lundi 14 décembre 2020

EN FRANCE : L'inquiétude grandissante de l'audio-visuel face à ce qu'il faut bien appeler LA CENSURE Le monde.fr

https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/12/04/les-journalistes-de-l-audiovisuel-denoncent-une-derive-menacante-pour-la-liberte- 

ÉCONOMIE TÉLÉVISIONS & RADIO Les journalistes de l’audiovisuel dénoncent une dérive menaçante pour la liberté d’informer La profession dénonce des tournages soumis à des conventions de plus en plus intrusives de la part des institutions. Le ministère de l’intérieur a proposé une médiation. Par Aude Dassonville Publié le 04 décembre 2020 à 12h00 Temps de Lecture 3 min. Partage Partage désactivé Partage désactivé Partage désactivé Article réservé aux abonnés Elise Lucet, la présentatrice et rédactrice en chef des magazines de France 2 « Envoyé spécial » et « Cash investigation ». Elise Lucet, la présentatrice et rédactrice en chef des magazines de France 2 « Envoyé spécial » et « Cash investigation ». CHARLOTTE SCHOUSBOE / SCHOUSBOE Charlotte - FTV C’est la goutte d’eau qui a fait déborder un vase qui se remplissait silencieusement. « D’habitude, on travaille chacun de notre côté, raconte Elise Lucet, la présentatrice et rédactrice en chef des magazines de France 2 « Envoyé spécial » et « Cash investigation ». Mais quand on a reçu cette convention de tournage, on a commencé à s’appeler les uns et les autres. C’est rarissime. En quelques heures, tout le monde a répondu présent. » Samedi 28 novembre, les directeurs de l’information des chaînes de télévision, les présentateurs, producteurs, rédacteurs en chef de magazines d’information, les sociétés de journalistes et diverses instances représentatives ont collectivement dit « stop ». Dans une tribune publiée sur le site de Franceinfo, ils s’alarment : « Les tentatives de contrôle de nos tournages par les pouvoirs publics (police, justice, administration pénitentiaire, gendarmerie notamment) n’ont jamais été aussi pressantes (…). En exigeant une validation de nos reportages, les pouvoirs publics veulent s’octroyer un droit à la censure. » A l’origine, les conventions de tournage sont destinées à protéger « la sécurité des personnes ou d’institutions dans des cas très spécifiques », rappelle le texte. Etablies entre les équipes de tournage et les institutions qui les accueillent, elles visent, par exemple, à préciser qui ou quoi flouter. « Respecter l’anonymat d’agents du ministère de la défense, dissimuler les caméras de surveillance dans les établissements pénitentiaires, évidemment, tout cela est déontologiquement acceptable, reconnaît Elise Lucet. Mais il y a clairement une dérive. Ces dernières années, on a progressivement vu apparaître de nouveaux alinéas, des demandes de plus en plus intrusives, qui constituent des entraves à notre métier. » Une velléité de contrôle éditorial quasi total Les récentes conditions réclamées par le service de la communication de la police nationale, à l’occasion d’un reportage à venir pour « Envoyé spécial », ont constitué une sorte de Rubicon. Cette fois, il était exigé de « visionner l’émission dans sa version définitive avant première diffusion, dans un délai permettant une éventuelle modification » – en général, il suffit aux auteurs d’un reportage de montrer les images éventuellement problématiques de manière isolée, sans le son, pour que les chargés de communication constatent le respect des consignes. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Jean Castex s’engage à faire passer l’article 24 de la loi « sécurité globale » devant le Conseil constitutionnel Dans ce même document, les communicants se revendiquaient aussi « seuls habilités à valider définitivement le contenu produit sur les plans juridique, éthique et déontologique », prétendaient interdire « des scènes pouvant être considérées comme choquantes » et soumettaient la diffusion du moindre extrait du reportage à leur « accord express ». Soit une velléité de contrôle éditorial quasi total. Il vous reste 36.74% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés. La suite est réservée aux abonnés.

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