lundi 31 octobre 2011

SUR LA RIVE

SUR LA RIVE

Tu as fini de feuilleter tes rêves

Tu es sur ta rive


Humeur rétive


Mais le blanc du ciel s’éparpille

Le soleil lancine un peu

Au bord de l’horizon


Les corbeaux croassent

Les pigeons roucoulent


Ton poème est en suspens sur la terrasse


Maintenant les murs étincellent

Le soleil rissole les arbres

Il illumine ton matin


Il ne reste que l’azur


La circulation papillonne légèrement

Ton temps ne brûle pas

Ton humeur ne fulmine plus


Dis-moi petit Homme :

Quel est le sens de ta légende

Sur les cendres dispersées de tes nuits

Là – sur le socle-monde brillant

De la Marianne éternellement veilleuse ?


Doucement – la liberté desserre

Les sangles du temps

Et les rentre dans la terre

De ton poème

Où s’essaiment les mots du matin


Tu peux aller dans le chemin de traverse

En laissant guider tes pas

Par la cimaise des balconnades

Où vibrent les accents aigus de la lumière

Contre des équerres d’ombres


Tu descendras – dans le tintamarre du temps –

Prendre ta mesure avec le métropolitain

Et – sachant le soleil à dix pas –

Tu rentreras dans la calme fureur de vivre

mardi 25 octobre 2011

HORS-BORNES

HORS-BORNES

Terre ! Terre : figée

Interrogations ?... Rien

Air – Errances …

Le monopole du vide serait

Misère et cautère

Le Tout pensé au vitriol ...

Lancer de pierres

Au guichet des oracles


Traîner sa bosse

Jusqu’au frisson crépusculaire

Et lâcher des miettes à l’instant

En le criblant d’envols


Oiseau-lyre effronté

Te revoilà !

Mais plus personne en ses mains

Ne t’attache à la déflagration

De ses rêves cathodiques

Sur les chemins de sable


Personne au cou serré

Par l’ennui

Ne te renie

En étranglant ton chant

Dans le musée des prophéties


Il n’y aurait que traces ténues

Comme fil dans la corne du temps –

Ton son coupant retraduirait

L’inutile en lumière

Et desserrerait l’étreinte

De l’oubli


Paupières battant

A la pulpe de la nuit –

Qui entendra ses jeunes jours

Accordés à la chair errante ?

Nul berger

Et plus de terre vierge à violer


Sa mélodie –

Inaudible sous la maigreur

Des réverbères ?

