vendredi 26 janvier 2018

AUJOURD'HUI - POEME

AUJOURD’HUI , POÈME

Poème à la claire saison démontée :
Tu n’es plus un soupir à la porte pétrifiée des songes
Tu n’agrèges ni ne coagule plus sur la chaîne sociale
Ton vif élixir – tu ne le verses plus dans les verres des monstres
Quand hurle l’obscur qui relie
Tu déposes fièrement ton pagne fleuri
Du côté des déliés clairs
Et chemine – pas à pas – du côté de leurs partages
C’est une partition qu’on entend là – sans exultation – sans exhortation

Poème ! Ton regard – ton toucher – ton ouïe – ta saveur et même ton parfum
Ne doivent plus caresser la bête qui s’agglutine – qui s’agite – d’atome en atome –
Autour de la Gorgone
Sépare-toi de tous ces chants pathétiques
Chuintant de sang sur tant d’épées – de boucliers

Si ta volonté tourne autour du bonheur
Alors compte un peu les voix qui s’y accordent
Sans que ta propre voix ne les étouffe
Si ton corps se fait fade – s’il devient infatué sous la sueur
Trouve alors le sel où danseront les mots de la situation
L’insomnie qui te surveille sera en fait ton Éden incalculable
Mais juste à la portée des êtres que pourchassent les multiples bras du monstre

Jamais – un poème ne sera détruit pour avoir accompagné le singulier
A plus forte raison quand il est pauvre et étranger

Si tu ne dégageais pas quelques linéaments de bonheur
Dans ton cheminement – tu retomberais dans la morbidité jouisseuse
De tous les destructeurs de traces
Tu contribuerais à étouffer le singulier dans sa recherche du pour tous
Tu t’essoufflerais dans un tintamarre – dans un salmigondis de menaces
De violences exacerbées - aussi usées que toutes les vieilles causes
Qui se rattachent à la Gorgone

Il n’est plus de roi – ni de héros des mythes - ce qui change :
Le voilà venir : c’est la voix principielle du partage des singuliers
Où s’engouffre l’aujourd’hui – poème – ici – à côté des constructeurs
Qui osent échafauder et avancer pour prescrire le « bon droit »
A la Gorgone sûre d’elle-même dans sa stature de guerroyeuse
Mais si aventureuse et si destructrice dans sa musique
Qu’elle ne sait – dores et déjà – plus où donner de la tête
Quand aux gens qu’elle doit soudoyer et pétrifier
Du dehors cette bête monstrueuse accepte qu’on vienne
Lui chanter des chansons – qu’on festoie pour elle …
Mais son dedans renvoie un dehors sans autre histoire
Que la pétrification … ! Et il est combien de poèmes
Pour lancer séduction et terreur – Éros et Thanatos
Combien pour lui lancer de vieilles sources – de vieux refrains
Combien pour lui livrer comme des emblèmes et des drapeaux
Mais plus rien ne refleurira avec elle !
Aujourd’hui-poème : nul miroir – nul écho ! mais levée
D’une langue en floraison d’elle-même pour toutes les saisons
Qui courent – pour toutes les voix encore difficilement dicibles
Mais où rayonne déjà – pour qui sait le voir – la lumière partageuse
Au milieu des grandes ombres qui plient l’arbre du savoir

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