TERRE A TERRE FENDU
Terre à terre fendu par
des yeux de velours
Auxquels je me suis
suspendu comme à la lune
Avec tous ses vœux lourds
ardents elle était une
Si légère ! Oui
j'en ai tremblé à être sourd
Et j'étais dans la brèche
jusqu'aux profondeurs -
Traçant la ligne d'exil
et de belle écume
Sous des vagues dont je ne
sentais l'amertume
Alors tout mon chemin prit
une grande ardeur
Pour elle j'ai attrapé
des grains de tempête
Sur la surface ailée des
ondes de la mer
Elle était grâce en fête
– elle était la marée
Et longtemps comme en
songe – j'ai trempé ma tête
Au creux de son corps
d'ange où je trouvais sa terre
Elle aurait bien voulu –
dans son port – m'amarrer
Or je prends l'océan de
la ville à témoin
Il m'est asile fébrile en
ses embouchures
Sur lèvres des fleuves –
en aurais-tu d'l'allure !
Si bruyants leurs fauves !
Je t'en prendrais la main
Oui ! Mais toi !
Tu les chevaucherais ces abîmes
Où se calfeutre l'horizon
de tous les êtres
Et il ne te serait point
question d'y paraître
Sans scier les barreaux de
nos cœurs qui y triment
Ici la nuit s'auréole de
feux follets
Qui dansent dans les
arbres jusqu'aux croisillons
Des fenêtres où des
lutins nous lancent baillons
Contre nos regards curieux
qu'ils veulent haler
Pour que l'amour lentement
nous déshabillons
Pour retenir nos corps
sous nos yeux en passion
Là j'imagine la forêt de
Brocéliande
Où tu serais la fée de
tous les chevaliers -
Rendant compte de tous les
bonheurs à lier
Mais serais-je ton Merlin
O Si tendre amante ?
De loin gravant le futur
sur tous les murs proches
Tu dessinerais les figures
des amis
Avec tous les traits de la
belle compagnie
Alors j'aurais un nouveau
destin dans ma poche
Maintenant je la brandis
l'épée de la paix
Pour faire bouger le monde
de ses oracles
Où cette furie de tous
les rapports de forces
Empêche notre petit
bonheur de happer
Ce qui – toujours amour
– s'apparente au miracle
De tenir en nos propres
mains notre vraie force
Pour qu'à jamais ne
puisse vraiment s'oublier
Ce qui là - dans tous
tes écrits – nous fait lever
Nos grands cris que nous
essayons de moduler
Pour nos respirations que
nous voulons lier
A nos rages - notre
courage relevés
Contre un triste monde
injuste faux et si laid
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