mercredi 30 décembre 2020

Un Futur Déjà Trempe Dans Paris

A Paris Le 30-12-2020 UN FUTUR DEJA TREMPE DANS PARIS La lumière sur pierre remue dans le cœur D'immaculée colombe au zénith solidaire Prends-la dans cet éclat aux vitres diamantaires Trempe-la dans l'état du monde qui s'écœure Si parole en l'ombre soudaine ne se fond Colle-la à ce soleil ambré qui clignote Offres-la aux baisers du ciel que gens emportent Son école est ces fruits au brasier qui s'y fend Froid traîne en ce poème – il ne peut l'engourdir Envoie-le donc dans l'azur aux nuées neigeuses Un futur déjà gelant larmes qui le creusent Sème en âme et corps mille choses à redire Ailes vivaces embrassant flûte enchantée L'arbre roux doucement scelle savoir – l'éclaire Pelant minutes d'ombre au drapeau de cité Où son bleu se perd à l'horizon de lumière Le silence – corne vorace en brefs instants Danse à la trace de la rumeur en ta ville Jusqu'au verbe-chair qui lancera – si nubile : La colombe fière au boulevard de nos temps

Clara SCHUMANN Lieder

lundi 28 décembre 2020

"LE SECRET" Robert ENRICO

https://www.arte.tv/fr/videos/024524-000-A/le-secret/

LES NUITS DE CABIRIA Un film de Frederico FELLINI

https://www.arte.tv/fr/videos/095672-000-A/les-nuits-de-cabiria/

vendredi 25 décembre 2020

mercredi 23 décembre 2020

MODIGLIANI et ses Secrets sur arte.tv du 13-12-2020 au 17-02-2021

https://www.arte.tv/fr/videos/089091-000-A/modigliani-et-ses-secrets/

mardi 22 décembre 2020

SE GLANENT LES DANSES !! Sur Atramenta

SE GLANENT LES DANSES !!

Le 22-12-2020 SE GLANENT LES DANSES A) 1)Face au pavé – en avenir – se veillent fleurs 2)Qui les fera monter et danser aux étoiles ? 3)Dispersées – Terre leur lance « Salvé » hors-pleurs 4)Et la ville humecte Misère de son voile B) 1)Qui voudrait la toucher au plus fin des séjours ? 2)La bouche du monde est là tremblante de rêves... 3)Sur lèvres marbrées de noir pour la fin du jour 4)Les arbres vides sont à boire sa vie brève C) 1)Ami ! Si tu savais le pauvre sans espoir 2)Pourquoi dans l'ombre de la nuit tu te lamentes ? 3)Dans les décombres de l'automne – il reste à voir 4)Ces halliers couvrant semis où merles arpentent D) 1)Aux grains d'année vierge printemps arborera 2)Les larmes-fleurs vermeilles issues d'un silence 3)Où la terre belle aux souliers adhèrera 4)Nous sommes dans la veille qui glane les danses

mercredi 16 décembre 2020

Où est-on exactement de la Démocratie en France ???

