dimanche 31 juillet 2016

DANTE AUX PLATS - "CONSTANCE" L'ENCHANTE !

Le 31/07/2016
DANTE AUX PLATS -« CONSTANCE » L'ENCHANTE !

C'est en plein été...

D'un côté : deux roses trémières soyeuses, à bordure violette, posent et, indécentes, s'allaitent
à l'air impur contre le mur mitoyen en pierres apparentes . A qui donnent-elles les moyens de l'heure
lente ? Elles s'appuient sur les herbes sauvages qui essuient notre verbe de leur vieil âge . D'un autre
côté, face à un mur de glaces : un acacia, serré mais démêlé, à belle allure, se scelle au lierre qui
garnit cette allée où s'est placé... : un nid d'accueil, là, avec ce auvent sur son seuil : nid d’Épicure-
Momo et de Mélie-Constance... Paradigme de ville où , assoupi dans un vent qui soupire : ce havre
chaloupé où un Mercure savant a soutiré mille énigmes qu'une Mélusine a vantées ; ainsi comme
une île, il s'agence... Se mêle, y danse, forte en amour, cette fée aux mots : mots d'aisance où se
parfait toujours un pilote ! On voit, du seuil, dans un cadre serti pour nous : ce petit théâtre qui
noue leurs voix pour l'accueil qui se fond au secret phosphorescent de quatre globes pour ne pas
l’œil déranger... Et... Là, sans s'y mettre en quatre et, ne se forçant pas, les maîtres abordent
l'étranger qui attend sous ce plafond comme de nuit ; non daubé, il n'a évité tous ces attraits qui
défont son ennui des temps ! Et, comme s'il était mûr pour habiter là longtemps, fier, cet homme
s'y colle et ose se mettre contre le mur du fond comme capitonné de rouge d'où, derrière et
sans éclat, en une lucarne, ont sonné les plats du maître qui bouge avec sa parole qui les incarne...Si fait !
Sans être de ses fonds vraiment dégarni, qui est Dieu verni car, se fendant pour lui, n'est ce pas
la fée des lieux qui lui amène ces mets pleins d'arômes et garnis ? Leurs apprêts, Mélusine en a
souligné les attraits qui ne s'alignent en usine.... Mais bientôt le temps titille car ces princes
attendent la malicieuse Calissie, l'infante aux yeux pétillants . Or mages et sages : ils sont : ceux
qui officieront jusqu'à la lune comme pour la conquérir... Mais rien ne les empêche d'aller chercher
la belle enfant et ils la berceront encore et...Plus que fortune à quérir ou d'affaire à glaner toujours,
en amour ils se sont déployés et ont déjà tant offert à leurs hôtes que l'âme de leur temps employé
nous est un dû sérieux et on y saute en leur royaume joyeux qu'ils n'ont jamais perdu et qui restera déployé !

Poème - Naissance à l'Instant !


Le 28/10/2012 – Repris le 31/07/2016

POÈME – NAISSANCE A L’INSTANT


Maintenant – dans les babils j’habite
Déshabillant le poème
Avec les mains d'un éclair
Qui fait échec à
Mon nid-nœuds

Je le balafre
Mais … Ses blessures … :
Déjà combien jetées par moi
Comme en un blasphème
Contre l'exil où les cicatrices
Ne cautérisent pas !
Dans l’exil ?

Cela remue
Sur ma scène insane
Comme bile me traversant de
Son fort alcool !
Mais
Je les sépare de toute peine
Et ma raison les
Exorcise

Dans les foules
Demeurant insulaire
Je m’en vais sans-cesse
En déménager l’intime
Que j’ai cependant
Fabriqué

Cette ville – milieu errant
Sur ma terre
Cette ville que je paraphrase
En soupirs...
Cette ville – vertige
Non :
Je n’y parade plus /

Que les peintures vivantes
Orchestrent mes
Couleurs et
Ma voix
Qu’elles s’accommodent
A mes rusticités
Je les ferai
Renaître
Dans
Un pandémonium amical

« Blitz » sur mes échecs
Ce ne sera plus
Un supplice
Car – au sec
Sur mes rives -
J’y accorderai
Une enfance
Sans tempête autre
Que pour des rêves
Qui ne naufragent pas

Et mes défaites seront des fêtes
Au vent – à la lumière
Dans un corps nu
Et sans brillance

Tous les vils apparats
Qui transportent
La haine
Ne me touchent plus
Sauf dans les brûlis
Où courent
Mes désirs singuliers

Sans plus marcher
Avec les chaînes ténues
Où se tiennent mes humeurs
Je voyagerai quand-même
Séparé mais debout
Sur la gangue
Serrée où
N’attendre
Que des naissances

A commencer par celle du papillon :
Dieu des métamorphoses –
Butinant à chaque fois
Pour un jour
Mais – avec les plis multicolores
Sur ses ailes déployées –
Capable d’accroître
Les fleurs
Aux mille et mille
Parfums

Tant de mémoires hachées
Sans ces métamorphoses
Tant d’avenir gonflé –
A en crever –
Par la vitesse exécutrice

Et les blessures et les charniers
Attachées aux promesses
Qui fonderaient
Une avancée...

