Paris Le 22-12-2021
QUE LA BONNE FORTUNE GLISSE JUSQU’À L'EMBOUCHURE DE NOS RÊVES
Sur l'humide terrain de ma fortune souffle le vent glacé qui la sèche.
Je l'ouvre à la lune pour que mes rêves y prennent comme des fleurs d’Éden.
C'est sans attendre la tempête que je me lève en un humus fertile contre le destin
Et dans le froid hiver, je m'en vais reconquérir l'espoir qui ne se gèle en oubli et se remonte en
lumière dans les arbres vides, pour leur savoir que je sais fécond en éternité de mémoire.
Et le temps de la vitesse et de la guerre s'épuise au roc de la veille dans la paix de l'instant où
sourit l'âme de la ville. J'y cueille le lointain où ma fortune gagne le hasard en franchissant dans
les rencontres les seuils du monde, pour le faire vivre dans l'océan de la ville ; y mûrissent en
doux fruits : ses vagues écumantes qui font oublier le gel et assouplissent la mémoire de mes
amours et gagnent la fraternité de l'instant nourri par la paix.
Ma fortune sans destin trouve alors ses sources et, défaite de l'humide, c'est en fontaine à ses
côtés qu'elle voit ces sources et s'abreuve lentement de tendresse avec les amis qui façonnent
son accueil et le grand écart entre le proche et le lointain glisse hors des murs et les sources
y vivent où se retrouve le pays qui avait abandonné l'exil au froid vide de ses frontières sans
amour ni fraternité.
Ma fortune revivifiée replonge, éveillée, dans le sol de l'égal et, entendant le vent nourricier
agiter la ville, retrouve en ses vagues, en ses fontaines, en toutes ses sources : le chant clair
et non équivoque du partage souverain et toute la mémoire des amours se sépare du gel où
l'hiver de la pensée l'avait abandonnée et l'infini sorti des murs rejoint un amour nouveau et
contemporain qui appelle la justice et la paix, faisant royauté de la lumière dans la nuit.
Ma fortune gagne alors, du hasard des rencontres et de la voix des amis : le sens vif d'un monde
neuf mûrissant aux cent fleurs : les différences en arc-en-ciel du pays à travers l'océan de la ville
et, affranchie de ses murs dans le chant du partage et le bruissement de ses sources, la mauvaise
fortune peut vaincre ces temps de désastre obscur et saisir, en récolte : blés et raisins mûrs du
pays et ressaisir du même coup : l'essence des choses du monde en les ouvrant au mouvement
riche de différences hors des places qui les enferment, les matérialise dans la distance aux
monstres froids en grand fleuve charriant toutes les pierres du présent jusqu'à l'embouchure de
nos rêves pour en finir avec leur oubli et emporter les monstres froids qui nous voudraient tous :
Sysiphes et arracher tous les fruits de la Paix, de la Justice, de l’Égal, du Libre vif, du Beau gra-
tuit, du Savoir gratuit, de l'Amour infini, des mains de ceux qui vampirisent les cœurs et les pen-
sées dans la nuit profonde de la guerre, pour des fortunes monstres et froides de violence et
et d'oubli.
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