GRANDE DAME !
Accroché à l’ancre
errante de mon Paris –
Je l’ai décrochée pour
une grande dame
Fixée auprès de la mer
de Gâvres:
Enclave entre l’océan
et les terres
Nous avons marché
A l’aurore
Marché avant le
crépuscule
Ah ! Le grand chien
malicieux
Avec sa fourrure noire
Et sa tête d’or …
La grande dame savait
Lui faire ouvrir nos pas …
J’ai vu se dérouler des
tapis verts
Ondulant l’eau sous le
grain du soir
J’ai vu battre des
rideaux bleus
Aux plis de platine
dégager dans l’eau
La route au grand soleil à
peine levé
Dans son feu
Je me suis blotti dans les
bras
De son sanctuaire
Elle qui sut si bien s’y
fixer
Sous une charpente
bretonne
J’ai glissé sur son
corps doux-opalin
Elle m’offrait ses mains
froides d’algues marines
Elle offrait les cordes de
son corps
J’ai plongé dans des
marées caressantes
Sur sa chair jusqu’au
plus profond
De ses eaux
Tigresse marine –
Elle sortait du fauve et
infini océan
Me faisant tanguer
Sous son souffle feulant
Sauvage et tendre
Elle mordillait mon ciel
Et – rentrant dans
l’incandescence –
Elle fit tout pour
impliquer
Le fondant de mon désir …
Rien n’était éphémère
en son sanctuaire
Elle me disait :
« Il y a force jeux
d’eau d’île
Avec l’alcool qui les
souligne
Dans ces visages burinés
Et je suis en symbiose
Avec cette terre arrosée
Par les eaux et le vent »
Et j’entendais – je
comprenais :
Cythère – là avec son
attraction
Qui libère …
M’en suis-je départi ?
J’étais ce dauphin qui
hante
La mer de Gâvres
Puis s’en va tout au
loin …
J’allais retrouver la
bouche de ville
Avec toutes ses lèvres
urbaines
Bruissant sous mille et
mille éclats
Etait-ce fini :
phares et feux
Dans le silence nocturne
D’un océan calme ?
J’ai pourtant entendu la
tempête
Et … qui a habité
Les seins de guernaches
Le ventre de Stromboli
Les hanches de sirène
Les cuisses et les fesses
de dune ?
Il y eut pourtant -
était-ce un oracle ? –
Une foule d’oiseaux en
concert sur les toits
Et un dernier soleil levé
plein feu
Ils m’ont donné à
garder ta voix
Toi – La grande dame
Qui chante le livre des
jours
Avec – au sixième :
La parole retrouvée
ultimement
Toi qui nous livre
l’entre-ciel
Où l’on entend les
pulsations de l’amour
Dans une cité disparue …
Si proche de moi
Si proche de toi
Avec la chair des lambeaux
de terre
Où s’effilent et
s’accrochent
Les maisons blanches
Avec l’horizon de
l’océan
Belle est ta presqu’île
Chevauchant les eaux
Et le témoin intime de
ton désir
Est aussi un amour proche
Qui n’est pas hanté par
Le lointain