samedi 9 juillet 2022

Expulsés manu-militari de la bourse du travail CGT

l'expulsion à coups de matraques et de gaz lacrymogène des sans-papiers de la Bourse du Travail par un commando de nervis staliniens sans foi ni loi constitue à n'en pas douter un tournant radical dans la situation politique, en particulier s'agissant des relations entre les appareils, singulièrement l'appareil dirigeant la confédération ouvrière historique, la CGT et les travailleurs qui en sont membres et plus généralement la classe ouvrière de ce pays. La direction de la CGT 75, sans doute avec l'aval ou la totale complaisance de la direction de Montreuil (à quels niveaux, cela reste à vérifier) a osé s'attaquer physiquement à des salariés sans-papiers, c'est-à-dire à la partie la plus vulnérable de la classe ouvrière de ce pays. " Allez- y, on regarde ailleurs " Qu'ils aient hésité 14 mois et planifié l'agression en s'assurant au préalable de la neutralité des autres organisations syndicales qui siègent au conseil d'administration de la Bourse du Travail est la marque de la préméditation ignoble contre ces salariés sans défense. C'est aussi, accessoirement, le révélateur que la direction de la CGT s'est vu accorder le feu vert par toutes les autres organisations syndicales sous l'angle : " allez-y, on regarde ailleurs " (à l'exception notable de Sud Solidaires) La nouveauté si l'on peut dire n'est pas que ce serait la première fois que les staliniens agressent physiquement des salariés et des militants ! Cela fait partie de l'histoire même de ce phénomène bureaucratique issu de la dégénérescence de la Révolution d'Octobre de 1917 et la constitution de ce cancer appelé bureaucratie stalinienne. Une histoire jalonnée d'assassinats, de violences, de procès en inquisition contre les classes ouvrières, les peuples et les militants qui refusent leur talon de fer. Rien de nouveau sous le soleil de ce point de vue. En revanche, cela faisait bien longtemps qu'ils n'avaient pas osé recommencer, en particulier depuis la chute du mur de Berlin et le desserrement de l'étreinte bureaucratique à l'échelle mondiale. Il faut donc croire et en conclure que l'exacerbation de la lutte de classes, la crise du système capitaliste et ses manifestations en France : aspiration au " Tous ensemble " de la classe ouvrière, besoin du combat uni contre les licenciements et les contre-réformes de Sarkozy poussent les directions syndicales et au premier chef la CGT à redoubler d'efforts pour diviser afin d'aider Sarkozy dans son entreprise. En clair et en résumé : Sarkozy somme les directions syndicales, à commencer par la direction confédérale CGT de faire la police dans le mouvement ouvrier, et qui plus est au propre comme au figuré comme en témoigne l'affaire de la Bourse du Travail. Sarkozy se plaît à dire qu'il a comme interlocuteur Thibault. C'est parfaitement le cas. Il lui dit régulièrement en substance : fais ton boulot. Sur le droit de grève dans les transports, limité sans combat, sur la privatisation des services publics, accélérée et bientôt parachevée par le passage en S.A. de la Poste, sans livrer bataille, sur les plans de licenciements par milliers où, entreprise après entreprise, le MEDEF peut s'en prendre aux salariés isolés boîte après boîte, sur la loi Hôpital, sur les retraites à 67 ans qui s'élaborent dans le silence assourdissant des centrales syndicales...la liste est longue des renoncements et capitulations en rase campagne de la direction de la CGT. " Fais la police chez toi, je me charge du reste " dit Sarkozy dans cette division du travail consciemment organisée. Et donc, fais la police contre les sans-papiers, qu'ils cessent une bonne fois pour toutes de s'illusionner et qu'ils comprennent enfin qu'il n'y a rien à attendre de la CGT. Il y a donc un lien étroit, très étroit l'avons-nous déjà écrit entre cette agression physique de la Bourse du travail et l'orientation générale de la direction confédérale de la CGT dans le reste de la lutte de classes. l'opération du 24 juin à la Bouse a valeur à la fois d'exemple et de répétition générale. Les travailleurs des entreprises qui ferment à tour de bras, les fonctionnaires qui refusent la RGPP et le démantèlement de leurs statuts sont autant d'obstacles aux plans du capitalisme, autant de cibles par conséquent pour ceux qui ont à charge de faire passer, de gré ou de force ces plans. Exagération ? Elucubrations de gauchistes invétérés ? Que non. l'histoire du mouvement ouvrier, y compris celle qui s'écrit sous nos yeux le prouve : plus les masses vont à gauche, plus les appareils bureaucratiques vont à droite, pour le compte de la défense de la propriété privée. Et les 2000 régularisations grâce à la CGT ? Et les 2000 sans-papiers régularisés grâce à la CGT, qu'en faites vous, hein ? Nous dirons qu'ils sont précisément la preuve de ce que nous avançons. En effet, (et sous réserve de vérification qui reste à faire qu'il s'agit bien de 2000 régularisations, chiffre avancé par la CGT), ces régularisations s'entendent ainsi : " acceptons ces 2000 pour plus qu'il y en ait d'autres " dans un deal gouvernement-CGT. Je, Sarkozy, je vous en régularise quelques centaines en tant que CGT, cela vous donne du jour au lendemain une autorité, une aura auprès des sans-papiers, auréole qui vous servira à nous aider à fermer le robinet du reste des régularisations de sans-papiers dont on évalue le nombre à plus de 300 000. 