi
Ne pas se plier à sa loi
Oser ne pas s’agenouiller
Et – le corps de ses vers mouiller
A la tendresse et aux tempêtes
En ayant le courage en tête

Affréter son embarcation
Et – accordant son attention
A tout courant  impétueux –
Lancer son voyage à cent lieues
Mais – toujours et sans-cesse Ici
Comme si l’on avait saisi
Que ses bagages
Ne sont rien
Sans – avec les gens –
Faire lien

Cheminer avec le poème
Pour créer tout ce que l’on aime
Beauté pour les aubes précieuses
Charme pour les veilles curieuses
Quand on recueille tous ces rêves
Que l’humain garde sur ses lèvres

Et ne céder sur son silence
Que lorsqu’il ouvre la conscience
A la distance    de   toute  autre
Sachant qu’elle ressemble
A la notre
Quand la parole gravitant
Autour du temps – crée l’instant
Propice à partager poèmes
Pour que – doucement –
Ils essaiment

Fabriquer toujours du réel
Même s’il ne touche aucun ciel –
Quand le vent tourne en tragédie
Il aura déjà été dit
Que – seulement –
L’Homme est moisson
Que – seule sa vie vaut passion …
Il n’y a aucune  entropie
Dans ce petit monde
En charpie

La mort peut défier les étoiles
Elle ne peut étendre son voile
Sur les symboles d’éternité
Qui les traverse en beauté
Et le hasard est
Sans destin
C’est l’obscur qui vraiment l’éteint …
Mille et mille révolutions
Nous rappellent à
Leur attention

Filigrane au monde qu’il est
Le poème se fait l’allié
Du moindre des
Retournements
Quand
En un seul point seulement
Il devient l’aimant des souffrances
Et leur lance les délivrances
Qu’elles  attrapent en
Leurs filets
Pour
De leurs prisons
S’en aller

Mais le magnétisme n’opère
Que dans l’attraction
Des misères
Pour
Le charme d’un chant sublime
Qui ne se targue donc de rimes
Que pour hâter une relève
A tout moment de
Pure trêve
Que
Peut s’accorder la misère
Dans sa course collée
En terre  

mercredi 26 décembre 2012

NON ! LA POESIE N'EST NI SPECTACLE NI PROPHETIE



NON ! LA POÉSIE N’EST NI SPECTACLE NI PROPHÉTIE !


Rien ? Sauf les mots pour bâtir un empire ?
Rien pourtant qui les raccroche au désir
Quand ils tournent en casserole de sens
Quand – déboitant le son en essence –
Ils se suraccumulent à toute vitesse –
Il faut – là – les contraindre à la paresse

Et si rhétorique guette musique
Pour affirmer un pouvoir sophistique –
Elle est une intruse dans le mystère –
Casse la respiration et l’enterre
Derrière les lunettes du spectacle –
Qui est tenté alors par les oracles ?

Or ce drapeau qui flotte dans le vent
Précipite votre marche en avant
En abandonnant ce qui restait cois
Dans abracadabra de votre voix
Mais – si ce n’était ce croassement –
Rien ne vous alerterait facilement ?

Et si le chant partait à la dérive
Votre humeur deviendrait alors lascive
Fiel et miel peuvent faire religion
Prosélyte poème à l’air de lion
Tu chuterais donc en mélancolie
Tu pourrais bien crier à l’hallali

En cherchant misérable paradis
Tu ne trouverais qu’enfer au pays –
Devenant ainsi pauvre paradigme
Tu prétendrais résoudre les énigmes
Par la désespérance métaphysique
Contre la misère mentale et physique

Ainsi il y aurait pays perdu
Pour tant de ces poètes prétendus
Ce dans le même temps où la lumière
Se dresse dans l’ombre sur notre terre
Mais où vont-ils loger leurs destinées
Si ce n’est  dans « l’humanité damnée »

Ceux-là jouent encore à la prophétie :
Tous ceux qui – contents de leurs arguties –
Dans de fragmentaires consolations
Érigent de jolies méditations
Sur les dos de ceux qui n’en peuvent mais :
Ces pauvres qui en seraient désarmés

Voyons aussi tous ces jeux de rimailles
Qui avec leurs paroles creuses taillent
Une bien maigre et vide poésie
Pour le plaisir de quelques gens rassis
Qu’ils hurlent – tempêtent ou même déclament
Lançant concours – tournois – c’est : sans flamme

