dimanche 29 janvier 2012

DANS LA CITADELLE

DANS LA CITADELLE

Dans cette bouche glacée de la ville

On est comme baigné

Au cœur de citadelle

On est dedans-dehors

Silence …

Et le vide qui vous porte

Est grimé

Par des yeux blancs et sauvages

Catapultés hors des lèvres du désir


Ce jardin – votre amphithéâtre –

Le gardien de votre veille

Votre regard s’y enfile

Entre les mille feux qui l’enserrent –

Chien et loup


Vous rencontrez des gens de bohème –

Pauvres reclus dans l’ombre –

Ils sont le château de vos étreintes

Quand l’humanité se terre

Derrière un univers de pierre


Vous secouez le temps

Il vous arme de ses conquêtes

Il ne se loge pas dans l’horloge

Qui – en face – pourrait stupéfier

Vos sens –

Ce temps « moderne »

Qui rythme le mépris

Et accélère le démembrement

De l’Homme Commun


Dites – Poètes … !

La voyez-vous venir cette histoire mécanique

Qui broie les respirations

Et les colle au mur de son ombre –

Mordant ainsi de ses spasmes de machine

La tendresse et la chair de ses combats


On ne peut oublier ses monstres

Habillés par la puissance virtuelle

Du calcul automatique

On ne le peut …

Mais que grandisse l’espace des pas

Au cœur de la citadelle

Où plonge le verbe séparé … :

Ce sont mille et mille sources

Où puisent les renaissances

Incarnant des acteurs sans mur -

Où fléchit la courbe de l’histoire …


On y accroche la grande palme

D’un charme mystérieux –

Celle – vibrante-palpitante

De cœurs audacieux

Là – au creux de l’épaule :

Remontant le sang de la misère

Dans la chaleur resserrée

D’un corps rassemblé …

Là – exténuant les mains

Qui tiennent le gouffre captateur


Comme un seul et même arbre du savoir

Levé vers l’horizon

Relevant la lumière

A la pointe du jour

Pour faire oublier

Le gel de la mémoire


Et la clairière du souvenir

Éclairera les forêts précaires

Elle dira les fleurs qui s’en dégagent

Comme celles

De nos histoires défaites

Et entrera

Dans la puissance universelle

De l’aimer …


Et son infini ouvert

Se dégage du gel

Avec chaleur – ouvrant

Les portes de tous les seuils

Avec des fontaines bruissantes –

Elle écartera les bras –

O leur tintamarre ! –

Qui étranglent –

Au vif de leurs places fortes

Envahissantes mais séparées –

La pensée – le poème …

Elle – fondue dans la chair de la beauté

Et de la justice –

Ouvrira les vannes

Et tracera dans la terre des égaux

De la grande différence

Oubliée dans la citadelle –

Celle du pauvre –

Du pauvre-« canaille »

Du pauvre « étranger »

Celui que n’éclairent pas

Les feux de la rampe

Celui-ci qui aveugle

Mais n’existe dans aucun compte


Puisqu’ici toute veille est un guet

Nous accorderons l’ombre de notre bohème

Avec un grand soleil généreux

Et la longue nuit – et le silence

Retentissent de la lueur

D’un cri modulé :

Celui de la longue nuit des oubliés

Qui garantit l’excroissance parasitaire

Des monstres froids

Celui de l’horizon blafard

Où la richesse fait ses comptes

A part – dans l’ignorance crasse

De la pensée

Celui de la perte de sens

Où s’abandonnent

Les phares du monde

Et par-dessus tout :

Celui de la liberté

Qui accuse ses assassins

Dans une longue nuit d’indifférence

Et cela jusque dans notre pays –

Dans notre citadelle !


Poètes – qu’êtes-vous si vous

Compatissez avec les difficultés

Des puissants ?

Qu’êtes-vous si vous n’entendez

Rien que l’appel du pouvoir et des places et des prébendes ?

Non – vous n’existez qu’à donner voix

Qu’à libérer paroles

Cela pour réenchanter

Cela pour faire source

Avec le verbe

Aujourd’hui vous portez sens et mémoire

Ici et maintenant votre monde

Est le monde

Où s’entend sourdre

Le souffle des humiliés – des bafoués

Des déshérités et …

Par-dessus tout – celui qui – parmi eux –

Bat entre les murs des places fortes

Pour lever le grain de l’aurore

Sans rien attendre

Que l’écho des gens du peuple !


Dans cette nuit parisienne où s’entend

Le froissement du silence

Sous les mille lumières

Qui mouchettent dans la citadelle

Dans les confidences chuchotées

De la pauvre bohème –

Le temps de la liberté sonne autrement

Que comme représentation

Il rentre effronté

Dans la chaleur d’une voix

Qui désenchaînée de la puissance

A résonné poétiquement

Dans notre voix

Il y eut d’autres voix

Qui firent concert

Elles ont dégelé la présence

Au pays et au monde !