Et les accouchements douloureux
Les spasmes inattendus
Où hoquettent
Les dites
« Nouveautés »
Attendues
Sont
Sans aucune mesure
Avec des surrections
Singulières

Dans les saisons de
Nos partages
Qui voit encore
L’arbre qui
Crochète la nécessité -
Qui le voit trouvera
Un pendant à Fortuna

O comme j’envie les fulgurances
Du vide constructeur
Et le passage à la
Plénitude
Un jour venant :
Premier bourgeon
Première fleur
Première feuille
Et les ultimes chutes
Les ultimes croissances -
Tous ces inattendus d’un jour
Ou d’un moment :
On les sait
Sans détour

Qui maîtriserait les orages – les pluies diluviennes -
Les ouragans – le hurricane
Et la tempête
Perdrait
La terre

Pauvres furies des fauves d’en ville
Qui écorchent sans-cesse
Plus avant
De leur voracité d’énergie :
Les veines secrètes
Du hasard

Et les armes dans des plans
De comètes
Les armes qui escaladent
Les chemins de la haine -
Qui les fructifient
Pour des foules
Aux abois … :

Est-ce encore
Ce qui promet ?
Sciences ! Vous savez
Reconnaître le chant du monde
Et de l’univers étoilé
Vous le démultipliez
En un instant
Où la « technique »
Abdique devant
Le hasard
Cent – mille fois
Occulté par
Elle

Mathématiques aux infinis constellés
Aux singletons irrationnels
Vous hâtez et battez
La machine monstrueuse
Qui traîne lourdement
Ses promesses
Calculatrices
Vous portez des axiomes ailés
Qui – bien que non démontrés –
Révèlent et éclairent
Le poids des nombres

Non ! Finie n’est que
La course au compte !
Or on ne délimite pas
La source des naissances
Et quoi si ce n’est le poème
En babil infini -
S'arrachant
Du poids de la
Nécessité aveugle
Aveugle -
Sonne sans le chiffonner
En l'instant – jusqu'aux tempêtes
Des mémoires incendiées
Et de l'avenir éclaté -
Cherche dans
Sa langue :
Le corps sensible !


Laissons donc au big-bang les cibles provisoires !
Où les billes d’électrons
Jaillissent comme
Dans le poème... :
C’est énergie comme un
Long cri que module
L’instant capté
D’une voix et
D’un lieu
Pour mille naissances
Hasardées !

dimanche 24 juillet 2016

Evènement à l'Âme l'Amour n'y Ment à Mourir !

peinture : Chantal Bergeron




Le 24/07/2016


  Évènementà l'Âme l'Amour n'y Ment à Mourir !



Amour en peau aime et sonne :


« Event » au souffle : lumière pour ombre : qu'on le sente son sens !


Sur sa scène : on a bonne mine à saisir un esprit sans prix : « Ein Sinn ohne Preis greifen » …


Mais qu'on ne moufte quand le désir s'y empale ou quand il sombre - comme pierre des mains -
dans les eaux sales de tourbière – c'est alors que terne en allure – il se désosse et qu'en nos murs -
en sang s'efface et … Que - plus en nos corps - ne tende à luir ni à sonner !


Est-ce dur à retrouver sa mesure si – à son terme – sont à fuir – éperdus : nos sens ?


Or – grâce à mémoire – il se réouvre et en corps murmure :
cet événement où ondoie l'amour parce qu'il n'est jamais d'hier et …
Qu'à nulle tombe ni poussière ne s'aimante !


Car on sait que - grave en saillie – il ne s'annule et sourit !


Denn in der Liebe  immer mehr und weiter traben ! Keine Grabenkrieg mehr !

In love ever more and further move and trot and never more : trenchwar !

Alors en amour toujours encore et plus loin trotter et plus jamais de guerre de tranchée !

samedi 23 juillet 2016

Ulrich Zieger lecture du poême "Bénédiction Pascale" Il en dit long : ce poème et Ulrich Zieger est un bien singulier et courageux poète !

17.6.12 Reading / Lecture Antoine Cazé & Andrew Zawacki Part 2 Dense, intense poésie qui, en plus sonne et ces poètes sont courageux , ils traduisent , ou plus exactement : composent en deux langues !

"Personals Ad" by Allen Ginsberg playlist de poètes américains contemporains qui nous font vibrer dans leur langue : ils sont des témoins courageux de leur temps qui dure toujours !

Kraftwerk Radioactivity , Fukushima Version Live @ The Masonic Temple... Le synthé vibre et sonne en écho à l'onde radioactive qui se propage, propage ...!

John Lennon Some Time In New York City Disc2) 1972 Full Album ... On entend et on comprend pourquoi John Lennon a été assigné de force à New York pendant dix ans et n'a pas pu revoir son pays et les siens ! La CIA et ... Nixon ont fait leur sale bouleau !

~ RÊVERIES POÉTIQUES ~ Yassine La Plume : écoute

~ RÊVERIES POÉTIQUES ~ Yassine La Plume : écoute: écoute les silences, ce silence les feuilles bruissent le buisson est de braise claquement sec des petites brindilles là on attend la nu...

QUELQUES MOTS A PROPOS DE "LA PAROLE POETIQUE" D'YVES BONNEFOY ( voir et entendre "La parole poétique" conférence de Yves BONNEFOY en 2001 - youtube )

Peinture : Pipihua


Le Samedi 23/07/2016

QUELQUES MOTS A PROPOS DE « LA PAROLE POÉTIQUE » DE YVES BONNEFOY :