Cible gémissante de la présence -

La ville devient sa princesse

Dans les soirs de fauves


Pourtant – Terre – Terre

Au moulin des désirs

Et c’est une clepsydre ivre

De cascades

Qui débride le foret des absences -

Qui accélère le mouvement

Au-delà des margelles


Du puits où s’accuse l’obscur

Se hissent vers le ciel sans étoiles

Les clefs enflammées

Ouvrant des algorithmes cristallins

Qui accordent lyre et oiseau


Non pas d’un brillant candélabre

Nous retiendrons ces étincelles

Mais de la lampe du pauvre

Qui n’a que sa peau comme destin

Et vivifie le poème

De ce rien qui lui est sans-cesse réaccordé

vendredi 21 octobre 2011

DU SILENCE A L'AURORE

DU SILENCE A L’AURORE

Pris par le silence de la ville

Je brique ma parole en braille

Plus enfant que tous les enfants

Tête brûlée par le gel


Entendant sonner l’éveil

Par la corne des rues

Mes mots s’aventurent

En se durcissant

Comme un chiendent

Dans mon dos glacé


Le diable de la nuit résiste

Et casse mon poème instantané

Ulysse bohème

Qui va courant vers l’aube

-Mon acmé dans les phares –

Je nage à la rattrape d’un souffle


Silence à tête de vacarme

Je suis aveugle

Au chien de fantaisie

Et je le siffle


Toutes les marées dorment encore

Je les suivrai dans la blanche ferveur

Comme cela se doit dans un temps exalté


L’harassante solitude

Reste prisme de lumière

Et – les yeux penchés

Trancheront le silex acéré

De ma pierre de feu

Qui lance les éclats de ma voix


Le diable restera mon vertige

Je lui offrirai les cent raisons

De ma misère

Etrangère au culte du livre


En griffant l’édifice

Où ronge l’écriture

J’essaie d’entendre

Les cent et cent solitudes

J’essaie de voir

Ne pouvant les toucher

Les avenues de tous les rêves


La cohorte de mes mots

S’est avancée

Le ciel platine crie déjà l’aube


Verre pilé cassé

Crissement des karchers

Feuilles mortes avalées

Sirènes de police

Tout est prêt

Pour la grande roue de la ville


Pan tenace –

Le poète n’est pas de ceux

Qui se plient aux traces et aux places

Dans la marche du temps :

Il conspire

Il se rit des villes buissonnières

Et ne se noie dans les villégiatures


Chien courant des soldats lunaires opiacés

Il hume le moment de leur extinction

Il n’attend rien des fugaces parcours

Qui le mèneraient au zénith


Tête aujourd’hui – ici et maintenant –

Ferrée par tant de vacarme

Il rentre dans l’adieu aux dieux

Qui avaient fait sa renommée

Il chante la ritournelle

Où valse le travail

Sans pouvoir congédier

La misère qui le tient sur sa corde


Il se fait l’indien de

Toutes les promesses déçues

Et le plasma des grandes artères

Qui rugissent

Est aussi son chant dans un corps

Arraché aux gueuloirs de la ville


Plus de silence en son jardin

Plutôt que l’hébétude

Le vent triomphant

Qui l’emporte dans

Les arbres au savoir roussissant

Et un énorme rire contre

Les auréoles de la pureté

Plutôt l’acier fondu sur ses lèvres

Plutôt que l’hébétude :

Le vent triomphant

Qui l’emporte dans

Les arbres roussissant du savoir

Et un énorme rire

Contre les auréoles de la pureté

lundi 17 octobre 2011

PRISE DE TEMPS

PRISE DE TEMPS



Frustes bras noirs de la circulation
Engorgés de lampadaires lunaires
Vous chuchotez – ronronnez
A l’éveil de la ville
Pendant que la nuit
Vous crache
Son dernier morceau
Sans aucune étoile

Verra-t-on la blanche couverture de l’aube
S’étendre parmi vous ?

Tristes – les ombres des rêves
Sortent peu à peu de leur antre
Ombres furtives
Parmi les ombres

Je dépose ma couronne de mots
Sur une lèvre urbaine
Je l’humecte de café noir
Et y lance les volutes
De ma cigarette allumée

Le temps précieux garde encore l’obscur
Il est uniforme comme lui
Mais la vitesse des phares
Le surpasse
Bientôt le chuchotement – le ronronnement
Laissent place
A des giclées furibondes

Mauve noirci poussiéreux
Entre les arbres – entre les murs
Et au-dessus


Sous la caisse d'un camion à l'arrêt
N'est-ce pas une femme du lointain ?
Vrombissement !..
Non - Ce n'est pas l'exil - C'est une femme Ici
Dans le reflet de la vitre ennoircie

Quelques phares jettent des cristaux de roche
Dans des rigoles

Tout le ciel vire au mauve bleuté

Les passants fleurissent l’ombre générale
En chaînes de pas pressés
Dans toutes les directions
Sans arrêt – sans arrêt …

Bleu blanc du ciel

Archers d’Artémis
Lancez vos flèches sur l’horizon blafard
Que le soleil puisse en sortir
Sa tête incandescente
Sur la place qui rugit maintenant …

Blancs – uniformément blancs :
Le ciel – les murs – le macadam
Ça y est :
Les lampadaires abandonnent
Leurs rôles de veilleurs lunaires
C’est l’éveil partout

Les flèches n’ont rien pu faire
Le soleil a répondu absent
Du fond de l’horizon