UN ET DEUX
Je te supplie dormeuse
Couvre- moi de ton rêve
Et qu’ainsi arraché à l’insomnie
Je puisse à mon tour te couvrir
De ma veille protectrice
De mes sourcils sauterait le sable
Aux tiens remonterait le sel de la vie
Le temps que nous avalerions
Se ferait sans césure ni arête
La pointe du jour glisserait
Avec le merle dans une joie sans feinte
Nous sommes deux sans trace brillante
Nous nous aimons à contre point
Dans les fulgurances accomplies
Sans trébuchement des songes
Main à main
Jusque dans le frais du matin
Corps à corps
Accompagnant – jusqu’aux stries du soleil –
Le jour caressant
L’éveil nous divise
Mais ton chant est un sourire
Dressé contre la peine
A remplir l’office du travail
Je te sais première à enfourcher le monde
Je te sais brûlante à incarner le combat
Nos mains séparées – nous ne dérivons pas
Nous rentrons dans les flammes du temps
As-tu vu les fleurs
Comme elles s’épanouissent
A la lumière qui les traverse
Le soleil a gagné encore un pas
Dans l’été chatoyant
Et nous allons – concertant
La tendresse avec les premiers
Coups de semonce des voitures
Nous allons – chacun à son entier –
Mais le soir nous attend
Ne comptons donc pas nos pas
Puisque nous avons déjà tout osé
Sur les combles de la promesse
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