« Pincettes » pour le feu ! « l'Être » c'est du feu ! On touche le Réel, on ne le saisit pas ou alors : on s'y brûle et...On s'éteint, à moins qu'on veuille « carrément » l'éteindre , ce qui est nihilisme radical !
Or l'amour c'est feu et les femmes en sont potentiellement pleines... Qu'on ne les inonde pas d'une fausse puissance … Le feu c'est l'atome indissécable sauf à la faire fissurer, scissionner, fissionner en la soumettant à l'action d'une molécule qui conduit le maximum d'atomes sur elle, la pauvre qui est ainsi menée à une explosion potentielle gardée sous cloche , prête au pire ! Ainsi les révolutions factices s'inspirent de cette énergie et de cet amour dévoyés ! Certes, la réalité est finie et mortelle mais, si elle se fabrique avec ce feu qu'est l'être en art pour la vie, elle ouvre sur le Réel (« L'Être »)
qui, lui : un-multiple infini, nous donne rapport à toute l'énergie fondatrice, à l'univers où s'est produite notre terre , au fond de notre terre et … : En Nous-mêmes pour tout autre ! Mystérieuse énigme : certes ! Mais qu'on l'entende sonner dans la langue cet être , qu'on le goute, qu'on le hume, qu'on le voie, il faut aussi lui donner le pinceau de l'amour en corps et âme ! Qu'il faille sortir résolument de la métaphysique, le poème, de tous temps l'a déjà fait et : matière en feu de la langue où , rose perçue,il s'arrache au Capital et au rien d'être qui s'y agite et agite les nihilistes qui , l'Humain et l'Amour ainsi que l'Art massacrent parce que là il n'y a de « religare » qu'à sortir de ce miroir où nihilistes sont à se mirer en complices du Rien à penser, à tuer , à nous tuer , à se tuer ! D'où il ressort que créer poème , c'est à la fois y faire entendre le Réel et l'autre jusqu'en moi , en touchant ainsi l'infini avec les contraintes du fini qu'on réinvente sans-cesse : dans la langue et … A la fois : se défaire du « gestus », de l' »habitus » qui réduisent le banal quotidien à de malheureux stéréotypes, préjugés, présupposés, a prioris … Etc et à tous discours préfabriqués prétendant à l'analyse d'art mais : toujours extérieurs à l'art lui-même ! Ainsi, le poème comme art, ne se réduit, ni ne dissout dans les eaux sales de la « crise » consommatoire où des médias- miroir déformant veulent le plonger pour tuer en lui ce qui subvertit le Capital et dispense des émotions au son , au pinceau de l'amour où le plaisir ne s 'épuise pas en jouissance à tous prix qu'il faille s'en payer du p'tit poème pour vedettes !
Non ! Ce qui dure dans le poème , c'est ce plaisir à aimer garder en pensée et en corps ce qui semble avoir été perdu dans le cheminement de la vie : ses amours , ses amis , ses causes d'engagement , ses découvertes, ses inventions , oui et plus encore si on se fidélise à cet art pour rencontrer encore et encore ! Se garder toujours mûr pour le hasard , préserver fidèle aux premiers hasards , le sens du poème où on s'aventure pour presque rien et renaitre au monde sans-cesse et contre le cours qu'il prend , contre tout abandon au « nihilisme » , partager et accueillir ce qui peut donner force à vivre :
tout chant où se livre la part essentielle et , oui : banale , de nos vies en plaisirs et douleurs ...Ne pas chercher des chemins qui ne mènent nulle part , s'aventurer oui s'aventurer jusque dans le plus grand tintamarre , jusque dans le plus grand silence dans la fabrique d'un poème !

jeudi 21 juillet 2016

TENDRE AUX LIENS LE RIEN DU TEMPS !

Peinture : Gauche Patte



TENDRE AUX LIENS LE RIEN DU TEMPS !

Le 21/07/2016


Le temps au puits des différences s'étend pour autant ne t'y épuise en errance !
Laisses-y galoper au hasard ton regard interlope et sans laisse
Sens ce vent qui remue la torpeur
où skipper tu te sentes ému et savant !





1) D'anonymes – danse ce temps qui te distrait...
Tu attends qu'il t'anime à montrer différences
où d'errance s'étend une mine d'attraits
où tu t'arrimes mettant un trait sur distances



2) Au saoul galop sur le cheval de ton regard
tu avales ce doux îlot où l'art te garde
égal en ville : barde voué aux départs
qu'à vau-l'eau – sans escale – tu loues et hasardes



3) O Qu'il est doux ce vent qui remue la torpeur...
Ému renaît amadoué : skipper qui vante
en savant l'avenue quand d'oublier la peur
elle râpe heure du mou et aux nues s'évente !

Glenn Gould-Alban Berg-Piano Sonata in One Movement (HD)

AUX PINCETTES L'ÊTRE ICI

Peinture : So-Louwen



AUX PINCES L'ÊTRE ICI !

Le 16/07/2016 (Retravaillé)


Trace Belle image-lumière : cet œil de télé calé tel en face à l'étage d'équerre d'immeuble qu'il en meuble tout accueil !


De la façade en coin : l’œil en gué mouvant voit :
loin : bouquet savant de voix qu'il treuille en passades
du seuil du rade en son point marqué où renvoie
l'accueil qui – claque au vent – boit à son ambassade !




Le 17/07/2016 (Retravaillé)

Qui brille – mule au son – sans voir soleil
Grille d'avoir l'abeille et son émule !




Ne puisant au soleil nulle source d'espoir
il luit d'oseille à boire bulle en bourse et saoule
l'épuisant : l'abeille en course acculée d'histoire
où replié veille émule en moire qui roule … :

Tant écran sombre à damner ce loir aviné
qu'en grand couloir tendu d'ombres platanes signent
à cran où - panne à falloir - sombre ruinée
tendre manne à valoir dont s'éprend : nombre insigne !





Le 20/07/2016 ( Retravaillé )

Fondu n'est pas d'ici enchaîné à l'heure mais d'ailleurs naît ardu à s'y déchaîner !




On se fond d'ici en fait un vacant ailleurs
Où maille défaite se décantent les heures
qui – aux jours en saillie – ont chanté le bonheur
mais qu'en leurs cours ventés on faillisse – il s'écœure !



Lumière grise et femmes belles en Paris
qui – prise sur elles – fait en sa pierre l'âme
où – fières d'être bien mises – en sont houris
de paradis aéré d'où disent leurs flammes


Juste parfum à humer aux moiteurs du temps
où squatteur de clameur défunte on tende ville
et ajuste sa rumeur sans feinte en sentant
où coite : l'humeur se fend à rester tranquille !


Point de cause à soulever sauf à s'élancer
au point où se dissolvent les choses : silence... :
Qu'on l'absolve pour qui cause plein mais peu pense
loin sauf qu'à oser voler rose - se soit lancé !

lundi 18 juillet 2016

G. Dufay, Aurora lucis rutilat, Cantoria Sine Nomine (Italy) Poésie et Musique

Hildegard Von Bingen - Columba aspexit

«Vision» - Hildegarde de Bingen (VOST FR) Pour mettre en évidence ce que Hildegard Von Bingen a vraiment apporté à la musique , à la poésie ... Et à l'Humain : ce magnifique film !

