GRAVIR SANS RIEN RAVIR
En passant ma fête sur le sommet des rois
J’en perdrai la tête et toutes mes lois
Et si – déniant toutes pensées
A la jeunesse –
J’y introduisais la mienne pour droit d’aînesse
Tous ces vains châteaux plomberaient ma poésie
Pour la faire ramper dans un monde
Sans merci
O tendre et sauvage jeunesse ! Emprisonnée ?
Il n’y a pas de léger poids de vos années
Qui ne puisse soulever de grandes
Montagnes
Et fructifier le savoir en rase campagne
Mais le temps seulement d’ouvrir toutes les vannes
Vous ferez sauter les eaux sur des sommets d’âme
En cassant toutes les digues
Qui vous encombrent –
Nettoyant les plaines moroses
Où tout est sombre
Temps épanouis où renaîtra la vertu
Et cette beauté qui nous est encore due
Plus d’échelle sur vos épaules d’où gravir
Toutes les étapes d’une vie et ravir
Vos jardins de bohème
Plains de fleurs
Qu’on aime
Pour vous – aimable jeunesse –
Tous ces jours se sèment
Et chacun de vos matins empourpre le monde
Vous passez outre les infernales rondes
Où les doctes vampires vous lancent
Des fêtes
Pour vider sang et pensées
De vos têtes
Avec les rois c’est l’ignorance qui les tient
En imitant tous les partages et tous les liens
Comme des singes à qui l’on donne
La pâture
Pour qu’ils se pâment devant l’humaine nature
De ces puissants qui sont sans-cesse sanctifiés
Par les Thénardiers qui acceptent
De s’y fier
Jeunesse vous ouvrez la boîte de Pandore
Vous captez ces sommets où sonne le bel or
Votre aurore vient quand Misère
Ne l’attend
C’est une levée qui sommera tous les temps
Jusqu’à ce grand hasard qui fait l’éternité
De vos rencontres d’où votre art
Est Liberté
Etranger pauvre qui boit votre lait d’accueil
Il sait votre hauteur dans vos pas et sur vos seuils
Ici-même où mûrissent vos fruits du savoir
Avec tant et tant de hautes causes
A valoir