Connexion Franceinter.fr ProgrammesReplay Le direct Le 5/7 Accueil Société Les possibilités de fichage de la police discrètement élargies par trois décrets Les possibilités de fichage de la police discrètement élargies par trois décrets par Béatrice Dugué publié le 7 décembre 2020 à 21h30 Trois décrets publiés vendredi au Journal Officiel, révélés par @nextinpact, créent la polémique et l'inquiétude des défenseurs des libertés. Ils vont permettre aux forces de l'ordre et aux renseignements de collecter beaucoup plus d'informations et des données très personnelles. Trois décrets élargissent la possibilité de recueil de données par la police Trois décrets élargissent la possibilité de recueil de données par la police © AFP / Thomas COEX Ficher les opinions politiques de certains Français, les orientations sexuelles, la pratique sportive, les comportements religieux, les activités sur les réseaux sociaux, c'est une nouvelle prérogative des forces de l'ordre, grâce à trois décrets parus vendredi en toute discrétion. Mais qui n'a pas échappé au site d'actualité Next INpact. Concrètement, avec ces décrets, l'exécutif élargit les possibilités de fichage de certains services de police et de gendarmerie. Trois décrets ont été publiés vendredi au Journal Officiel et sont passés quasi inaperçus Trois décrets ont été publiés vendredi au Journal Officiel et sont passés quasi inaperçus / capture d'écran Légifrance Il ne s'agit pas, théoriquement, de collecter des données de tous les citoyens, mais, selon le décret, de personnes "susceptibles de porter atteinte aux intérêts fondamentaux de la Nation, à l'intégrité du territoire, ou des institutions de la République. Ou encore de constituer une menace terroriste". Données relatives aux troubles psychologiques, psychiatriques Ces nouvelles données, concernant de nouvelles personnes, viendront grossir trois fichiers : le fichier Prévention des atteintes à la sécurité publique (PASP), le fichier Gestion de l’information et prévention des atteintes à la sécurité publique (GIPASP) et le fichier Enquêtes administratives liées à la sécurité publique (EASP). Ce dernier fichier est utilisé pour réaliser les enquêtes administratives préalables à certains recrutements dans la fonction publique. Des voix s'élèvent aujourd'hui pour s'inquiéter du périmètre - notamment - très large accordé au recueil des données, sachant que pour les terroristes potentiels, il existe d'autres fichiers. Il est question aussi de mieux surveiller les personnes morales et les groupements, autrement dit les associations. Quant au contenu des données collectées : ce ne sont plus seulement les activités politiques, religieuses, syndicales, mais dorénavant également les opinions politiques, les convictions philosophiques, religieuses, ainsi que les comportements et habitudes de vie, les pratiques sportives... Autant de notions intrusives, sur lesquelles la CNIL a demandé des précisions. Avis non pris en compte. Le renseignement territorial pourra également enregistrer des données relatives aux troubles psychologiques ou psychiatriques qui peuvent être considérées comme des atteintes au secret médical. "Les fichiers de police dont on parle ne sont pas des fichiers judiciaires, ce sont des fichiers qui sont gérés par la police, seule, pour la police, explique Arthur Messaud, porte-parole de La Quadrature du Net. Ce ne sont pas non plus des fichiers de contre-terrorisme. On est dans la lutte contre les sectes, la lutte contre les hooligans et la lutte contre les violences autour des trafics de drogue, mais aussi toutes les luttes, les violences ou les manifestations non déclarées autour des mouvements idéologiques. Il faut bien comprendre que là, quand je dis violence, c'est tel qu'interprété par la police." "Ce n'est pas un juge qui va qualifier des infractions pénales. Non, c'est la police toute seule pour ces renseignements à elle, qui va surveiller des gens qu'elle considère comme dangereux pour le pouvoir en place" - Arthur Messaud Le décret comporte également un couplet sur les réseaux sociaux Surveillance actée des activités sur ces réseaux avec possibilité de recueil des pseudonymes et identifiant, pas les mots de passe, uniquement les informations mises en ligne volontairement en source ouverte. Mais il sera possible de capter les commentaires et surtout les photos, reconnaissance faciale non exclue. La CNIL souligne que le résultat devra être recoupé et qu'il ne suffira en aucune manière à lui seul à fonder une décision à l'égard de la personne. Ces décrets apparaissent comme une nouvelle encoche dans nos libertés. A minima une bombe à retardement si notre histoire démocratique venait à vaciller. Il y a 12 ans, le fichier Edwige prévoyait de collecter - déjà - des informations sur les opinions des personnes fichées. Des mobilisations citoyennes avaient permis de modifier la donne et le gouvernement avait autorisé le recueil de fichier uniquement sur les activités politiques des personnes et non plus leurs opinions.

https://www.franceinter.fr/societe/les-possibilites-de-fichage-de-la-police-discretement-elargit-par-trois-decrets?fbcclid=IwAROOBLQIG199yk__bo9WWFLqJ5nCBIqcSHICjQ-Q

THREE COLOURS ZONES IN THE FACE By Ben Lustenhouwer youtube

Histoire(s) du cinéma 3A GODARD

Martha Argerich & Renaud Capuçon - Recital : Chopin Piano Sonata, Beetho...

Dialogue entre une artiste-peintre chinoise et un peintre-architecte français youtube

Igor SAKHAROV Vidéo tutorial Painting In english youtube

lundi 14 décembre 2020

Martha Argerich Prokofiev Concerto No 3 youtube

LA MINUTE DE RICARDO - Trois Décrèts liberticides

https://youtu.be/XTl1OuNruEg

EN FRANCE : L'inquiétude grandissante de l'audio-visuel face à ce qu'il faut bien appeler LA CENSURE Le monde.fr

https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/12/04/les-journalistes-de-l-audiovisuel-denoncent-une-derive-menacante-pour-la-liberte- 