Chant Gregorien moyen age On trouve dans cette vidéo de quoi alimenter toute une réflexion sur le rapport entre musique et poésie , rapport ayant été ossifié par le Dogme Religieux et ses inconditionnels serviteurs ... Cependant l'impérialité du Corps écclésiastique est passé de l'unification à la fissuration à la fin du Xème siècle avant JC ... Et ... Musique et poésie ont tendance à divorcer jusque dans l'amour !

Leopold Godowsky ‒ Java Suite

De rerum natura de Lucrèce - Gilles Louise - A écouter sans réserve ni préjugés tellement est belle cette exposition du sens , du son , de la philosophie du " De Natura Rerum " ( De la narure des choses) de Lucrèce qui fut et reste toujours un fondateur ! Passionnant et généreux travail à l'oeuvre en traduction et lecture !

Aeneid Book 1 , Latin poetry recited lines 1 - 60 arma virumque ad dare...

Grands auteurs latins - partie 2

"The Tears of Nature" de Tan Dun. Solista: Martin Grubinger con Filarmed

Gustav Mahler, Kindertotenlieder, with English Sub Titles

Délie aux champs, troussée et accoutrée..., Maurice Scève

[RARE] Maurice SCÈVE – Une Vie, une Œuvre (Émission radio, France Cultur...

[RARE] Louise LABÉ – Tant que mes yeux (DOCUMENTAIRE TV, 1979)

[RARE] CHRÉTIEN DE TROYES – Perceval ou le Conte du Graal (Institut Péda...

mercredi 13 juillet 2016

Aux Temps Où Amour et Amitié Donnent Musique




Le 11 et 12/07/2016


PETITES VARIATIONS SUR LE TEMPS



Temps mesuré : ce silence presse – rangé
attendant qu'à souffrance l'azuré paraisse...
Pourtant – que sûr il renaisse et danse léger
aux sons : mûr : son temps – dense en trajets - se dresse



Or n'est amer – si défié par nuées et vent -
qui – en trame et ruées nées à son corps – l'inventent -
âme au rire liée – tant mué en savant - :
Cet amour crû et si fier que nul ne l'évente !





VOIX ET MUSIQUE


Nuit du 11 au 12/07/2016

Que – bien unique arc – reste ajustée notre voix
à l'autre – claque juste son geste en musique...
Risque peste qu'à s'y vautrer on plaque loi :
où parc-festin d'apôtres et rois sont mimique !



Le 12/07/2016 – Après-midi


Voir qu'air en arbre bruissant passe son allure
à boire – pures en pierre embrassée – ombre et cendre...
En face : moire en lumière ambrée croise mur :
équerre où son croît – sûr en grâce : histoire tendre !








Le 12/07/2016 - 23 h
jusqu'à 1 h du matin du 13/07

RÉSONNANTE NUIT DES AMIS



Amis saoulés au soir en tempête se serrent
au « Comptoir Voltaire » où ayant mis fête ils roulent
têtes à l'espoir admis-moulé en Cythère
où boire demis aux vers est défaite aux houles


La pluie clique et souffle au marbre qu'elle fait luire
d'où flashs et déclics sont à cette suie qui farde
nuit : belle mâche en bruits pour temps nu à recuire...
Où - tant marouflées en bâche – nos nuits lézardent !


Plus vives sont nos paroles et – sans ennui
ni esquive – nous poussons la nuit à cette école
tant ravivée au sol que ses accents s'appuient
sur bruits où se sent en ville un caisson d'atoll !

vendredi 8 juillet 2016

CENT YEUX POUR LIENS AUX CORPS EN CAPITALE ! SANS EUX CAPITAL EST DIEU ET DECORS POUR RIEN !




Le 8/07/2016

CENT YEUX POUR LIEN AUX CORPS EN CAPITALE !
SANS EUX CAPITAL EST DIEU ET DÉCORS POUR RIEN !




A LA MODE

L’équivalent mobile cache singe au fer !
poli valant air : hache méninge servile !...
Que se ravalant aux linges ne sache quoi faire
en mâche – ingère – avalant coi tous ces biens viles



MODERNE

Que vaille aux décors le partage singulier
où pour corps qu'il travaille à lier – au bien engage
mailles dégagées dans un raccord déplié
où – saillie criée – il tient à l'accord des âges !


Ville est remue-ménage à y chercher abri !
Haut-perché en ses bruits – nage en ses mues habiles :
ravi : le derche et sage si ému qu'en leurs bris
mille vies sèchent les orages de Sibylle !


DÉMODÉ ?

Cille son œil va-t-en-guerre sur l'étranger... :
Gère plus arrangé – aux écueils : ne brille !
Lors – au deuil de son air étrillé s'est rangé... 
Et lui – si fers rongent accueil – il ne dessille !

jeudi 7 juillet 2016

SEUL SAUF QU'AMER AU SOL FANFARE ! Sur musique : variations : "exigeante étude" : ".../...maints serre"- (mince air, m'insère, mains serre) annonçant sons au quatrain(in-er-ic insère :"hic !" voyez vous-même!) (3 répétés 4 fois) riant mais la prenant au sérieux l'éthique : mains serre si bien s'y serre !



Le 7/07/2016


SEUL SAUF QU'AMER AU SOL FANFARE !


AJOUR


Musique n'est pince qui resserre les liens
si sert à l'étriquer Saint Prince qui les ferre !
Son hérétique en rien ne se rince d'affaires
où en sons maints serre rie son d'éthique bien





AU SÉJOUR


Nul vent ne lève air épuisé de soleil chaud...
Que se lavant de chaux un ciel rêvé en cuise
lors avant veille le pavé en est réchaud 
mais se paye l'auvent où entravé l'air n'est mouise !