2000 contre 300 000 et faites donc la police après ça. Très exactement dirons-nous dans le droit fil de la méthode bien connue appliquée par les directions CGT (et pas seulement, ne dédouanons-pas la CFDT, FO et consorts qui usent des mêmes subterfuges) aux entreprises qui licencient : acceptons un " bon " plan social de 800 licenciements pour plus qu'il y en ait d'autres... avant le plan social suivant. Dans combien d'entreprises les directions syndicales ont-elles utilisé cet " argument " ces 30 dernières années ? Le problème s'agissant des sans-papiers, c'est que ceux organisés en CSP 75 ont bousculé tout ce montage péniblement élaboré lorsqu'ils ont à leur tour demandé la régularisation, grâce précisément à l'appel d'air constitué par ces 2000 régularisations et qu'ils ont cru que la CGT les défendrait aussi puisqu'eux aussi sont des salariés et que le mot d'ordre de la CGT était alors, à juste titre : " ils vivent ici, ils travaillent ici, ils restent ici " (affiche officielle de la CGT) Ils ont donc cru qu'ils seraient protégés par la CGT. Ils se sont réfugiés dans la Maison du Peuple que constitue historiquement la Bourse du Travail. Ca n'était pas prévu au programme et c'était hors du cadre des accords avec Sarkozy. Dehors, à coups de matraques. Dans ce contexte, il y a un élément supplémentaire et non des moindres qui a permis aux staliniens de reprendre le chemin de la violence et des calomnies (le CSP 75 fait le jeu, sinon plus, de la Préfecture de police etc. Que n'a-t-on entendu depuis le 24 juin ! Il manque encore mais ça devrait venir : les maliens du CSP 75 sont des agents du Mikado et des hitléro-trotskystes à la solde de l'étranger...) l'élément supplémentaire, c'est le silence passif et même complice de certaines organisations dites d'extrême-gauche. Certaines ont dénoncé, le moins qu'on pouvait en dire, les méthodes de la violence. Mais la quasi-totalité se sont aussitôt empressé après les trois premières lignes regrettant les violences d'indiquer qu'elles aussi étaient contre l'occupation depuis 14 mois de la Bourse du Travail et que le CSP 75 ne récoltait somme toute que ce qu'il avait semé ! Et, que maintenant, il fallait regarder de l'avant, ne pas ressasser à l'infini les violences et constituer un front large pour la régularisation en demandant aux sans papiers de siéger unitairement aux côtés de leurs agresseurs. Des bulldozers de Vitry à la Bourse du travail... Cette " union sacrée " derrière les staliniens, présentés pour la circonstance comme les grands défenseurs des sans-papiers (oubliés les bulldozers de Vitry, les manifestations sous les fenêtres des immigrés à Montigny-Lès-Cormeilles, les déclarations xénophobes antimusulmans de André Gérin, député PCF de Villeurbanne...) est aussi la marque de la situation et est un des éléments de soutien politique des appareils syndicaux bureaucratiques. On lira donc en annexe avec effarement l'article dans LO du 3 juillet dernier et la déclaration de LO du 6 juillet sous la plume de Louis Bastille qui sont deux documents de soutien sans fard de l'agression contre les sans-papiers et leurs familles. Oublié l'internationalisme, le combat antistalinien auquel LO a pourtant payé elle aussi son lourd tribut. LO se fait contre toute attente le supplétif politique et la caution " extrême-gauche " de la direction de la CGT. On croit cauchemarder. Les articles dans l'Huma sur cette question sont presque plus critiques que ceux de nos camarades de LO. Preuve s'il le fallait que l'appareil stalinien de ce pays est en train de se recomposer, se concentrer sur ses derniers bastions dans les appareils syndicaux, singulièrement la CGT, pendant que l'appareil proprement dit continue sa longue descente aux enfers, à laquelle la venue à la rescousse de Mélenchon n'y fera rien. Petit florilège donc de la position de LO : " Depuis les grèves pour la régularisation des sans-papiers, certains militants se réclamant de l'extrême gauche critiquent vivement la politique de la CGT vis-à-vis de ceux-ci. Ils prétendent qu'elle ne défend que ses grévistes, qu'elle laisse tomber tous les autres sans-papiers et qu'elle est complice de la politique d'immigration " choisie " de Sarkozy en ne demandant la régularisation que des travailleurs utiles au patronat. Dans la foulée, l'intervention de la CGT pour récupérer ses locaux, sans faire appel à la police, a déchaîné des réactions plus ou moins haineuses. Cela va de : " Au moment où l'expulseur de sans-papiers Brice Hortefeux arrive au ministère de l'Intérieur, cette décision de la CGT n'est pas acceptable " (NPA), sans expliquer ce qu'il aurait fallu faire. Jusqu'à dénoncer " la CGT, auxiliaire armé de Hortefeux, coupable de ratonnades et de discrimination raciale " (CNT-25). Les Verts se sont joints à ces protestations. Et la Coordination des sans-papiers à Paris (CSP-75) a malheureusement repris ces calomnies à son compte (...) " LO du 3 juillet 2009. (Le reste en intégralité en annexe) admirons le passage : " l'intervention de la CGT pour récupérer ses locaux, sans faire appel à la police (...) " lorsqu'on sait, les preuves ont été publiées que la police avait été prévenue par la CGT 75 et était en protection à l'extérieur ! Barta réveille-toi, ils sont devenus fous ! Il faut dire qu'on avait eu un avant-goût de ces positions lorsque les membres LO du CA du lycée d'Aubervilliers avaient exigé et obtenu l'exclusion de deux lycéennes porteuses du foulard et donc dépositaires à ce titre, à 17 ans, de 2000 ans d'oppression de la femme !

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