D’autres encore remplissent tant de salons
Que leurs pouvoirs vomissent les haillons
Grand style jaloux et ressentiment
Sont le lot de celui qui toujours ment
Dans des officines à chasse gardée
Où ils se veulent achetés – regardés

Rien … Mais Ah ! Tout pouvoir dévolu
A cette pléiade si révolue
Ne saurait détenir toutes les clefs
Pour ceux-là qu’ils ont toujours appelés
Dans leurs petits espaces où ils étalent
Leurs savoirs comme sur tous les étals –
Ces adorateurs du poème carne
Que leurs dents aiguisées de loups décharnent

L’énigme ? : Que les sources – encore – coulent –
Que les muses sans-cesse s’y enroulent –
Que leurs vents chantent sous l’abri des étoiles –
Que toute poésie est à la voile
Dressée au cœur d’amour et de misère –
Qu’elle construit son art – un pied sur terre
Un autre grimpant à l’assaut du ciel
Sans jamais prendre le fiel pour le miel

L’énigme ? : Que chaque oreille à l’écoute
Que chaque œil ouvert sur toutes les routes
Mènent sans arrêt le proche au lointain
Sans jamais prétendre avoir tout atteint …
Des paroles lancées dans leurs silences
La musique fait – à tout instant - sens

mardi 25 décembre 2012

PEINTURE ET MUSIQUE

http://youtu.be/p6tY_MgZF9I

UN FIL PRECIS LANCE PAR LA BEAUTE

UN FIL PRÉCIS LANCE PAR LA BEAUTÉ
Trois sonnets enchaînés


Terre n’est pas vestige pour les innocents
Monde n’est pas vertige pour les ignorants
Ville n’est que litiges pour le mauvais sang
De misère à colère on tient de brefs courants

Tout cela mature du détruit au construit
 Sur les ruines du temps – sans autres coups férir –
Un vrai royaume des ombres sort de la nuit
Sur laquelle Homme a du mal à se définir

Car terre et misère battent d’un seul grand cœur  -
Lumière diffractée d’un esprit  bien concis
Faisant irruption dans d’aussi fragiles demeures

Que Beauté résistante lançant  fil précis
Entre graves souffrances et très lourdes rancœurs
Sa sagacité abat les tristes rumeurs


Petites comme grandes leçons de la vie
Dorénavant sont éclairées dans leur domaine
Elles feront – dans leurs sillons – tomber d’envie
Les moindres comme les grands vampires à leur traîne

Cette nuit – un aréopage de passeurs
Laisse résonner – du large pont de sa voix
Qu’il véhicule – précipite et – là – envoie
Aux pauvres « soldats » qui se battent avec les heures

Alors – la guerre complètement désossée
Serpentant à terre – ne peut qu’essayer de mordre
Le temps des fêtes déployé dans la joie

Mais – même dans les ajoures maintenant glacées
La compagnie pousse les monstres à se tordre
Dans tous les nœuds de sa juste et claire loi





Terre – ville – monde – en un univers fusionnent –
L’homme-lige perd trace dans les différences
Qui montent au ciel et le poussent pour qu’il rayonne
De la majesté de l’exil et de l’errance

Une étincelle dans les yeux qui s’originent
De tous les pays – désobscurcit les regards
Qu’Ici – l’instant prolongé – sans-cesse illumine
Et donne au hasard toute la place de l’art

Mille et mille chansons pour couvrir ces domaines
Elles tournent autour des points que l’on veut cardinaux
Et font valser les feux du lointain carrefour

Et quand la fête s’est presque achevée – notre hymen
Rassemble ici et maintenant tous ses anneaux …
L’invisible étoile-muse aura fait son tour

mardi 13 novembre 2012

JE DIS JE POUR TOI



JE DIS JE POUR TOI



Je suis sur l’abscisse de mon désir
Saoul – je crible l’ordonnée
De ton absence
Des balles de
Tes cris
Et …
Me désordonne
En saisissant
Les creux de
Ton silence
En y halant le soleil
A minuit
Pour y laver tes sourires

A mi-lèvres de mes rêves
J’endurcis mon plaisir
En me penchant sur
Mon souvenir
J’y étanche
Ma soif
Avec
La densité qui coiffe
L’instant de ta beauté
Et j’y trempe
Ma bouche
Comme
A la souche
De ta peau ivre
De chauds baisers

Brassant encore
Tes sourires dans
Mes yeux
Je brise
Le hasard
De ton regard
Sur les mille lieues
A couvrir de la distance
Qui nous sépare

Ainsi tes paroles se nouent
Avec les stances roulées
D’un poème d’argile
Qui vient fuser
Aux sources
Fragiles de
Ton corps

Mais qui campe ainsi
Dans la fuite lâchée
De l’instant
Comme
Dans un port
Sans attache ?