SEULS : SES JOURS ?

Solitude enterrée par paroles des gens ?
N'y rageant d'altitude leur école aère
tant nous est sol leurs latitudes sans argent !
Exigeante étude qui seule nous libère...


Ne t'enferme pas ! La compagnie t'est fraîcheur !
Gagnes-y forme pour que ton pas ne s'assèche
morne et sans magnitude aux plus rêches heures
et ...Qu'au panier ses lueurs ne donnent leur mèche !

Barbara Bonney. Schubert - Lieder.

Pierre Boulez Pli selon pli

mercredi 6 juillet 2016

S'EPANCHE EN SON SITE CE QUI PENSE ET SE CITE AUX SONS




Le 6/07/2016



S’ÉPANCHE EN SON SITE CE QUI PENSE ET SE CITE AUX SONS


Ici défile...


Leurs amours ne craquent pour un havre cherché
Sourds ne sont aux remous et vaquent sans entrave
pour plaquer toute enclave et courir haut-perchés
lors ne sont plus lourds à divaguer en esclaves !

La vieille dame danse attirée par bel art
elle y tire en veille intense l'âme de ville
et vit en sourires sa trame de hasard
qu'elle pense essayer en lyre non servile

Qu'au spectacle ébruitée – mystérieuse en reluit
cette rue pour nos yeux où s'essuie son miracle
et qu'en lieu de cénacle y soit vue belle nuit
mieux c'est d'y puiser sans boire aux buts et sans claque !


Et là le fil...


Commun non réduit aux solitudes liées
ne s'élude au calme Un...Qu'il y luise : il éclate
tant ses âmes sur elles-mêmes sont pliées !
Ici mille souffles en clef ne le dilatent !

L'autre on ne peut le dire que sans ennemi
si peu qu'on en transpire - alors on ne chemine
qu'en Apôtre ou Sire pour l'or des seuls amis
n'arrimant son corps que là où mirent leurs mines !

Ne s'échappe des choses qu'être à y saisir
et il n'y a que chape à y poser en Maître
pour bien attraper ce qui cause de plaisir
et ne se happe qu'à oser y comparaître ! 

Terre est à l'Homme ce qui au temps est plaisir
mais tant que s'y assomme la pire misère
s'y mire – comme pestant aux fers – le désir
où s'attend – détonnant – l'empire de Cythère !


Or que la Vie coule ses sources jusqu'en mer
s'y saoule - amer d'envie - qui mord rassis des courses !
N''y cours si mots à rire te visitent amers !
L'amour n'est qu'affaire s'il la dévie en bourse !

Si las est le fil...

Si douce soit aux nuits mon amie – épure n'est
que ce qui poussant d'ennui en perd son allure
lors je ne puis mûrir de ce qui d'elle nait
et ferre ses ailes sans y glaner un futur !

Voici - retravaillé - un poème ancien dédié à un enfant



PETITE ÉPOPÉE POUR UN ENFANT


Tu apprendras de la tempête
et ton courage solitaire
te tiendra bien haute la tête
pour ton voyage sur la terre

Soutenant ta navigation
ta patience te fera entrer
dans le soleil d'une passion
avec tous ses secrets attraits

Sans la renommée comme gloire
de s'asseoir sur royal siège
tu sais aimer sans faire accroire
que tout fort désir est un piège

Le vent ne viendra te briser
même dans sa plus grande rage
parce que tu veux tout oser
debout contre tous les orages

Nulle attente et nulle amertume !
Mais ce calcul d'orientation
restera ta seule fortune
sans qu'elle hante tes décisions

Et quelque soit ton port d'attache
tu sauras renouer sans-cesse
avec le lointain qui se cache
mais il t'est proche et ne te blesse

Enfant ! Tu n'erres dans tes rondes
et ne gardes tes regards clos
devant ces orgasmes du monde !
Tu restes aux spasmes des flots

Les bras ouverts à toutes terres
tu ne perdras jamais des yeux
que du sud au nord tout enfer
est noyade à prendre au sérieux

Enfant ! Tu grandiras l'accord
de tous ceux qui te grandiront
en pensée – savoir – âme et corps -
car ces merveilles tournent rond !

Tu ne perdras le vent liant
si tu suis encore ses courses
et ni l'occident ni l'orient
ne sont boussole pour ses sources

L'ardeur de vertus partagées
ce courage à tout traverser
ne donnera rien à singer
des pages d'erreurs du passé

Mais – gardant tels : paix – vent – boussole
et ton espoir rivé au corps -
comme sur un tout vierge sol
tu passeras tous les décors

Pour ta vie : ta fraîche mémoire
te garde indemnes les rêves
même s'ils renvoient au miroir
de l'enfer – Tu voudrais la trêve

Et toutes les voiles dehors
tu partiras en grand voyage
épousant ce si bel effort
de gens exilés sans bagages

Mais il ne peut t'émerveiller
cet exotisme si voyeur
où aboie si bien habillé
pauvre drapeau qui nie l'ailleurs


C'est une pauvre humanité
qui semble ignorer les tourments
et cherche dans sa liberté
à nier le fracas qui ne ment

Toi ! Enfant ! Tu ne te perds pas
et questionnes l'homme mature
sur tous ses soi-disant grands pas
où l'on joue à faux le futur

et la « Grande » force « mobile »
la « Ruse » de toutes couleurs
tous ceux qui les portent – habiles
et croient y corser le bonheur ! ...

Enfant qui ne crains aventures -
face à l'écran qui les infirme
tu réapprends en la nature
le grand futur qui les confirme !