ÉCONOMIE TÉLÉVISIONS & RADIO Les journalistes de l’audiovisuel dénoncent une dérive menaçante pour la liberté d’informer La profession dénonce des tournages soumis à des conventions de plus en plus intrusives de la part des institutions. Le ministère de l’intérieur a proposé une médiation. Par Aude Dassonville Publié le 04 décembre 2020 à 12h00 Temps de Lecture 3 min. Partage Partage désactivé Partage désactivé Partage désactivé Article réservé aux abonnés Elise Lucet, la présentatrice et rédactrice en chef des magazines de France 2 « Envoyé spécial » et « Cash investigation ». Elise Lucet, la présentatrice et rédactrice en chef des magazines de France 2 « Envoyé spécial » et « Cash investigation ». CHARLOTTE SCHOUSBOE / SCHOUSBOE Charlotte - FTV C’est la goutte d’eau qui a fait déborder un vase qui se remplissait silencieusement. « D’habitude, on travaille chacun de notre côté, raconte Elise Lucet, la présentatrice et rédactrice en chef des magazines de France 2 « Envoyé spécial » et « Cash investigation ». Mais quand on a reçu cette convention de tournage, on a commencé à s’appeler les uns et les autres. C’est rarissime. En quelques heures, tout le monde a répondu présent. » Samedi 28 novembre, les directeurs de l’information des chaînes de télévision, les présentateurs, producteurs, rédacteurs en chef de magazines d’information, les sociétés de journalistes et diverses instances représentatives ont collectivement dit « stop ». Dans une tribune publiée sur le site de Franceinfo, ils s’alarment : « Les tentatives de contrôle de nos tournages par les pouvoirs publics (police, justice, administration pénitentiaire, gendarmerie notamment) n’ont jamais été aussi pressantes (…). En exigeant une validation de nos reportages, les pouvoirs publics veulent s’octroyer un droit à la censure. » A l’origine, les conventions de tournage sont destinées à protéger « la sécurité des personnes ou d’institutions dans des cas très spécifiques », rappelle le texte. Etablies entre les équipes de tournage et les institutions qui les accueillent, elles visent, par exemple, à préciser qui ou quoi flouter. « Respecter l’anonymat d’agents du ministère de la défense, dissimuler les caméras de surveillance dans les établissements pénitentiaires, évidemment, tout cela est déontologiquement acceptable, reconnaît Elise Lucet. Mais il y a clairement une dérive. Ces dernières années, on a progressivement vu apparaître de nouveaux alinéas, des demandes de plus en plus intrusives, qui constituent des entraves à notre métier. » Une velléité de contrôle éditorial quasi total Les récentes conditions réclamées par le service de la communication de la police nationale, à l’occasion d’un reportage à venir pour « Envoyé spécial », ont constitué une sorte de Rubicon. Cette fois, il était exigé de « visionner l’émission dans sa version définitive avant première diffusion, dans un délai permettant une éventuelle modification » – en général, il suffit aux auteurs d’un reportage de montrer les images éventuellement problématiques de manière isolée, sans le son, pour que les chargés de communication constatent le respect des consignes. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Jean Castex s’engage à faire passer l’article 24 de la loi « sécurité globale » devant le Conseil constitutionnel Dans ce même document, les communicants se revendiquaient aussi « seuls habilités à valider définitivement le contenu produit sur les plans juridique, éthique et déontologique », prétendaient interdire « des scènes pouvant être considérées comme choquantes » et soumettaient la diffusion du moindre extrait du reportage à leur « accord express ». Soit une velléité de contrôle éditorial quasi total. Il vous reste 36.74% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés. La suite est réservée aux abonnés.

CORONAVIRUS : Monde à l'envers

https://youtu.be/4HWuWEDh9Zw 

jeudi 10 décembre 2020

"LE CENERI DI GRAMSCI" Les Cendres de Gramsci par Pier Paolo PASOLINI Bilingue - 1ère et 3ème parties


 



Le 10-12-2020




« LE CENERI DI GRAMSCI »

LES CENDRES DE GRAMSCI

Poème de PASOLINI

Première partie


1) Non è di maggio questa impura aria --- 2) Est-il de mai, cet air impur

che il buio giardino straniero --- qui rend ce noir jardin étranger

fa ancora più buio, o l'abbaglia --- plus noir encore, où l'éblouit



3)con cieche schirite... questo cielo --- 4) d'aveugles éclaircies... ce ciel

di bave sopra gli attici giallini -- d'écume au-dessus des aigres terrasses

che in semicerchi immensi fanno velo -- dont l'amphithéâtre immense masque



5)alle curve del Tevere, ai turchini -- 6) les méandres du Tibre, les monts

monti del Lazio... Spande una mortale -- bleu sombre du Latium... C'est une paix

pace, disamorata come i nostri destini, -- mortelle, et résignée, tout comme nos destins



7) tra le vecchie muraglie l'autumnale - 8) que verse en ces vieux murs ce mois de mai

maggio. In esso c'è il grigiore del mondo - d'automne. Il porte en lui la grisaille du monde

la fino del decennio in cui ci appare - la fin des dix années au bout desquelles il semble



9)tra le macerie finito il profondo --- 10) que les ruines aient englouti le naïf

e ingenuo sforzo di rifare la vita ; -- et profond effort de changer la vie ;

il silenzio, fradicio e infecondo -- le silence humide et vain...



11)Tu giovane, in quel maggio in cui l'errore - 12) Jeune alors, en ce mois de mai où faire

era encora vita, in quel maggio italiano - erreur signifiait encore vivre, un mai italien

che alla vita aggiungeva almeno ardore, - qui ajoutait, du moins, à la vie, la ferveur,



13)quanto meno sventato e impuralente sano -14) bien moins insouciant, de santé moins grossière

dei nostri padri – non padre, ma umile - que nos pères – non point père, mais humble

fratello – già con la tua magra mano -- frère – ta maigre main, déjà,



15) delineavi l'ideale che illumina -- 16) esquissait l'idéal qui donne sa lumière

