« Chine : république populaire de la corruption »
Enquête périlleuse au sein d’un système gangrené (Lundi 6 octobre - 22 h 45 - Canal+)
Enquête périlleuse au sein d’un système gangrené (Lundi 6 octobre - 22 h 45 - Canal+)
« La corruption a pénétré tous les étages de notre système. » Le constat est quasiment officiel, signé de Lin Zhe, professeure à l’Ecole centrale du Parti communiste chinois, équivalent de notre Ecole nationale d’administration (ENA). Le président, Xi Jinping lui-même, a reconnu l’ampleur du phénomène en lançant une grande campagne qui a abouti à interroger et sanctionner quelque trois cent mille fonctionnaires et membres du Parti communiste en deux ans.
Il n’empêche : enquêter sur les milliards de dollars de la corruption en Chine relève de la mission impossible ou presque. L’exercice peut même se révéler « périlleux », ainsi que le précise dans son film la journaliste Anne Loussouarn. Pour commencer, l’équipe de « Spécial investigation » s’est vu refuser les visas de journaliste. Une fois sur place, visa de tourisme en poche, elle sera épiée, suivie, contrôlée et finalement expulsée. Les autorités tenteront même d’effacer les données enregistrées. En vain. Au total, c’est plus d’un an « d’acharnement » qu’il a fallu à Anne Loussouarn pour boucler son enquête.
Système de pots-de-vin
Une plongée inédite dans l’univers de la corruption chinoise, en compagnie de militants et de journalistes citoyens qui ont trouvé avec le Web une chambre d’écho pour leurs articles et leurs enquêtes. Les plus persévérants peuvent être persécutés par la police, emprisonnés, tabassés, menacés de mort parfois.
On découvre à quel point la société chinoise est en effet gangrenée par le système des pots-de-vin et des « petits cadeaux ». A tous les échelons, il peut se trouver des individus qui cherchent à monnayer leur pouvoir, fût-il simplement celui d’apposer un tampon sur une autorisation de déménagement. Dans un petit village, un fonctionnaire a fait expulser de leurs terres les paysans contre trois euros d’indemnité le mètre carré, revendu quatre-vingt-dix euros à un promoteur immobilier.
Malgré la police qui surveille, la colère monte contre les riches corrompus. Sur Internet, un jeu à la mode consiste ainsi à traquer les signes extérieurs de richesse. Un chef de la sécurité d’un village s’est fait pincer : sur les photos de lui mises en ligne, les internautes ont pu constater qu’il changeait souvent de montre. Quatre-vingts tocantes de collection. Après une enquête officielle, l’homme a été condamné à 14 ans de prison.
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