dimanche 22 janvier 2012

MONDE - TERRE - TEMPS ET DESIR

MONDE – TERRE – TEMPS ET DESIR

Le temps que l’on n’attend pas

Est à l’envers de la promesse

Il vibre avec le hasard

Et s’emporte avec la terre qui tourne


Le temps des frimas

Celui des vents en tempête

Celui des tremblements de terre

Des ouragans

Où la terre imprime sa trace interne


Celui des convulsions du désir

Implose où « ça » cogne

En une âme et un corps

Celui de la perdition

Où « ça » imprime sa trace interne


Mesure pour mesure

Rien n’y fait

Promesse perdue


Et – sans boussole –

Tout tourne en vitesse – précipitation

« ça » accuse le destin

Mais l’aube des hasards clandestins

Mesure aussi l’Homme

Elle lui trace un chemin


Le temps des monstres est hystérique

Leurs spasmes qui –

Partant de leur présence à tout prix –

De la nouveauté à tout prix –

Préparent les incendies des cœurs


L’histoire remue-remue

Mais n’avance pas

Autres traces – autre chemin

Les mains-les pas

Hors des cycles du monde

Dans ceux de la terre

Quelques soient ses mystères


Les mains-les pas

Pour bâtir un temps pacifique

Où – seul le désir s’accorde

Avec le besoin

Et la terre tournera

Dans la justesse et la justice

Cosmologiques de ses biens



Avec la lampe d’Aladin

Souffler un grand vent

De générosité et d’amour

Qui ne nous séparera plus

Des catastrophes

D’une terre

Et d’un désir inquiet

Par la guerre


Un pas de plus

Et des mains qui s’entrecroisent

Saisiront l’aube des hasards clandestins

Pour accompagner

Le divers

En une même source

De fraternité

samedi 21 janvier 2012

OMBRE ET LUMIERE

OMBRE ET LUMIERE

Lueur – fil d’épée

Saignant les bords en pierre

Où s’enfile

Un tunnel phosphorescent


Fruit de la douleur

Dans les arbres nus

D’où semble se fondre

Un Allgemeines à la main liée

Aux murs qui happent les ombres

Et écrasent sa pulpe


La ville-monde

Aux crochets de grenaille

Aux ballons-sonde

Qui se délestent des appels

Celle qui parie encore

Sur sa scène

Paris-Seine qui s’ouvre

Dans ses corridors

Aux surprises des ruelles


Là où étincelle le concert

Des rumeurs

En ruades de tambour

Là rumine la nuit

Qu’embrassent les lèvres tuméfiées

Du carrefour

Où les balcons rugissent de rêves

Et d’amour- mélangés


Gri-gri aux doigts de la fileuse :

Le soufflet d’oiseuse

Qu’elle actionne

Met le feu à la lueur

C’est la brise découpant

Le silence à la lumière

Qui passionne la veille

Et pluie encornant nuit

Vous vous lancinez d’une fin

Celle du poème

Que vous avez lancé

A la corde d’un tunnel obsolescent

Là où avait rugi la ville

Avant qu’elle ne veille

Aux bornes de vos amours


Mais l’infini a fait son travail

Sans étoile

Il vous a dépossédé

De l’arme obscure de votre errance


L’oiseuse est là

Cette Muse qui vous jette

Son sourire de charme

Et le clapotis des gouttes

C’est sa sueur qui – du ciel

Se vide du jour

mercredi 18 janvier 2012

POUR ANGYE GAONA

POUR ANGYE

Ils voudraient te séparer

De la chair et de la pulpe

Car ils n’entendent rien

Que ce qui fait appétit

De leur puissance incarnée

Par les escadrons


Avec les veilleurs qui tancent

L’éternité

Pour arracher la liberté

Aux appétits féroces


Avec l’infini rencontré

A la porte des blés

Où vont s’égrener

Les paroles libérées


Tu sais : ce pauvre qui rumine

Dans la proximité du silence

C’est ton air – c’est ta demeure

Et son ombre est la chair

De tes commencements


Il n’y a plus de silence

En ta demeure

Plutôt l’or fondu sur tes lèvres

Plutôt le vent triomphant


Que notre parole s’instruise de toi

Avec tes sauts – tes enjambées

Qui couvrent le toit des misères

Tu les recharpentes

A l’image des libres conjugaisons

Où s’architecture l’ombre avec le soleil


Femme-poète au sang d’argile

Femme au grand soleil d’aurore !


Là où s’affaissent les dos

Là où les fronts heurtent les murs

Ta main offre son labeur

Tes respirations – rafraîchies – se décalcinent

Et offrent leur souffle


Poète – dans la sueur et le sang du monde –

Femme – dans la douleur qui le ronge –

Que serait la beauté

Si tu ne devais rugir – toi par-dessus tout –

Contre l’indifférence complaisante !


Accordée aux chemins de traverse

Où passe et repasse l’Homme

Ton chant n’est jamais

Que le surcroît de grâce

S’accordant à une levée

Même si tu la sens

Ecrasée ou cassée par l’inferno

Il aura redonné fierté à cet espoir

Et, c’est ta fierté – c’est ta liberté


Doucement – ta liberté desserre

Les sangles du temps

Et les rentre dans la terre

De tes poèmes

Tristes – les ombres des rêves

Sortent peu à peu de leur antre !


Evasant l’avenir

Tu ne rases les murs

Les vois-tu s’assainir

Les couloirs du futur ?


Oui ! C’est ta liberté

Qui chante par-delà les océans

Par-delà montagnes et vallées

Nous la voulons souveraine

Partagée sur la grande scène

Des gens de ton peuple

Et pour l’Humanité

Quand la furie des puissances

Hurle sa liberté de tuer

Et de bâillonner