jeudi 30 avril 2020

A UNE GRANDE DAME !





GRANDE DAME !



Accroché à l’ancre errante de mon Paris –
Je l’ai décrochée pour une grande dame
Fixée auprès de la mer de Gâvres:
Enclave entre l’océan et les terres

Nous avons marché
A l’aurore
Marché avant le crépuscule
Ah ! Le grand chien malicieux
Avec sa fourrure noire
Et sa tête d’or …
La grande dame savait
Lui faire ouvrir nos pas …

J’ai vu se dérouler des tapis verts
Ondulant l’eau sous le grain du soir
J’ai vu battre des rideaux bleus
Aux plis de platine dégager dans l’eau
La route au grand soleil à peine levé
Dans son feu

Je me suis blotti dans les bras
De son sanctuaire
Elle qui sut si bien s’y fixer
Sous une charpente bretonne

J’ai glissé sur son corps doux-opalin
Elle m’offrait ses mains froides d’algues marines
Elle offrait les cordes de son corps
J’ai plongé dans des marées caressantes
Sur sa chair jusqu’au plus profond
De ses eaux

Tigresse marine –
Elle sortait du fauve et infini océan
Me faisant tanguer
Sous son souffle feulant
Sauvage et tendre
Elle mordillait mon ciel
Et – rentrant dans l’incandescence –
Elle fit tout pour impliquer
Le fondant de mon désir …

Rien n’était éphémère en son sanctuaire
Elle me disait :

« Il y a force jeux d’eau d’île
Avec l’alcool qui les souligne
Dans ces visages burinés
Et je suis en symbiose
Avec cette terre arrosée
Par les eaux et le vent »

Et j’entendais – je comprenais :
Cythère – là avec son attraction
Qui libère …

M’en suis-je départi ?
J’étais ce dauphin qui hante
La mer de Gâvres
Puis s’en va tout au loin …
J’allais retrouver la bouche de ville
Avec toutes ses lèvres urbaines
Bruissant sous mille et mille éclats

Etait-ce fini : phares et feux
Dans le silence nocturne
D’un océan calme ?
J’ai pourtant entendu la tempête
Et … qui a habité
Les seins de guernaches
Le ventre de Stromboli
Les hanches de sirène
Les cuisses et les fesses de dune ?

Il y eut pourtant - était-ce un oracle ? –
Une foule d’oiseaux en concert sur les toits
Et un dernier soleil levé plein feu
Ils m’ont donné à garder ta voix

Toi – La grande dame
Qui chante le livre des jours
Avec – au sixième :
La parole retrouvée ultimement

Toi qui nous livre l’entre-ciel
Où l’on entend les pulsations de l’amour
Dans une cité disparue …
Si proche de moi
Si proche de toi

Avec la chair des lambeaux de terre
Où s’effilent et s’accrochent
Les maisons blanches
Avec l’horizon de l’océan
Belle est ta presqu’île
Chevauchant les eaux
Et le témoin intime de ton désir
Est aussi un amour proche
Qui n’est pas hanté par

Le lointain   

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