Le « grand civilisé » rassure
affichant un chemin si fier
d'homme avisé et si « mature »
que la liberté ne conquière

Et sa grande sécurité
c'est parvenir en conscience
avec toute sa sûreté
d'être la meilleure engeance

Il s'y connait en paravents
où il croit abriter souffrance
de toute tempête et grands vents
mais fragile est sa jouissance

Toi l'enfant jeté dans le monde
sais si bien que cet homme aveugle
laisse mirer une âme immonde
qui comme un vil animal beugle

Toi l'enfant ! Ignores l'étriqué
tu n'es dans son miroir pervers
par des monstres préfabriqué...
Misère – exil sont à l'hiver

Spasmes orgasmes de ces temps... :
Tempêtes encore à venir...
La détresse aujourd'hui s'étend...
L'enfant nous laisse l'avenir !

lundi 4 juillet 2016

Tant que Fontaine Arrêtée le Temps S'enchaîne au Léthé



Tant que Fontaine Arrêtée le Temps S’enchaîne au Léthé

Le 4/07/2016


Temps arrêté ? Fil sans fontaine ni adieu
tend au vieux la ville en été – s'il nous enchaîne
à piler hors de sa scène et de tous ses lieux
n'était-ce qu'au milieu file nouvelle veine !


Oui ! On est dans la parole à filer son train...
Ne se défilant d'aucun rôle en train d'y naître
si l'on y décolle ouïe au mètre à l'entrain
c'est à s'appuyer sur un sol à mille mètres !


Pas de lézard ! Hasard : femme douce nous est
et à nos arts n'est pas bazar mais flamme qui entre -
nouée de part en part à l'âme non rouée -
au regard sans le roussir ou trouer son antre


Tendresse où d'infortune supplient nos chemins...
Non plié aux tunes ton temps redresse mines
et en lune appliquée t'adresse à nos deux mains
démunies et tu t'essaies à remplir nos mines


En ville l'oiseau en court-circuit d’au-delà
est las des recuits damoiseaux en cours serviles
de ses cuis-cuis civils - masos il héla !
Il ose ô Aller cuiter qui court au devil 


Quitte de son cri – quand son aile n'est plus vue -
elle se plaît à claquer – séquelles du vide -
son vol d'hirondelle et se planque dans les nues
puis venue en ruelle s'éclate impavide !

dimanche 3 juillet 2016

S'ébruite en Poème ce qui Abrite et Sème





S’ÉBRUITE EN POÈME CE QUI ABRITE ET SÈME





Le 3/07/2016
VOIX LANCÉE EN SILENCE VOIT

Enterré le silence à la porte de l'oubli ?
Qui atterré par son repli s'emporte et y lance
sens non oblitérés qui sortent de ce pli
pour – qu'essence de terre – il s'exporte et s'élance ?

Mais c'est aux bruits qu'on embrasse le silence...
Sait-on qu'en ses braises on brasse la musique
si bien qu'à débrayer en ses antiques danses
on s'y abrite et se lance dans ses grands risques !

Mais c'est du poète que mystérieuse voix
s'entête et voit et sait qu'ennuyeuse – s'épuise
la fête pieuse – assez piteuse où se dévoie
quête rieuse où s'essaient sens qui aux sons puisent



Le 2/07/2016
EMBRASSER LE TEMPS PAR BRASSÉES LE TEND

Ni d'effroi létal ou de rage à y piler
ces mobiles froids nuages en capitale
s'étalent en rois – si las d'orage appelés
par mage à leur endroit : encagé mais banal

Alors si sans eux le temps s'emmure en vains lieux
c'est que nuls devins en sont ces yeux au murmure
de leurs liens qui s'annulent en vin non vieux
Pourtant à les bousculer il en devint mûr !


Le 3/07/2016


Brise été commençant : temps si brouillé qu'on croit
qu'en accents mouillés et gâtés de froides brises
est hanté et souillé l'abri à son endroit
si trop étroit – hâté – on se rouille à sa prise

Mais on épouse le monde – à cheval au vent
avant que s'avalent et s'y cousent nos rondes...
N'est looser à les ravaler au paravent
car il n'est blousé y rêvant qu'elles fécondent


Rose trémière où le sombre s'évanouit -
arrosée de lumière - elle s'essuie aux ombres...
Tant osée : sa belle âme – hier – sans appuis
qu'aujourd'hui – fière trame – sous la pluie ne sombre !

samedi 2 juillet 2016

Des vers pour mémoire et présent sonnent le futur !

peinture : Marie Hélène
Mixed Média - Pébéo

Le 30/06/2016



SANS ARTIFICE : BOIRE ENCORE AU VERS SANS REVERS NI SACRIFICE !



Raccommoder la mémoire aux mots démodés
que l'âme au dit ému amarre comme en moires
et - qu'au miroir ils muent - elle aime - sans céder
aux déboires maudits - qu'ils soient encore à boire



Nul ciboire aujourd'hui où clamer poésie
sauf qu'à son abri elle se broie – perd son âme
en accents sans bruits mais - par l'étroit saisi :
au froid - son sang dessaisi s'enferme en sa trame !


Elle sait bien que sans avoirs à y virer
en biens et succès est donc nul ce lien de messe
pour voir ses lieux sans décès qu'elle fait mirer
en savoir sans s'admirer aux temps de détresse



Le 1/07/2016

  LA SUIE DES MURS ESSUYÉE PAR LA SUEUR DU CIEL !



Béante rue ! Si – val en ville – y hante vent
nulle décevante ou vile vue n'y avalent
le blanc filet des nues annulant paravent
sauf – qu'en émule bien civil – on y cavale !


Si de la sueur du ciel l'averse est venue -
essentielles et nues s'y reversent nos heures
et s'avère – sans bruit ni fiel qu'y ayant bu
kyrielles de lueurs la défient : la chaleur


Et la pluie a essuyé la suie de tous murs...
Dans la nuit – conviée par leur allure : la ville brille.
et n'est silencié dans le bruit : son futur
si – à l'abri de ramures - elle s'habille


D'océan : ruelle en Cendrillon bien chaussée
n'est souillon si la ville en ses accents appelle
pour qu'en décents liens nous veillons à l'embrasser
en drilles s'y pinçant : princes de son réel !



