dimanche 1 avril 2018

OSER L'INCENDIE DANS DES LETTRES D'AMOUR POUR EN EXPRIMER LE FEU !




Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor :2 -Les poèmes d’Alain Minod: 2-17 : Je dis « je» pour toi


Alain Minod:
ÉCRITURE ET POÉSIE
Je dis je pour toi

Je suis sur l’abscisse de mon désir
Saoul – je crible l’ordonnée
De ton absence
Des balles de
Tes cris
Et …
Me désordonne
En saisissant
Les creux de
Ton silence
En y halant le soleil
A minuit
Pour y laver tes sourires

A mi-lèvres de mes rêves
J’endurcis mon plaisir
En me penchant sur
Mon souvenir
J’y étanche
Ma soif
Avec
La densité qui coiffe
L’instant de ta beauté
Et j’y trempe
Ma bouche
Comme
A la souche
De ta peau ivre
De chauds baisers

Brassant encore
Tes sourires dans
Mes yeux
Je brise
Le hasard
De ton regard
Sur les mille lieues
A couvrir de la distance
Qui nous sépare

Ainsi tes paroles se nouent
Avec les stances roulées
D’un poème d’argile
Qui vient fuser
Aux sources
Fragiles de
Ton corps

Mais qui campe ainsi
Dans la fuite lâchée
De l’instant
Comme
Dans un port
Sans attache ?

Que m’arrive-t-il
De briguer tes rives
Où pleure ton océan
Comme pris dans les plaintes
De mon chant ?

Il est l’heure de friser
Les plis du jusant
Sur l’aube des
Marées
Avec l’orbe lumineux
Qui risquerait
De glisser en
L’oubli

Et je ramasserai les traces
Qui supplient le sable
De ne plus te hanter
De ma présence
Mais
Cette tension
Des flèches d’Eros
Vers l’infini des vagues
Qui te prennent pour cible –
N’élague pas l’arbre visible
De ton nid

N’étant pas le héros qui t’enchaîne
Je ne m’enchanterai plus
Qu’à sauter dans
Le grain de
Pluie que traîne l’orage
Et mon âge restera
Ouvert sur ton
Arc-en-ciel

C’était ton charme annoncé
C’était l’arme prisée
De ta demeure
Et …
Quand bien même
Je l’ai biffée
En bouffées
De je t’aime –
N’ayant à semer
Sur ton lointain chemin
Que les caresses soufflées
Par ma mémoire dans tes mains –
Je te laisse le soleil
Du plaisir que
Tu voulais

Maintenant – je me grise
Du dernier sceau
Sur cette lettre
Incendie
Et t’envoie ce baiser
D’une voix relevée
Pour que je ne
Me dédie
D’être encore baigné
Dans les eaux musardentes
De ton désir

A première vue, l’auteur de ce poème affectionne la langue soutenue et le style travaillé  et réfléchi  qui donnent l’impression  d’une tendance académique austère  et d’un purisme linguistique rigoureux . Et cela se remarque d’abord  au niveau  rhétorique où les images  sont soit puisées dans des champs sémantiques scientifiques (je suis sur l’abscisse de mon désir saoul – je crible l’ordonnée de ton absence des balles de tes cris – la densité qui coiffe l’instant de ta beauté – l’heure de friser les plis du jusant sur l’aube des marées avec l’orbe lumineux ) ,  soit nées de représentations abstraites et complexes (en saisissant les creux de ton silence en y halant le soleil à minuit pour y laver tes sourires- tes paroles se nouent avec les stances roulées d’un poème d’argile qui vient fuser aux sources fragiles de ton corps – je ne m’enchanterai plus qu’à sauter dans le grain de pluie que traîne l’orage et mon âge restera ouvert sur ton arc-en-ciel ) . Cet esprit académique avec lequel l’auteur traite l’écriture poétique s’est manifesté sur le plan lexical dans l’usage de mots peu usités tels que : Jusant – orbe-  stance – musarder …  Loin d’être considérés comme des défauts , ces aspects s’expliquent   plutôt par une sensibilité particulière inhérente à l’humeur de l’auteur .Et l’humeur  – accordons-nous bien ! – fait partie de la personnalité de l’individu .
Néanmoins , une question reste posée à la fin de ce commentaire hâtif : Puisque le poète s’adresse avec ce discours ultra-musclé à sa bien-aimée , y a-t-il  vraiment une femme même doctoresse et savante qui  pourrait être séduite par les abscisses et les ordonnées au lieu des roses et des mots séculairement niais mais doux comme ma biche , ma tourterelle , mon amour ?

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