DANS L’ESQUIF
Dans le vent qui geint
Dans ses pleurs au fouet battant
On entend et l’on voit
Gémir l’océan de la ville
Entre ses lampes et ses phares
Vagues après vagues
Battant les solitudes
Jusqu’ici : ce grand esquif
Où gonfle la veille comme une voile
La voix d’abord flétrie
Comme les feuilles qui tombent
Remonte sur le pont
Pour haler les cordes
Et les diriger
Dans l’orchestre de la tempête
O Stupeur !
Les rires et les charmes
Font virer les pleurs du vent
Et leur fouet
Dans un accent de rivière chaotique
Qui soulève
L’âme du temps
Coupant court
A toute noyade dans la mélancolie
La horde des larmes célestes
Ne chiffonne pas l’espoir
Ici elle dessine une terre allègre
Avalant les traînées de poudre
Où cheminent les traces de la guerre
La paix
Sous les lumières pourpres
Des infrarouges
La paix
Non pas comme un assommoir
Mais tenant dans un halo d’amitié
Où mord tendrement la présence
En son nid de hasards
L’incertitude – l’humeur du vent
Saura faire éclater l’attente
Et ruiner les promesses
Restent celles des amours
Naviguant avec cet esquif
Qui – jeté sur l’océan –
Se ressource vague après vague
Laissant jaillir l’espérance
De la veille
Debout ! Les soutiers de la lune moderne
Renversez vos oracles
L’orage passera – il passe déjà
Le vent se tait
Comme cessent déjà de tonner
Les vagues sur l’auvent
Attraper le silence
Entre les voix partagées
Et les assiettes – les vers qui claquent
Satelliser ses désirs
Pour faire tourner la terre
Autour des déserts de la solitude
Au plus proche des larges rives
Où ne peuvent plus meugler
Les loups qui exilent
Eux qui ont voulu restreindre
La ville en champ clos
D’une mémoire monstrueusement monumentale
Si scarifiée
Qu’elle en sacrifie les souvenirs anonymes
Ils tournent – tournent
Les vents
Dans un cycle secret
Impondérable – irréductible aux chants déçus
Il reste
L’au revoir à la tempête
Comme à chaque fois
Où a pleuré le vent
Il reste
Le hors-là
Où ont flashé les éclairs
Nous les gardons près de nous
Avec ce moment où ont vibré
Les rencontres vespérales
Au chemin de traverse
L’esquif aura offert
Un havre où poser sa route
Sans qu’aucun berger de l’être
Ne puisse y dicter une orientation
On sera passé dans le cœur du temps
Sans avoir à le compter
Ce fut sans éclats
Sauf celui du rire
Saluant l’humeur du vent
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