AUJOURD’HUI , POÈME
Poème à la claire saison
démontée :
Tu n’es plus un soupir à
la porte pétrifiée des songes
Tu n’agrèges ni ne
coagule plus sur la chaîne sociale
Ton vif élixir – tu ne
le verses plus dans les verres des monstres
Quand hurle l’obscur qui
relie
Tu déposes fièrement ton
pagne fleuri
Du côté des déliés
clairs
Et chemine – pas à pas
– du côté de leurs partages
C’est une partition
qu’on entend là – sans exultation – sans exhortation
Poème ! Ton regard –
ton toucher – ton ouïe – ta saveur et même ton parfum
Ne doivent plus caresser
la bête qui s’agglutine – qui s’agite – d’atome en atome –
Autour de la Gorgone
Sépare-toi de tous ces
chants pathétiques
Chuintant de sang sur
tant d’épées – de boucliers
Si ta volonté tourne
autour du bonheur
Alors compte un peu les
voix qui s’y accordent
Sans que ta propre voix ne
les étouffe
Si ton corps se fait fade
– s’il devient infatué sous la sueur
Trouve alors le sel où
danseront les mots de la situation
L’insomnie qui te
surveille sera en fait ton Éden incalculable
Mais juste à la portée
des êtres que pourchassent les multiples bras du monstre
Jamais – un poème ne
sera détruit pour avoir accompagné le singulier
A plus forte raison quand
il est pauvre et étranger
Si tu ne dégageais pas
quelques linéaments de bonheur
Dans ton cheminement –
tu retomberais dans la morbidité jouisseuse
De tous les destructeurs
de traces
Tu contribuerais à
étouffer le singulier dans sa recherche du pour tous
Tu t’essoufflerais dans
un tintamarre – dans un salmigondis de menaces
De violences exacerbées
- aussi usées que toutes les vieilles causes
Qui se rattachent à la
Gorgone
Il n’est plus de roi –
ni de héros des mythes - ce qui change :
Le voilà venir :
c’est la voix principielle du partage des singuliers
Où s’engouffre
l’aujourd’hui – poème – ici – à côté des constructeurs
Qui osent échafauder et
avancer pour prescrire le « bon droit »
A la Gorgone sûre
d’elle-même dans sa stature de guerroyeuse
Mais si aventureuse et si
destructrice dans sa musique
Qu’elle ne sait –
dores et déjà – plus où donner de la tête
Quand aux gens qu’elle
doit soudoyer et pétrifier
Du dehors cette bête
monstrueuse accepte qu’on vienne
Lui chanter des chansons –
qu’on festoie pour elle …
Mais son dedans renvoie un
dehors sans autre histoire
Que la pétrification … !
Et il est combien de poèmes
Pour lancer séduction et
terreur – Éros et Thanatos
Combien pour lui lancer de
vieilles sources – de vieux refrains
Combien pour lui livrer
comme des emblèmes et des drapeaux
Mais plus rien ne
refleurira avec elle !
Aujourd’hui-poème :
nul miroir – nul écho ! mais levée
D’une langue en
floraison d’elle-même pour toutes les saisons
Qui courent – pour
toutes les voix encore difficilement dicibles
Mais où rayonne déjà –
pour qui sait le voir – la lumière partageuse
Au milieu des grandes
ombres qui plient l’arbre du savoir
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