(ma non per noi : tu morto, e noi -- (mais non pour nous : car tu es mort, et nous

morti ugualmente, con te, nell'humido -- sommes morts, avec toi, dans ce jardin



17) giardino) questo silenzio. Non puoi, -- 18) mouillé) au silence. Il ne t'est permis,

lo verdi ?, che ripostare in questo sito -- ne le vois-tu pas, que de dormir en terre

estraneo, ancora confinato. Noïa -- étrangère, toujours banni. Un ennui



21) patricia ti è intorno. E, sbiadito, --- 22) patricien t'entoure. Seul te parvient,

solo ti giunge qualche colpo d'incudine --- étouffé, quelque bruit d'enclume

dalle officine di Testaccio, sopito --- depuis les ateliers du Testacccio, assoupi



23)nel vespro : tra misere tettoie, nudi --- 24) dans le soir : parmi de pauvres hangars,

mucchi di latta, ferrivecchi, dove --- des tas de tôle nue, de la ferraille, où

cantando vizioso un garzone gia chiude --- sournois, un manœuvre en chantonnant achève



la sua giornata, mentre intorno spiove. déjà sa journée, tandis que tout autour cesse la pluie.


FIN de la première partie


Troisième partie :


1)Una straccetto rosso, comme quello --- 2) Un chiffon rouge, comme celui

arrotolato al collo ai partigiani --- noué au cou des partisans

e, presso l'urna, sul terreno cereo, --- et, près de l'urne, sur le sol cendré



3)diversamente rossi, due gerani --- 4) deux géraniums d'un rouge différent

Li tu stai, bandito e con dura eleganza ---- Te voici donc, banni, en ta grâce sévère,

Non cattolica, elecanto tra estranei ---- non catholique, enregistré parmi ces morts



5)morti : le ceneri di Gramsci... Tra speranza 6) étrangers : les cendres de Gramsci... Pris entre l'es-

e vecchia sfiducia,ti accosto, capitato -- pérance et ma vieille défiance, je m'approche, venu

per caso in questa magra serra, innanzi ---- Par hasard en cette maigre serre, face à



7)alla tua tomba, al tuo spirito restato 8) ta tombe, et à ton esprit qui est resté ici-bas parmi

quaggiù tra questi liberi. (O é qualcoza -- ces gens libres ( ou bien c'est quelque chose

di diverso , forse, di più estasiato -- de différent peut-être, de plus extasié


9)e anche di più umile, ebbra simbiosa --- 10) et de plus humble aussi, ivre symbiose

d'adolescente di sesso con morte... ) --- d'adolescence, de sexe et de mort... )

E, da quest paese in cui non sebbe posa --- Et en ce pays, où jamais ne fut trêve



11) la tua tensione, sento quale torto --- 12) ta passion, je sens quel fut ton tort,ici,

qui nella quiete delle tombe- et insieme --- dans le repos des tombes et, en même temps

quale regione – nell'inquieta sorte --- combien tu eus raison – en notre inquiet



13) nostra – tu aversi stilando le supreme --- 14) destin – d'écrire tes ultimes

pagine nei giorni del tuo assassinio. --- pages pendant les jours de ton assassinat.

Ecco qui ad attestare il seme --- Je vois , ici, attestant la semence



15) non encora dispersa dell'antico dominio --- 16)non encore dispersée de l'antique pouvoir,

questi morti attaccati a un possesso --- ces morts attachés à une possession

che affonda nei secoli il suo abominio --- qui plonge au fond des siècles son abomination



17) e la sua grandezza : e insieme, ossesso --- 18) et sa grandeur : et aussi , obsédante

quel vibrare d'incudini, in sordina --- cette vibration d'enclumes, en sourdine,

suffocato e accorante – dal dimesso --- étouffée et poignante – depuis l'humble


19) rione – ad attestarne la fine. --- 20) quartier – pour en attester la fin.

Ed ecco qui me stesso... Povero, vestito --- Et me voici moi-même...Pauvre, vêtu d'habits

dei panni che i poveri adocchiano in vertrine --- que les pauvres lorgnent dans les vitrines



21) dal rozzo splendore, e che ha smarrito --- 22) au clinquant grossier , et qu'est venue faner

la sporcizia delle più sperdute strade --- la saleté des routes les plus ignorées,

delle panche dei tram, da cui stranito --- des banquettes de tram, qui dénaturent,



23) e il moi giorno : mentre sempre più rade --- 24)Pour moi, toute journée : alors que je puis

ho di queste vacanze, nel tormento --- de moins en moins connaître de tels loisirs,

del mantenermi in vita ; e se mi acade --- dans le tourment de survivre, et s'il advient


25)di amare il mondo non è che per violento --- 26) d'aimer le monde, ce n'est que d'un violent

e ingenuo amore sensuale --- et naïf amour sensuel,

cosi come , confuso adolescente, un tempo --- tout comme, adolescent incertain, autrefois,



27) l'odiai, se in esso mi feriva il male - 28) je l'ai haï, quand me blessait en lui, bourgeois

borghese di me borghese : e ora, scisso - mon propre mal, bourgeois : et si le monde est -

con te – il mondo, oggetto non appare - avec toi – maintenant divisé, n'est-ce point objet



29)di rancore e quasi di mistico - 30) de rancœur, de mépris presque

dispresso, la parte che ne ha il potere ? - Mystique, que la fraction qui en détient le pouvoir ?

