LA MARIANNE SUR LA PLACE DE LA NATION
A la merci du soleil absent
Dois-je envoyer
Des milliers de roses
Dans le matin épineux ?
Dois-je vernir mes mots ?
Pourtant ma cavale vient à bon port
A côté de Marianne couronnée d’arbres
Et je rêve comme les revenants des nuits insomniaques :
Annonce-t-elle quelque chose ?
Debout sur le globe terrestre
Et les lions qui tirent son char
Sont-ils assez puissants
Pour la porter dans le monde ?
Les muses semblent l’accompagner …
Allons ! Passons au réveil …
D’ailleurs les réverbères se sont éteints
Et le ciel est tenace dans sa blancheur
La chose publique est dans un exil permanent …
Ce bras – oui – ce bras indiquant l’avenir
Ne dégage aucun azur
Les temps sont mièvres …
Il faut – peut-être – remmancher l’épée
Dans le fourreau
L’autre bras la porte trop lourde…
Ils clament : « République républicaine ! »
Mais ses lions sont enterrés
Et la Grande Dame ne chante plus dans les avenues
Mais – offres-moi ton bras – Marianne
Et glanons un peu par les rues
Je te donnerai la pierre et le jasmin
Ouvre-moi ta main armée –
Prends l’éventail et le lin
Pour la chaleur qui va revenir
Pour les temps de ta détresse
Les constructeurs – Oui !
Qu’ils puissent bâtir – fabriquer – nettoyer dans la paix …
Tu seras moins poussiéreuse – Marianne !
Ta devise était belle
Mais qui l’a jaunie – salie !?
Maintenant – ton nom qui portait nos épopées
Est synonyme de grisaille ou de stars au rancart
Fée de nos espoirs ! Ils t’ont faite reine régalienne
Que ton chant ne soit pas prétexte
Aux plus ombrageuses guerres portées
Par ses thuriféraires monstrueux
Contre le pauvre et l’étranger
Que le vent se lève et ouvre l’horizon
A tous les bâtisseurs – les constructeurs
Ils peuvent tourner leur page
Vers le grand livre du monde
Où Marianne avait déjà écrit
Silence d’un moment Ici
La pensée saigne de grandes espérances déçues
Réinventer la grâce et l’élan ?
Oui ! En dehors des poussières
Où nous jettent
Les discours pétrificateurs
Qui rouvrent toutes les blessures
Oui ! Nous n’avons plus besoin
Du miroir qu’ils nous ont fendu
De chacun à chacun se façonne
Un bouclier
Et se tire le char de l’espoir
Dans des avancées sorties
Des routes du désastre
Qui n’est qu’obscur que d’être
Encore officiel !