AMOUR REVERSE
Si je savais la chaîne
Qui m’unit à ma jeunesse
Je dirais cette femme- ici-
S’y relie
Car je la revois
En elle ; je la vois :
Catherine – L’unique en son domaine –
Charme retrouvé
Grand visage au sourire de prophétie
Sur des lèvres de déclaration
Chuchotée en pulpe de grenade
Terre – pneuma – son ventre
Sur les ravins de ses hanches
D’où je me suis halé
Jusqu’au halo accueillant
Soyeux portant
Les longs fuseaux de ses jambes
Avec lesquelles j’ai communié
Dans de longues marches
Ordonnant un horizon
Que j’aurais poursuivi à l’infini
Sans cette rapide sommation
D’un contrat
Pour un âge qu’elle disait limite
25 Ans et la jeune femme
Qu’elle était aurait été condamnée
A être « vieille fille »
L’hymne-aventure au fracas des jours
Si longtemps tenus en rébellion
M’ a-t-il rivé à l’oubli ?
C’est que le temps de l’amour
Ne s’ordonne pas à la loi du désir
Mais que savais-je de la liberté des corps
Quand elle appelle le désir ?
L’étoffe du lointain sur cette liberté
Ne pouvait pas être recouverte
Par une loi de l’âge
J’en ai descendu des montagnes
Avec la tempête qui me poursuivait
Et il n’y eut plus rien
Sauf une patience harassée – exténuée
Nous avions 25 ans …
Depuis – le sang de mon corps
Ne se révulse plus
Même pour mille ans de solitude
J’entends le frimas des jours passés
Et je vois cette jeunesse
Cette femme qui ouvre le souvenir
Avec – comme elle –
De larges yeux ensoleillés
J’entends et je vois
L’arme des amours
Elle éclaire et pulse et bat …
O Alma fière
Sous la lisière de sa chevelure étoffée
Sous les deux bornes
Où se continue
La route tenant à ses seins
Et comme la neige-avalanche
Je suis la courbe de l’espace
Voilà que le souvenir remonte
Il étincelle …
L’été aura marqué un nouveau pas
Après l’avant-dernier printemps
Qui a vu mourir
Une dernière aimée
Dans la force de son âge …
Non ce pas ne sera jamais celui de l’oubli
Jamais !
Malgré les orages du monde
Malgré l’invisibilité
Où semble se perdre l’avenir
Dans un torrent destructeur
S’il n’y a pas l’éclair
Où vient tonner une jeunesse
L’espérance – arc-en-ciel
Attrapée dans l’amour
Ne pourrait être que dévorée
Par de monstres-crabes
Et la rose des vents pétrifiée
En rose des sables à jamais
Ensevelie dans un désert
Sans mirage ni même oasis
Femme de tous les avenirs
Tu es encore la caresse
D’un destin ouvert
Sur mille et mille couronnes de « forget-me-not »
Embrassant les têtes lourdes
D’une résistance donnée comme forclose
Mais si proches de se rafraîchir
Femme de toutes les jeunesses
Tu relèves et délies la chaîne des jours
En la ressortant
Du creux moussu
Où ruissellent toutes les eaux
D’Alma
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