Eppure senza il tuo rigore, subsisto - Pourtant, sans ta rigueur, je subsiste,



31) perchè non scelgo. Vivo nel non volere - 32) Car je ne choisis point. Je vis sans rien vouloir,

del tramontato dopoguerra : amando - en cet après-guerre évanoui : aimant

il mondo che odio – nelle sua miseria - ce monde que je hais – en sa misère


sprezzante e perso- per un oscuro scandalo della conscienza

méprisant et perdu- par un scandale obscur de la conscience


Fin de la troisième partie et fin provisoire de cette publication

Cette œuvre, Pasolini l'a écrite en 1954. Elle a été traduite par

José Guidi . Ed. Gllimard NRF Col. Poésie/Gallimard – Poésies 1953-1964 Pier Paolo Pasolini

lundi 30 novembre 2020

SUR LA "PLACE DE LA NATION" On prend ses marques Malgré les masques





A Paris Le 30-11-2020



SUR LA « PLACE DE LA NATION »

On prend ses marques

Malgré les masques




Au travers des rangs de nuages insistants

Le soleil mord – il tranche mais il prend son temps

Noire Marianne regarde Place en guetteuse

Soleil ! Tu lui lances ta lumière rieuse !



Marchand ambulant ! Tes fruits égayent mon banc

Autour duquel des passants tournent et retournent

Ronronnement de la ville où le trafic s'enfourne...

Vibre dessous – gronde : « Prolétaire Serpent » !



Travailleurs infatigables pressant leur vie

Pendant que vieillards au pas feutré la comptent...

Marchand ambulant ! Tu vends tes fruits à l'envie !

Ma ville ! Ta rumeur – d'un seul coup remonte

Sur le fond de résonance des boulevards...

2 Heure ! Je t'abandonne trace d'un humble art

 

dimanche 29 novembre 2020

POUR UNE AMIE - "La Délie" Disparue





Paris Le 30-11-2020



POUR UNE AMIE :

« La Délie » Disparue




Dans le froid blêmissant crépite la douleur

Pour un être si endurci au « Jeu de Paumes »

Qui semblait avoir assassiné son malheur

C'était sans compter l'unique étoile et son baume


Avait-elle joué l'exil et son errance

Toujours est-il que « Délie » avait disparu

« Rose de personne » - « De seuil en seuil » : perdus

Or la fontaine ne brûle dans son essence...


A moins que glacée ou asséchée – elle meurt

Et on n'aurait entendu aucune complainte

Mais l'amande ne tremble à l'écoute du cœur

Descendue d'yeux jaloux nourris de tant d'absinthe


Qui est blessé ? Corps se perdant en division ?

Le noyau de la nuit au-delà du froid blême

Appelle tout Paris à lever son bâillon

Toi ! D'où tu es : Unis ta lumière que j'aime


Pour « bête immonde » ne sera fécond le temps

Les amis de ta jeunesse crient toujours : « Gare » !

Et nul ne peut les séparer sauf s'il prétend

Couper la poire en deux et s'ériger en phare !


Mais quel amour resterait-il à partager ?

O Ma douce amie – Musique suave en guerre

Ferait à l'unisson tel ramdam enragé

Que ton étoile même en perdrait sa lumière !

 

OSSIP MANDELSTAM : Un poète russe à la mesure de son temps



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Babel


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En poésie, la parole est libre - Page 3 Empty Mandelstam (1)

Message  Babel le Ven 3 Jan - 11:52

Citations et extraits :
La poésie est un pouvoir, car pour elle on vous tue.
****
Au peuple il faut un vers secrètement natal 
Pour qu’indifféremment il secoue sa torpeur 
Et qu’avec la vague de châtaigniers aux boucles de lin 
Il se lave dans le souffle du vers.

***
Ce qui distingue la poésie de la parole machinale, c’est que la poésie justement nous réveille, nous secoue en plein milieu du mot. Ce dernier se révèle alors à nous d’une étendue bien plus vaste que nous ne l’imaginions, et nous nous rappelons soudain que parler veut dire : se trouver en chemin.
(...)

Nel mezzo del cammin di nostra vita (1)- au milieu du  chemin de ma vie, j'ai été arrêté dans l'épaisse forêt soviétique par des bandits qui se disaient mes juges. C’étaient des vieillards au cou noueux, à la petite tête d’oie, indignes de porter le poids des ans. Pour la première et la seule fois de ma vie, la littérature eut besoin de moi, elle me pétrissait, me ballottait, me malaxait, et tout était terrible comme dans un rêve de jeune enfant. (...)

