Permis de tuer
Boîte de réception
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6 juil. (Il y a 3 jours)
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Le 15 janvier 2016 la justice a acquitté un policier qui avait tué mon frère d’une balle dans le dos.
Malgré tous les témoignages mettant à mal la version du policier, la cour a tranché en faveur du tueur. Car "un policier ne tire qu’en situation de légitime défense", expliquait le porte-parole du syndicat policier à la barre. "Vous affirmez quelque chose qui reste à prouver", lui avait rétorqué l’avocat de la famille. Mais cette garantie a disparu : le Gouvernement a inscrit la présomption de légitime défense pour les policiers dans la loi. Tout policier qui a tué une personne est considéré a priori en situation de légitime défense, sans être inquiété par la justice.
Malgré la mobilisation de la société civile et de quelques élus de la République qui a conduit au recensement près de 43 000 signatures sur cette pétition, le président de la République a gravé dans le marbre de la loi la présomption de légitime défense des policiers qui recourent à leur arme à feu. C’était un 1er mars 2017.
Mon frère Amine n'avait que 28 ans lorsqu'il a été tué par ce policier, le 21 avril 2012.
On pourrait donc croire que l’inquiétude vient d’une vision biaisée d’une famille endeuillée. Et pourtant, tous les journalistes en sont témoins : la police, dans cette affaire, a menti, au point où l’avocat général, représentant de l’Etat, a lui-même demandé à ce que l’accusé, Damien Saboundjian, soit condamné. Le magistrat considérant ce dernier "dangereux", il a demandé à ce que le jury "rende une décision qui ne puisse pas être interprétée comme un permis de tuer". Une première en France.
On pourrait croire aussi qu’il n’y a pas de fumée sans feu. Car au fond, Amine était un "bon client" pour la légitime défense : il était de ceux qu’on appelle les "délinquants multirécidivistes" qui mériteraient de mourir, pour qui la peine de mort n'a pas été abolie.
Mais les familles de l'homme de 22 ans qui vient d'être tué à Nantes lors d'un contrôle de police, les adolescents Zyed et Bouna qui rentraient chez eux après un match de foot en 2005, du retraité Ali Ziri qui rentrait chez lui en voiture en 2007, ou du jeune écolo Rémi Fraisse qui avait rejoint une manifestation en 2014 le savent tout autant que les 15 familles par an (en moyenne !) qui perdent un proche entre les mains de la police en France : délinquant ou pas, le procédé est toujours le même.Criminalisation de la victime pour trouver une excuse plausible au policier, et détourner l’attention de tous les mensonges et incohérences dans le dossier ; protection et acquittement du tueur.
Nous n’avons pas en France un problème de policiers tués par des citoyens. Nous avons un problème de citoyens tués par la police, en toute impunité. Problème qui a d’ailleurs fait l’objet de deux rapports d’Amnesty International en 5 ans.
Avec les familles Wissam El Yamni, Abdoulaye Camara, Lahoucine Aït Omghar, Amadou Koumé, Mourad Touat et Hocine Bouras, Taghbalout Karim décédées les années suivantes, nous avons décidé de nous unir pour nous donner la force de nous battre, et réclamé une juridiction indépendante pour enquêter sur les morts survenues dans l’exercice de la fonction des agents des forces de l’ordre.
Mais à la place, c’est l’inscription du permis de tuer des policiers dans la loi que le Gouvernement a choisi. Avec la lutte antiterroriste comme prétexte, la loi du "Permis de Tuer" a été votée. Or si nous voulons donner espoir à ceux qui ne croient plus au slogan des frontons des mairies françaises, nous avons tous le devoir de la faire abroger.
Le recours aux armes à feu par les policiers a fortement augmenté en France en 2017. Nous n’avons eu de cesse de le marteler au sein du Collectif « Urgence, notre police assassine » et c’est ce que vient de confirmer l’inspection générale de la police nationale (IGPN), mardi 26 juin dernier.
54% de tirs de pistolet automatique en plus. L'année 2017 a été marquée par la hausse du nombre de tirs par armes à feu selon le dernier rapport annuel de l’IGNP qui pour la première fois, révèle le chiffre de personnes tuées ou blessées lors des interventions policières.
14 tués et une centaine de blessés avec plus de huit jours d'incapacité de travail entre juillet 2017 et mai 2018. A ces chiffres bouleversants qui édulcorent la réalité, s’ajoute l’assassinat récent d’Aboubakar, 22 ans, alors qu’il subissait un contrôle de police mardi 3 juillet dernier à Nantes. Nous adressons à sa famille nos sincères condoléances.
Chaque mort ravive les blessures impansables des familles des victimes de violences policières et vient creuser le fossé entre les justiciables et les institutions politiques, policières mais également judiciaires.
Au Collectif « Urgence notre police assassine » ne croyons pas aux coïncidences. La hausse du nombre de tirs pas arme à feu enregistrée par l’IGPN n’est pas étrangère à cette loi liberticide et mortifère bien que la « Police des polices » s’en défende, par la voix de sa présidente.
Parce que la vie est sacrée, il est encore temps aux représentants élus par le peuple de réparer cette faute politique et de voter l’abrogation de la loi n° 2017-258 du 28 février 2017 relative à la sécurité publique.
Nous ne voulons pas que la liste des victimes s’allonge à un rythme encore plus élevé chaque année.