Que m’arrive-t-il
De briguer tes rives
Où pleure ton océan
Comme pris dans les plaintes
De mon chant ?

Il est l’heure de friser
Les plis du jusant
Sur l’aube des
Marées
Avec l’orbe lumineux
Qui risquerait
De glisser en
L’oubli

Et je ramasserai les traces
Qui supplient le sable
De ne plus te hanter
De ma présence
Mais
Cette tension
Des flèches d’Eros
Vers l’infini des vagues
Qui te prennent pour cible –
N’élague pas l’arbre visible
De ton nid

N’étant pas le héros qui t’enchaîne
Je ne m’enchanterai plus
Qu’à sauter dans
Le grain de
Pluie que traîne l’orage
Et mon âge restera
Ouvert sur ton
Arc-en-ciel

C’était ton charme annoncé
C’était l’arme prisée
De ta demeure
Et …
Quand bien même
Je l’ai biffée
En bouffées
De je t’aime –
N’ayant à semer
Sur ton lointain chemin
Que les caresses soufflées
Par ma mémoire dans tes mains –
Je te laisse le soleil
Du plaisir que
Tu voulais

Maintenant – je me grise
Du dernier sceau
Sur cette lettre
Incendie
Et t’envoie ce baiser
D’une voix relevée
Pour que je ne
Me dédie
D’être encore baigné
Dans les eaux musardentes
De ton désir

jeudi 1 novembre 2012

PARIS VACANT - SOUS L'AUTOMNE



PARIS VACANT – SOUS L’AUTOMNE
1er Novembre


Humer la fantaisie au bitume-cendres
Gouter l’humide entre pluies
Soutirer à l’impossible
Le parfum du possible
Et le faire sauter
Dans l’éternité
D’un passage

On dégringole de l’horloge
Pour réescalader
La durée
On s’installe au cœur des choses
Sans viser une cible à nos humeurs -
Tout cela convié
Sans racines
Dans un Paris
Cosmopolite

Et l’on voit la ruée du monde …
Elle se défait très vite
Comme un pliement
De toile
Et – à travers la vitre –
On dirait que s’enfuient
En vibrant – toutes les automobiles

On voit courir le vent
Dans les arbres encore feuillus :
Ces pelures de ville plissant
Son cours horizontal
En robes d’amour

On entend sonner des langues inconnues
Et de jolies femmes vous chantent
Leurs sourires

Et le cosmos en un drapeau
Le flagellant
Libère
Les pigeons
Dans les feuilles d’automne
Un air de rien …
Paris vacant – Paris « au vert » …
Ah ! La chair de la solitude
Armée par tant de
Passages :
Résistance au délitement
Du monde
Appuyée
Par un haut vol d’étourneaux :
Indice d’errance dans
Un ciel civilisé

Y a-t-il dans les combes
Quelques annonceurs
Pour en prévoir
L’orage ?
Et quelle vieille sauvagerie
N’en hurlerait-elle pas ?
Mais qu’attendent
Ces faiseurs
De nouvelles -
Au pli des lèvres
Rugissantes – sur la bouche
Des monstres ?

Ici – mon miroir est la ville
Qui rigole de le voir
Se briser sans-cesse
Pour se recomposer
Aussi vite – à partir
De ses éclats ramassés
Par la prodigalité
De la lumière clignotante
Sur la Marianne
Triomphante

Il tourne – tourne le présent
Dans les partitions
D’un devenir
Écrites
En place aux milles vertiges :
« Place de la nation » :
Imprévisible
Hors-là …


Mais – décidément – tout coule
Sans rouler dans un
Moulin à prières
Et combien sont-ils
A glaner la nouveauté
Sans s’asseoir sur leurs désirs ?
Lumière disparue – lumière des fleurs
Dans les bras de femmes passantes …
Fête – vacance des morts –
Tous les savoirs bagagés
S’en vont dans
Les souvenirs
D’où
S’échappent les giclures
Et les craquelures
Du temps

Nous construisons l’inadmissible
Sous les plumes toutes fines
Dans l’humide duvet
De l’instant :
Un monde délesté
Du trône de la
Promesse