lundi 6 avril 2020

UN POÈME D'EXCEPTION Jean CAMILLE

A ton âge et au sien, Kerouac était déjà mort !
Aux virtuoses de la corde à linge électrique
Dans la vitrine du soleil
Entre la rive et la rivière
Est-ce un rayon
Qui tient une guitarre en laisse
Ce fil où les passants balancent
Cette rallonge aux engelures
Qui nous pend au nez jusqu’aux doigts
Est-ce un geste est-ce une promesse
Une croix blanche
Sur nos attentes
C’est ici que la ville couche
Bourgeoise ouvrière selon
L’aléa qui tourne le long
Du fleuve « Amour »
Sa cloche annonce ça et là
Au chaland du bord de la lune
L’avancée sourde du tramway
Les rats ces gens énigmatiques
Se désaltèrent
Aux coupes des ombres obliques
Où l’eau de la rivière sombre
Dans les bras dorlottants des filles
Des quais ivres de Bacalan
J’ai vu des palais vivants
Flotter comme les Venise
Sur la peau de l’étang
Les soirs de fête et de misère
Où dans les corsos de lumière
Les pauvres se lavaient les dents
Et le derrière en rigolant
Le nerf sur la corde revient
C’est l’archet de l’esprit qui passe
Dans le noir et la vie te colle
La crasse aux ongles
Ton bec marine dans les songes
Mais qu’un nom surnage une fois
Dont tu retiennes le mensonge
Là c’est le poème qui passe
On est vivant ça va de soi
Mais ne prive pas de le dire
Delos la vague ourle la grève
Un bruit de sel trace un sillage
Au retour de la voile rouge
Les pieds bouccanés dans nos clarks
On était beatniks tibériades
Allant sur le trottoir de l’eau
En ski nautique
Et dans le cambouis au garage
Des Antilles fermé depuis
On rassasie toujours les ombres
De la Nekia avec un sang
Qui a le goût des cafés rhum
Je me coule enfant qui joue dans la fange du mauvais temps au camp tout là-bas des tziganes
Petite mort chérie
Pour moi tu n’es que peu de peine
Loin des tours droites et des tombes
Le ciel est partagé en quatre
Entre les océans les guerres
Pauvres endormis de la plage
Avant que la houle et le vent
Reprennent l’accueil de l’estran
Votre oasis intermitten

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