Je m'extirpe de ma pelisse littéraire et la piétine. Avec ma seule veste par un froid de moins de trente degrés je ferai trois fois le tour des boulevards circulaires de Moscou. Je me sauverai de cet hôpital jaune qu'abrite le passage Komsomol pour aller à la rencontre de la pleurite, d'un refroidissement mortel, pourvu que je n'aperçoive plus, boulevard Tverskoï, les douze fenêtres éclairées de l'obscène maison où vivent les Judas, pourvu que je n'entende plus sonner les deniers d'argent, ni le comptage des feuilles imprimées. 

(L’Entretien sur Dante, traduction Jean-Claude Schneider - Éd. La Dogana) 

(1) Il s'agit du premier vers de La Divine Comédie de Dante

______________
Ossip Mandelstam.
Né en 1891. Poète acméiste, proche d'Akhmatova, de Tsvétaïeva et de Pasternak. 
La lecture de son poème sur Staline (cf. message précédent) lui vaut d'être envoyé en camp, en 1934, à Voronej, où il rédige trois cahiers de poèmes. Libéré en 1937, il est à nouveau déporté l’année suivante, et meurt le 27 décembre 1938 près de Vladivostok.

Ce n'est qu'après l’effondrement de la dictature bureaucratique stalinienne qu’une édition partielle de ses œuvres est réalisée en Russie.

Ajoutons que rien n’aurait été possible sans la ténacité et le courage de sa femme, Nadedja, qui apprit ses textes par cœur, les fit circuler clandestinement, et leur permit ainsi d’échapper à la destruction. La lecture de son livre de mémoires Contre tout espoir est vivement conseillée.


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Message  Babel le Ven 3 Jan - 12:12

Extraits des Cahiers de Voronej piochés sur la toile.


En me privant des mers et de l’élan et de l’aile, 
en donnant à mon pied l’assise d’une terre violente 
qu’avez-vous gagné ? Piètre calcul!
Vous ne m’avez pas pris ces lèvres qui remuent ".

mai 1935, Voronej.

***

Non, ce n'est pas la migraine, mais donne-moi le bâton de menthol, 
Ni les langueurs de l'art, ni les couleurs de l'espace joyeux ... 

Ma vie a commencé dans l'auge humide de grasseyantes paroles, 
Elle a continué en tendre soie de lampes à pétrole. 

Puis quelque part dans la datcha, dans le livre chagrin du bois, 
Elle a pris feu dieu sait pourquoi, en énorme incendie lilas. 

Non, ce n'est pas la migraine, mais donne-moi le bâton de menthol,  
Ni les langueurs de l'art, ni les couloirs de l'espace joyeux ... 

À travers des verres de couleur, ensuite, j'entrevois péniblement :  
Une terre comme calvitie rousse, un ciel comme massue menaçant ... 

Plus loin encore cela m'échappe, plus loin c'est comme en guenilles, 
Une vague odeur de résine et comme d'huile de baleine rancie ... 

Non, ce n'est pas la migraine, mais le froid de l'espace asexué,  
Le cri de la gaze qu'on déchire, le roucoulis de la guitare phénolée ... 

23 avril - juillet 1935, Voronej. (Traduction de Philippe Jaccottet.) 


***

La mendiante

Je ne suis pas encore mort, encore seul, 
Tant qu'avec ma compagne mendiante 
Je profite de la majesté des plaines, 
De la brume, des tempêtes de neige, de la faim. 

Dans la beauté, dans le faste de la misère, 
Je vis seul, tranquille et consolé, 
Ces jours et ces nuits sont bénis 
Et le mélodieux labeur est sans péché. 

Malheureux celui qu'un aboiement effraie 
Comme son ombre et que le vent fauche, 
Et misérable celui qui, à demi mort, 
Demande à son ombre l'aumône. 

Janvier 1937, Voronej. (Traduction P. Jaccottet)

***

Ce cher levain du monde – 
sons, larmes, labeurs –
les accents pluvieux
des malheurs qui commencent à bouillir
et les pertes phonétiques,
d’om, de quel minerai, les retirer ?

Première fois que dans  la mendiante
mémoire tu pressens ces fosses
aveugles, pleines d’une eau cuivreuse –
et sur leurs traces tu marches,
de toi dégoûté, de toi inconnu –
à la fois l’aveugle et son guide

Voronej, janvier 1937. (Traduction de J-C Schneider.)

***

A mes lèvres je porte ces verdures, 
Ce gluant jurement de feuilles,  
Cette terre parjure, mère 
Des perce-neige, des érables, des chênes. 

Vois comme je deviens aveugle et fort 
De me soumettre aux modestes racines,  
Et n'est-ce pas trop de splendeur 
Aux yeux que ce parc fulminant ? 

Les crapauds, telles des billes de mercure, 
Forment un globe de leurs voix nouées, 
Les rameaux se changent en branches  
Et la buée en chimère de lait. 

30 avril 1937, Voronej - (Traduction de P. Jaccottet.) 