Excellente introduction au poème de la seconde moitié du XXème siècle ( après la catastrophe : le "désastre obscur" !)

25/11/2015

Philippe Lacoue-Labarthe, la poésie comme expérience (une lecture de Nathalie Riera)


Sans titre 1.jpg
(à gauche) Paul Celan


Mesdames et Messieurs, il est aujourd'hui passé dans les usages de reprocher à la poésie son «obscurité». – Permettez-moi, sans transition – mais quelque chose ne vient-il pas brusquement de s'ouvrir ici ? –, permettez-moi de citer un mot de Pascal que j'ai lu il y a quelque temps chez Léon Chestov : « Ne nous reprochez pas le manque de clarté puisque nous en faisons profession ! »
– Sinon congénitale, au moins conjointe-adjointe à la poésie en faveur d'une rencontre à venir depuis un lieu lointain ou étranger – projeté par moi-même peut-être –, telle est cette obscurité.
Paul Celan, Le Méridien & autres proses, Seuil, 2002, traduit par Jean Launay

Le poème peut, puisqu’il est un mode d’apparition du langage et, comme tel, dialogique par essence, être une bouteille à la mer, mise à l’eau dans la croyance – pas toujours forte d’espérances, certes – qu’elle pourrait être en quelque lieu et quelque temps entraînée vers une terre, Terre-Cœur peut-être. Les poèmes sont aussi de cette façon en chemin : ils mettent un cap. Sur quoi ? Sur quelque chose qui se tient ouvert, disponible, sur un Tu, peut-être, un Tu à qui parler, une réalité à qui parler.
Paul Celan, « Allocution de Brême », in Le méridien & autres proses




