LE GUET DU JOUR
Averse d’encre noire
Sur ébène enrubanné
D’yeux vampires
A corps de fauves précipités
Eclairs fuyants
Dans l’abîme de pierre
Bruine dégageant
Une lumière fauve
Par-dessus le terre-plein
Voilà le ciel
Qui ne s’accorde plus
Avec le sol
Qui feint le bleu
Marchands de rêves
Vous jetez ici
Vos nuits insomniaques
Qu’est-ce que le ciel pour vous ?
Une palinodie perpétuelle
Ça parle là
Ça roucoule
Et si ça s’accordait ?
Cris de mouettes …
C’est l’aube qui monte
Avec les oiseaux blancs
Rumeur insistante qui gronde et vibre
C’est le métro enfoui
Au loin – haut :
Un dégagement comme incendiaire …
Puis une ligne d’or
Qui – vite – s’efface
Le bleu a trahi – le blanc a trahi
Des traînées de nuages sales
Accompagnent la bruine
Qui ne cesse pas
Mais l’orage s’est effacé
La vacance sort des ondes dans les flaques
Elle tombe à terre
Au moment où les réverbères –
Ces soldats lunaires –
Se déchargent de leurs rôles
La terre – c’est plus loin : la place
Son herbe devenue sauvage
Où dort encore la Marianne
Debout dans son linceul noir
La terre – c’est plus proche –
L’arborescence obscurément feutrée
Mais – Oh …Revoilà l’averse
La revoilà grondante sur le auvent
Ruisselante dans les yeux non éteints
Des fauves
Uniformément blanc le ciel !
Alba ! Alba sur des chemins d’écume
A limé la lumière commençante
En cordes et veines d’eau
Se chargeant d’immerger
Les derniers rêves d’amoureux
Dans une inondation
Qui les fouette aux visages
Bruits de giclées – suintement sur les avenues
Roule – Roule Temps éphémère
Il est des temps successifs
Qui se rivent aux corps
Maintenant : la ville
Plie les dos
Maintenant : elle prend –
Sous le crachat de la pluie –
Ses servants
Pour se faire active et belle
Maintenant
Elle sème l’herbe folle
Pour faire pousser des fleurs
Dans un Août malandrin
La pluie mécréante – ici –
Délave – érode et fissure
Imitant la marée sur la roche
Ailleurs la moisson a été rentrée
Avec la peine accélérée
Par les orages
Mains rugueuses oubliées
Mains sèches – mains tailladées
Oubliées
Les hirondelles – qui le sait ? –
Vous prendraient sous leurs ailes ?
Petit matin vénéneux !
Tu embarques tant de monde
Dans ta bouche lustrée
Que même l’orage
Sent l’ébriété
Comme si tout devait
Se consommer là
Avant la rentrée des enfants
Sur la piste de la ville !
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