***

Sur la terre vide clochant malgré elle 
D'une démarche irrégulière et douce, 
Elle va, devançant un petit peu 
Sa rapide compagne et l'ami plus âgé à peine. 
Ce qui l'entraîne est la légère entrave 
De cette infirmité qui vivifie,  
Et l'on dirait que voudrait s'attarder 
Dans sa démarche le soupçon lucide 
Que cette journée de temps printanier 
Nous est l'aïeule de la voûte du tombeau 
Et que tout commence éternellement. 

Il est des femmes proches de la terre humide. 
Et chacun de leurs pas est un sanglot sourd. 
Leur vocation est d'escorter les morts 
Et, les premières, d'accueillir les ressuscités. 
C'est un crime d'en exiger de la tendresse. 
Au-dessus de nos forces de nous en séparer.  
Ange aujourd'hui, demain ver du tombeau, 
Après-demain -  simple contour, à peine.  
Ce qui fut notre pas sera hors de portée, 
Les fleurs seront immortelles. Le ciel d'un seul tenant. 
Et ce qui adviendra : simple promesse. 

4 mai 1937, Voronej. (Traduction de P. Jaccottet.)

Babel


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En poésie, la parole est libre - Page 3 Empty Mandelstam (3)

Message  Babel le Sam 4 Jan - 17:08

Poèmes lus sur Peozibao : 

                                                         Le 1 janvier 1924 

Le temps - celui qui sur sa tempe meurtrie l'embrassa, 
Avec une tendresse filiale ensuite 
Il se souviendra que le temps, pour dormir, s'est couché 
Sous la fenêtre dans l'amoncellement du blé. 
Le siècle - celui qui en a soulevé les paupières malades 
(Deux pommes somnolentes, lourdes) 
Entend la rumeur, l'incessante, depuis que grondèrent 
Les fleuves des temps mensongers, sourds,  

Il a deux pommes somnolentes, le souverain-siècle, 
Et une belle bouche d'argile,  
Mais sur la main languide de fils vieillissant 
Il se penche, agonise. 
Je sais : le souffle de vie s'use chaque jour,  
Encore un - et ils interrompent 
Le chant simple qui parle des offenses d'argile, 
Et les bouches, ils y coulent de l'étain. 

Ô la vie argileuse ! Ô l'agonie du siècle ! 
Celui-là seul, je le crains, te comprend, 
En qui habite le sourire impuissant de l'homme 
Qui s'est perdu à lui-même. 

Quelle douleur - chercher la parole perdue, 
Relever ces paupières douloureuses 
Et, la chaux dans le sang, rassembler pour les tribus 
Étrangères l'herbe des nuits. 

Siècle. La couche de chaux dans le sang du fils malade 
Durcit. Moscou sommeille, une huche de bois. 
Et aucun lieu où fuir le souverain siècle ... 
La neige a une odeur de pomme, comme jadis. 
J'ai envie de fuir loin de mon seuil. 
Mais où ? La rue est sombre 
Et, comme du sel répandu sur les pavés, 
Ma conscience, étalée devant moi, blanchit. 

Par les ruelles, entre les taudis, sous le rebord des toits, 
J'avance, sans aller loin, tant bien que mal, 
Caché, banal voyageur, dans ma fourrure de courant d'air, 
Longtemps je m'efforce d'agrafer la couverture. 
Défile une rue, une autre encore, 
Craque comme une pomme le bruit gelé des traîneaux, 
Et le nœud, trop serré, résiste, 
Sans cesse échappe de mes mains. 

Avec tout un chargement de quincaillerie, de ferraille, 
La nuit d'hiver gronde dans les rues de Moscou. 
Cogne à coups de poissons gelés, jaillit avec la vapeur 
Des maisons de thé roses - on dirait l'écaille d'un gardon. 
Moscou - une fois de plus Moscou : "Je te salue". 
Je lui dis : "Pardonne, il n'y a plus de mal. 
Comme autrefois, je les accepte pour frères. 
Cette morsure du gel, ce verdict du brochet." 
Flamme sur la neige, la framboise de l'apothicairerie, 
Quelque part crépite l'underwood ;  
Le dos du cocher, presque une archine de neige :  
Quoi de plus ? On ne te touchera pas, te tuera pas. 
La beauté de l'hiver, dans les étoiles un ciel de chèvre 
S'est répandu, son lait brûle. 
Et contre les patins gelés la couverture frotte 
Sa crinière de cheval et siffle. 

Mais les venelles boucanées au pétrole 
Ont avalé neige, framboise, glace, 
Pour eux tout pèle, rappelle la sonatine des Soviets,  
Les fait se souvenir de l'année vingt. 
Est-il possible qu'à l'ignoble médisance je livre 
- Il a encore son odeur de pomme, le gel - 
Cet étrange serment que je fis au quatrième était, 
Lourdes promesses jurées jusqu'aux larmes ? 

Qui d'autre vas-tu tuer ? Qui d'autre rendre illustre ? 
Des mensonges, lequel inventeras-tu ? 
Ce cartilage de l'underwood : plus vite arrache la touche - 
Et tu trouveras la mince arête du brochet ; 
La couche de chaux dans le sang du fils malade 
Se dissipe, et de bonheur le rire gicle ... 
Mais les machines à écrire - leur sonatine simple 
Est l'ombre seulement de ces puissantes sonates. 