 « La poésie comme expérience » (paru pour la première fois en 1986), une nouvelle édition dans la collection « Titres » des Editions Christian Bourgois, nous est donnée à relire. Il s’agit d’un essai du critique et philosophe Philippe Lacoue-Labarthe. Livre-phare qui nous conduit à revenir sur Le Méridien de Paul Celan – texte de l’allocution qu’il prononcera le 22 octobre 1960 à l’occasion de la remise du prix Georg Büchner –. Si Le Méridien est une réponse à Martin Heidegger, ce texte vient aussi inaugurer à sa manière un « art poétique », ainsi que le fera Ingeborg Bachmann avec ses fameuses « Leçons de Francfort/problèmes de poésie contemporaine », durant le semestre d’hiver 1959-1960, et dont le discours s’en tiendra essentiellement à la question de l’expérience poétique.
Chez Lacoue-Labarthe, en référence à Celan, il est question de l’acte poétique qui doit être entendu comme acte de la pensée. En première partie de son essai, nous retrouvons « Deux poèmes de Paul Celan ». Il s’agit de deux poèmes connus, qui portent des noms de lieux : Tübingen et Todtnauberg ; des lieux qui sont associés à Friedrich Hölderlin et à Heidegger, précisant à ce sujet que l’itinéraire linguistique de Paul Celan se caractérise par l’acceptation de l’allemand « comme langue de son œuvre »[1]. Avec ces deux poèmes, Lacoue-Labarthe s’appuie sur plusieurs traductions, dont celles d’André du Bouchet et de Martine Broda pour le poème « Tübingen, janvier » et à nouveau du Bouchet, puis Jean Daive pour le poème « Todnauberg ». Si pour Lacoue-Labarthe il n’est aucunement question de juxtaposer ces traductions « pour les comparer ou les commenter », précise t-il, pas plus qu’il n’est souhaitable de les « critiquer », ces traductions vont néanmoins servir à nous « orienter ».  D’une part, vers ce constat que les deux poèmes de Paul Celan sont « strictement intraduisibles, y compris à l’intérieur de leur propre langue, et pour cette raison d’ailleurs incommentables »[2]. Et d’autre part, Lacoue-Labarthe argumente, en précisant que ces poèmes « se dérobent nécessairement à l’interprétation, ils l’interdisent. Ils sont écrits, à la limite, pour l’interdire. C’est pourquoi l’unique question qui les porte, comme elle a porté toute la poésie de Celan, est celle du sens, de la possibilité du sens »[3].
Au cœur de cet essai, des questions affleurent, notamment la question du « sujet » que Lacoue-Labarthe dit être « la question de qui pourrait, aujourd’hui […], parler une autre langue que celle du sujet et témoigner de – ou répondre à – l’ignominie sans précédent dont fut – et reste – coupable l’ ‘’époque du sujet’’ »[4]. Pour en revenir à la question du rapport entre « poésie et pensée », Lacoue-Labarthe interroge ce que peut être une œuvre de poésie qui, « s’interdisant de répéter le désastreux, le mortifère, le déjà-dit, se singularise absolument ? Que donne par conséquent à penser (que reste t-il encore de pensée dans) une poésie qui doit se refuser, avec tant d’opiniâtreté parfois, à signifier ? Ou bien, tout simplement : qu’est-ce qu’un poème dont le ‘'codage'’ est tel qu’il désespère à l’avance toute tentative de déchiffrement ? »[5]
On a souvent dit de Paul Celan, de sa poésie, qu’elle est obscure, froide et hermétique. Mais l’hermétisme en poésie n’est-il pas le propre d’une intériorité inquiète, en même temps que le moyen privilégié d’accéder à l’Etre ? De Paul Celan, on ne peut en douter, son obscurité semble aller bien au-delà de ce que l’on entend par hermétisme ou renoncement à l’intelligibilité. Lacoue-Labarthe pose alors la question de la singularité, c’est-à-dire de l’expérience singulière, au sens où : y-a-t-il ou « peut-il y avoir une expérience muette absolument non traversée de langage, induite par nul discours, aussi peu articulé soit-il ? »[6] D’abord, que faut-il entendre par le terme « expérience » ? Lacoue-Labarthe nous renvoie à l’étymologie : ’experiri’, qui en latin se traduit par ‘'la traversée d’un danger'’. Ce que dit et veut dire l’expérience poétique, ce n’est pas « au sens d’un ‘'vécu'’ ou d’un ‘'état'’ poétique. Si quelque chose de tel existe, ou croit exister – et après tout c’est la puissance, ou l’impuissance, de la littérature que d’y croire et d’y faire croire –, en aucun cas cela ne peut donner lieu à un poème. À du récit, oui ; ou à du discours versifié ou non. À de la ‘’littérature’’, peut-être, au sens où tout au moins on l’entend aujourd’hui. Mais pas à un poème. Un poème n’a rien à raconter, ni rien à dire : ce qu’il raconte et dit est ce à quoi il s’arrache comme poème »[7].
Entre solipsisme et autisme, entre le « vouloir-ne-rien-dire » d’un poème et le trop vouloir dire, Lacoue-Labarthe soulève le tort causé à la poésie de souvent vouloir la confondre avec la célébration. S’il ne peut s’agir de célébration, pour Labarthe il s’agit de dire que « le poème commémore ». C’est l’évènement singulier que le poème commémore. Au sujet de la démesure de la parole, le philosophe nous rappelle ce qu’Hölderlin entendait de l’éloquence, de cette perte vertigineuse dans l’enthousiasme – « l’enthousiasme excentrique », est-il précisé, pour dire autrement ce qu’il désignait par le « pathos sacré » dont il fut lui-même victime et qui le réduisit au silence .
Lacoue-Labarthe dira de Celan et d’Hölderlin qu’ils souffriront de la même solitude et de la même douleur. Mais de quelle douleur est-il question ? Ou de quelle solitude, en particulier chez Celan ? Il y a un moment du discours du poète, qui dit : « (…) ne voit-on pas que le poème a lieu dans la rencontre – dans le secret de la rencontre ?
Le poème veut aller vers un autre, il a besoin de cet autre, il en a besoin en face de lui. Il est à sa recherche, il ne s’adresse qu’à lui.
(…) Le poème devient (…) un dialogue – souvent c’est un dialogue désespéré »[8].
A quelle rencontre fait-il allusion ? Et si rencontre il y a, peut-elle permettre le dialogue, autant que Celan peut l’espérer ? Une réponse est avancée par Lacoue-Labarthe : « (…) je crois que la poésie de Celan est tout entière un dialogue avec la pensée de Heidegger »[9]
Paul Celan rencontre Heidegger au printemps 1967. – Il semblerait comme une confusion dans les dates, car je lis ailleurs, notamment dans les annotations d’un texte de Jean-Pierre Lefebvre,[10] que la rencontre aurait eu lieu le 25 juillet 1967 – Il lui rend donc visite dans son chalet à Todnauberg, en Forêt Noire, lieu de vie et d’écriture du philosophe. Le souhait de Celan, le grand souhait : que Heidegger réponde à son passé nazi, à son engagement dans le national-socialisme au début des années 1930. Le poème « Todnauberg » est issu de cette rencontre, et que Labarthe analyse comme étant « à peine un poème : unique phrase nominale, hachée et distendue, elliptique, ne se formant pas, c’est non pas l’esquisse, mais le reste – le résidu – d’un récit avorté : des notes ou des notations, comme simplement griffonnées à la hâte en vue d’un poème espéré, brèves, exclusivement compréhensibles pour celui qui les a prises ou écrites. C’est un poème exténué ou, pour mieux dire, déçu. C’est le poème d’une déception : en tant que tel il est – il dit – la déception de la poésie »[11].
Un (seul) mot de Heidegger : il n’en fut rien.  « Celan, le poète – et le poète juif – venait avec une seule prière, mais précise : que le penseur qui écoutait la poésie, mais aussi le penseur qui s’était compromis, fût-ce le plus brièvement et le moins indignement possible, avec cela même dont allait résulter Auschwitz – et qui là-dessus, sur Auschwitz, quel qu’ai été le luxe de ses explications avec le national-socialisme, avait (aura) observé un silence total –, que ce penseur dise un mot, un seul : un mot sur la douleur. À partir duquel, peut-être, tout soit encore possible. Non pas la « vie » (elle est toujours possible, elle l’était même à Auschwitz, on le sait bien), mais l’existence, la poésie, la parole. La langue. C’est-à-dire le rapport à autrui »[12]. Lacoue-Labarthe s’interroge sur le « mot » tant attendu par Celan. Que voulait entendre le poète : « Quel mot, pour lui, aurait eu assez de force pour l’arracher à la menace aphasique ou idiomatique (…) Quel mot aurait pu faire, soudain, évènement »[13]. Pour Lacoue-Labarthe, Celan nous a situés en face d’un mot, celui « le plus humble et le plus difficile à prononcer (…) – ce mot que tout l’occident, dans son pathos de la rédemption, n’a jamais pu prononcer, et qu’il nous reste à apprendre à dire (…) : le mot pardon ».

L’évènement de la singularité chez Celan, c’est justement, au sujet du poème « Tübingen, janvier » : détruire l’image, et avec le poème « Todnauberg » : le poème ne contient plus aucune image. N’est-ce pas, là, la définition même de la poésie, de l’essence de la poésie, c’est-à-dire quand « le poème n’est effectivement poème que pour autant qu’il est absolument singulier ».

Pour conclure, j’en reviens au texte de Jean-Pierre Lefebvre – en guise de préface au « Choix de Poèmes » publié chez Gallimard en 2004 – pour lequel la poésie de Celan répond aussi « à la provocation de l’interdit d’Adorno, en développant une poésie qui n’est pas celle de l’après-Auschwitz, mais qui est « d’après Auschwitz », d’après les camps, d’après l’assassinat de la mère, d’après les chambres à gaz (…) »[14].

25 novembre 2015 © Nathalie Riera – Les carnets d’eucharis


  
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