Le peuple c’est nous. Signons-en masse cette pétition qui appelle au retrait du permis de tuer.
Malgré tous les témoignages mettant à mal la version du policier, la cour a tranché en faveur du tueur. Car "un policier ne tire qu’en situation de légitime défense", expliquait le porte-parole du syndicat policier à la barre. "Vous affirmez quelque chose qui reste à prouver", lui avait rétorqué l’avocat de la famille. Mais cette garantie a disparu : le Gouvernement a inscrit la présomption de légitime défense pour les policiers dans la loi. Tout policier qui a tué une personne est considéré a priori en situation de légitime défense, sans être inquiété par la justice.
Malgré la mobilisation de la société civile et de quelques élus de la République qui a conduit au recensement près de 43 000 signatures sur cette pétition, le président de la République a gravé dans le marbre de la loi la présomption de légitime défense des policiers qui recourent à leur arme à feu. C’était un 1er mars 2017.
Mon frère Amine n'avait que 28 ans lorsqu'il a été tué par ce policier, le 21 avril 2012.
On pourrait donc croire que l’inquiétude vient d’une vision biaisée d’une famille endeuillée. Et pourtant, tous les journalistes en sont témoins : la police, dans cette affaire, a menti, au point où l’avocat général, représentant de l’Etat, a lui-même demandé à ce que l’accusé, Damien Saboundjian, soit condamné. Le magistrat considérant ce dernier "dangereux", il a demandé à ce que le jury "rende une décision qui ne puisse pas être interprétée comme un permis de tuer". Une première en France.
On pourrait croire aussi qu’il n’y a pas de fumée sans feu. Car au fond, Amine était un "bon client" pour la légitime défense : il était de ceux qu’on appelle les "délinquants multirécidivistes" qui mériteraient de mourir, pour qui la peine de mort n'a pas été abolie.
Mais les familles de l'homme de 22 ans qui vient d'être tué à Nantes lors d'un contrôle de police, les adolescents Zyed et Bouna qui rentraient chez eux après un match de foot en 2005, du retraité Ali Ziri qui rentrait chez lui en voiture en 2007, ou du jeune écolo Rémi Fraisse qui avait rejoint une manifestation en 2014 le savent tout autant que les 15 familles par an (en moyenne !) qui perdent un proche entre les mains de la police en France : délinquant ou pas, le procédé est toujours le même.Criminalisation de la victime pour trouver une excuse plausible au policier, et détourner l’attention de tous les mensonges et incohérences dans le dossier ; protection et acquittement du tueur.
Nous n’avons pas en France un problème de policiers tués par des citoyens. Nous avons un problème de citoyens tués par la police, en toute impunité. Problème qui a d’ailleurs fait l’objet de deux rapports d’Amnesty International en 5 ans.
Avec les familles Wissam El Yamni, Abdoulaye Camara, Lahoucine Aït Omghar, Amadou Koumé, Mourad Touat et Hocine Bouras, Taghbalout Karim décédées les années suivantes, nous avons décidé de nous unir pour nous donner la force de nous battre, et réclamé une juridiction indépendante pour enquêter sur les morts survenues dans l’exercice de la fonction des agents des forces de l’ordre.
Mais à la place, c’est l’inscription du permis de tuer des policiers dans la loi que le Gouvernement a choisi. Avec la lutte antiterroriste comme prétexte, la loi du "Permis de Tuer" a été votée. Or si nous voulons donner espoir à ceux qui ne croient plus au slogan des frontons des mairies françaises, nous avons tous le devoir de la faire abroger.
Le recours aux armes à feu par les policiers a fortement augmenté en France en 2017. Nous n’avons eu de cesse de le marteler au sein du Collectif « Urgence, notre police assassine » et c’est ce que vient de confirmer l’inspection générale de la police nationale (IGPN), mardi 26 juin dernier.
54% de tirs de pistolet automatique en plus. L'année 2017 a été marquée par la hausse du nombre de tirs par armes à feu selon le dernier rapport annuel de l’IGNP qui pour la première fois, révèle le chiffre de personnes tuées ou blessées lors des interventions policières.
14 tués et une centaine de blessés avec plus de huit jours d'incapacité de travail entre juillet 2017 et mai 2018. A ces chiffres bouleversants qui édulcorent la réalité, s’ajoute l’assassinat récent d’Aboubakar, 22 ans, alors qu’il subissait un contrôle de police mardi 3 juillet dernier à Nantes. Nous adressons à sa famille nos sincères condoléances.
Chaque mort ravive les blessures impansables des familles des victimes de violences policières et vient creuser le fossé entre les justiciables et les institutions politiques, policières mais également judiciaires.
Au Collectif « Urgence notre police assassine » ne croyons pas aux coïncidences. La hausse du nombre de tirs pas arme à feu enregistrée par l’IGPN n’est pas étrangère à cette loi liberticide et mortifère bien que la « Police des polices » s’en défende, par la voix de sa présidente.
Parce que la vie est sacrée, il est encore temps aux représentants élus par le peuple de réparer cette faute politique et de voter l’abrogation de la loi n° 2017-258 du 28 février 2017 relative à la sécurité publique.
Nous ne voulons pas que la liste des victimes s’allonge à un rythme encore plus élevé chaque année.
Le peuple c’est nous. Signons-en masse cette pétition qui appelle au retrait du permis de tuer.
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