samedi 31 mars 2012

A PLEINE JOUE

A PLEINE JOUE




Ai-je volé le cœur d’un désir
Pour qu’il me revienne
En soupirs hachés ?!


Mais … Vigilance ! Vigilance !
Ne pas sécher le souvenir
Aux vengeances
Du vent


L’argent – le nerf de l’oubli
Martèle le fer rouge
Où supplient
Les baisers
De ne pas être rongés
De ne pas être happés
Par la frappe du temps


Et c’est bon vent
Qui les rapporte
En neufs


Crie ! O crie ! Désir
Métamorphosé en prose
Coupante
Et travaille au larmier
Qui perle des fleurs


Germée au fendant des oracles
Inscrite dans le grain solaire
Où s’irisent tes lèvres –
Monte ! Verbeuse forêt des mots
Et tacle les pieds fous
Qui s’aventurent
Dans les brins d’herbes sauvages
Pour y inscrire un but


Mais oublie le vol de tes armures
Ne te caparaçonne plus
Dans tes arbres


S’il y pleut des chants d’oiseaux
Assouvissant la soif des hauteurs –
Qui aura pleine joue
Sur un sein de neige ardent
Qui se plonge dans le chuchotis
Où insiste une source
Qui la remonte pour chuter
Sur les pierres en avalanche
D’un poème
Se réveillera … Se réveillera
Comme dans une maison de fée

jeudi 29 mars 2012

PARE-FEU

PARE-FEU




Je paradais
Glue à la patte …
Chaux vive dans son âme –
Désembaumé fut mon corps
Au sortir d’hiver
Sous bon vent de Neptune
Aux lèvres d’Astrée


Ici : pluie sur neige
Puis – soleil … Soleil sciant
Ma plume
Jusqu’aux rhizomes d’une promesse
Il rit – chahute et chante
Plante fleurs et bourgeons
Là où tout fut transi
Par le gel


Cependant – ma parole
Etait encore embourbée
Comme charogne
Au bord de mon sourire

Rougie à la blanche lumière
Des citadelles blanches –
Elle entra en insurrection –
Se stupéfiant d’un long éclat d’os –
Elle sortit de sa chair élaguée
Et chiffonna son tronc
Contre la mort


Elle s’acharna – s’acharna –
Arme d’Armageddon –
Elle trancha – trancha
Au cœur d’Aphrodite
Et ses larmes ne s’asséchaient plus
Leurs crues délitées
Furent un poème à roses d’azur
Qui garda leurs plis recharnés
Pour le futur


Soupirant à la nasse de ses feux
Ses nerfs – lentement – s’assouplirent
Et – façonnant un corps neuf –
Se mirent à souffler le verre
Comme fragile il était !


Exécutant le flasque de ses laves –
Il se construit maintenant
Dans une durée de basalte
Comme un pare-feu


Plus tracées sont les lignes de l’instant
Plus s’effacent les signes du hasard
Et le passé insiste alors
A la porte noire
Du présent pétrifié

mercredi 28 mars 2012

BEANCE

BÉANCE



Ici – béance musicale :
L’adorée mi-ciel
Use le vide
Dans l’enchevêtrement des hauteurs


Le chant des oiseaux brave
Le soleil baissé sous toit
D’où sonnent des voix
Qui s’y cramponnent …


Il se tait – Il se cache -
Avec la haleur cristalline
Il découpe une chaîne blanche
Au cou de l’horizon bleu-azur


Tâches dans la prairie –
Joie ! Primevères
Jusque dans la froidure
De l’ombre


La soif de distance
S’étanche dans le lointain-proche
Qui devise dans les montagnes


Dans l’arène du silence
Qu’enchantent merle et fauvette
S’enroule la passacaille du désir
Qui monte en roseraie
Sur les joues du Mont-Blanc


L’instant glisse hors de ma voix –
La fauche
Descendant abruptement
En élan de loup
Dans la veille qu’attendent
Les étoiles

dimanche 18 mars 2012

LE RIDEAU

LE RIDEAU



La nature a tiré un rideau opalin
Sur les citadelles
Elle leur a volé l’or du couchant


Éternité mouchetée
De cotonnades gonflées de silence
Marbrant lourdement les sapins
Striant de cristal
Les herses des arbres


Le ciel – tamis blanc pour blanc –
Se confond avec la terre


Lustre – voile – ivoire …
Pendaison du vide
Habillé du corps d’hermine
Qui – sans un cri –
Glisse dans la face de la nuit


Sept heures à la cloche :
Le temps se marque
Et le rideau s’ouvre


Merle ! Vois-tu les forêts de l’adret ?
Il ne neige plus … Tu chantes !...