Traduction de Jean-Claude Schneider.  


L'homme qui trouve un fer à cheval 
Regardant la forêt nous disons : 
Voici la futaie à vaisseaux et mâtures, 
Les pins roses, 
Jusqu'à la cime dépouillée de leur fardeau floconneux, 
Bien dignes de grincer dans la tempête, 
En arbres solitaires, 
Dans un air furieux, déboisé ; 
Rivés au pont dansant du navire, 
Ils garderont leur aplomb sous les talonnades salées du vent. 

Et le navigateur 
Dans sa soif débridée d'espace, 
Traînant par les cahots humides son frêle instrument de géomètre, 
Confrontera à l'attirance du giron de la terre 
La surface rêche des mers. 

Et nous, humant l'odeur 
Des larmes résineuses qui suintent à la coque du navire, 
Admirant ces planches 
Rivetées, composées en étanches cloisons 
Non par le charpentier de Bethléem mais par l'autre 
- père des voyages et ami du marin -  
Nous disons :  
Ils ont eux aussi connu la terre 
mal commode comme l'échine d'un âne ; 
Alors, de toutes leurs cimes, ils oubliaient leurs racines, 
Sur quelque illustre cordillère 
Et bruissaient dans l'averse fade, 
Proposant vainement au ciel d'échanger contre une pincée de sel 
Leur noble fardeau. 

Par où commencer ? 
Tout craque et tout tangue. 
L'air frémit de comparaisons. 
Nul mot qui n'en vaille un autre, 
La terre gronde de métaphores 
Et les agiles carrioles, 
Attelées à des nuées voyantes d'oiseaux épaissies par leur effort, 
S'émiettent 
A vouloir rivaliser avec les favoris hennissants de l'antique hippodrome. 

Heureux trois fois qui dans le chant fera entrer un nom ; 
Parée d'un nom sa chanson 
Vit plus longuement parmi ses compagnes, 
Reconnaissable au bandeau de son front 
Qui la préserve de la folie, de tout parfum entêtant, 
De l'approche du mâle 
Comme de la senteur laineuse d'une bête puissante 
Ou de l'odeur du thym écrasé entre deux paumes. 
Parfois l'air est obscur comme l'eau et toute vie y nage, poisson 
Écartant des nageoires la sphère 
Compacte et souple, à peine tiédie - 
Cristal où se meuvent des roues et des chevaux s'effarouchent, 
Humide terreau de Nérée, chaque nuit relabouré 
A renfort de fourches et de tridents et de houes et de charrues. 
L'air est pétri d'une pâte aussi dense que la terre - 
On n'en peut pas sortir et il est dur d'y entrer. 
Un frisson parcourt les arbres comme un battoir vert ;  
Les enfants jouent aux osselets avec des vertèbres d'animaux morts. 
Le comput de notre ère touche à sa fin. 
Merci pour ce qui fut : 
Moi le premier je me suis trompé, j'ai perdu le fil et le compte. 
Notre ère tintait comme une boule d'or, 
Creuse, lisse, que nul ne soutenait, 
Et répondait au moindre attouchement par "oui" et "non". 
C'est ainsi qu'un enfant vous répond :  
"Je te donnerai" ou "je ne te donnerai pas cette pomme" 
Et son visage est l'empreinte fidèle de la voix qui prononce ces mots. 

Le son vibre encore quand la cause du son a disparu. 
Le cheval gît dans la poussière, il hennit, couvert d'écume, 
Mais la torsion violente de son cou 
Garde mémoire de la course aux foulées gaspillées, 
Lorsqu'il avait non pas quatre membres 
Mais autant qu'il y a de pierres sur la route, 
Quadruplement relayées 
A chaque rebond sur la terre de son amble brûlant. 
Ainsi l'homme qui trouve un fer à cheval 
Souffle pour en chasser la poussière 
Et le frotte avec de la laine jusqu'à le faire briller 
Ensuite 
Il l'accroche à sa porte 
Pour lui donner du repos 
Et ce fer n'arrachera plus d'étincelles au silex. 
Les lèvres d'hommes 
qui n'ont plus rien à dire, 
Gardent l'image du dernier mot proféré, 
Comme, dans notre main, demeure le sentiment d'un poids 
Alors que la cruche s'est à demi vidée sur le chemin de la maison. 
Ce n'est pas moi qui dis ce que je dis là, 
Ce sont des mots extraits de la terre comme des grains 
d'un froment pétrifié. 

Certains sur des monnaies figurent un lion, 
D'autres une tête ; 
Cuivre ou bronze, ces pastilles 
Ont même honneur dans la terre où elles gisent. 
Le siècle, à vouloir les éprouver, y a imprimé ses dents. 
Le temps me rogne comme une pièce de monnaie 
Et je me fais à moi-même défaut. 

1923, Moscou. Traduction de Louis Martinez.