dimanche 4 décembre 2011

DANS L'ESQUIF

DANS L’ESQUIF

Dans le vent qui geint

Dans ses pleurs au fouet battant

On entend et l’on voit

Gémir l’océan de la ville

Entre ses lampes et ses phares

Vagues après vagues

Battant les solitudes

Jusqu’ici : ce grand esquif

Où gonfle la veille comme une voile


La voix d’abord flétrie

Comme les feuilles qui tombent

Remonte sur le pont

Pour haler les cordes

Et les diriger

Dans l’orchestre de la tempête


O Stupeur !

Les rires et les charmes

Font virer les pleurs du vent

Et leur fouet

Dans un accent de rivière chaotique

Qui soulève

L’âme du temps

Coupant court

A toute noyade dans la mélancolie


La horde des larmes célestes

Ne chiffonne pas l’espoir

Ici elle dessine une terre allègre

Avalant les traînées de poudre

Où cheminent les traces de la guerre


La paix

Sous les lumières pourpres

Des infrarouges

La paix

Non pas comme un assommoir

Mais tenant dans un halo d’amitié

Où mord tendrement la présence

En son nid de hasards

L’incertitude – l’humeur du vent

Saura faire éclater l’attente

Et ruiner les promesses


Restent celles des amours

Naviguant avec cet esquif

Qui – jeté sur l’océan –

Se ressource vague après vague

Laissant jaillir l’espérance

De la veille


Debout ! Les soutiers de la lune moderne

Renversez vos oracles

L’orage passera – il passe déjà

Le vent se tait

Comme cessent déjà de tonner

Les vagues sur l’auvent


Attraper le silence

Entre les voix partagées

Et les assiettes – les vers qui claquent


Satelliser ses désirs

Pour faire tourner la terre

Autour des déserts de la solitude

Au plus proche des larges rives

Où ne peuvent plus meugler

Les loups qui exilent

Eux qui ont voulu restreindre

La ville en champ clos

D’une mémoire monstrueusement monumentale

Si scarifiée

Qu’elle en sacrifie les souvenirs anonymes


Ils tournent – tournent

Les vents

Dans un cycle secret

Impondérable – irréductible aux chants déçus


Il reste

L’au revoir à la tempête

Comme à chaque fois

Où a pleuré le vent


Il reste

Le hors-là

Où ont flashé les éclairs

Nous les gardons près de nous

Avec ce moment où ont vibré

Les rencontres vespérales


Au chemin de traverse

L’esquif aura offert

Un havre où poser sa route

Sans qu’aucun berger de l’être

Ne puisse y dicter une orientation


On sera passé dans le cœur du temps

Sans avoir à le compter

Ce fut sans éclats

Sauf celui du rire

Saluant l’humeur du vent

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