POUR UNE REINE COMME
ALICE
Quand les marronniers
roussissant sourient
A l'ivre circulation
sur le fleuve de la place
Ma ville s'abreuve de
son ciel gris
Mais les voix ici
rayonnent et déglacent
De leurs conversations
qui rient
Un soleil qui
furtivement
Lance un éclat
D'ange
Et je confonds ma joie
qui ne ment
Avec cet univers
inconnu
Que danse – décisif
-
Mon courage
Qui s'épanche dans ma
main
Hésitante et nue
Même si
Ainsi
Se fabrique une
écriture de dilettante
Et ma musique se dégage
Des pas hâtifs
Exténués
De ratures
J'entends danser les
gammes
D'une femme tendre
Qui sourit à
Mes vers -
Me lançant ainsi au
travers
Du ventre de
Paris
Sous les cendres des
nuées
Et je renais encore
Avec des mots de corps
et de chair
Qui portent ma peau
A l'incandescence
D'un cher amour
D'aventure
Tenue au
Futur
L'automne est tiède
Mon étonnement cède
A la nature et ses
tropes
Où m'emportent
Les veines
De fleurs lointaines
Me poussant
Au seuil
Du ciel
Au cœur d'une trouée
d'azur
Roué d'infini
En sang
L'heure est sableuse
Elle coule – hâle et
enchaîne
Une houle de petits
Bonheurs
Qui sont des opales
Aux passades
Lumineuses
Qui creusent mon cœur
parmi
La foule des
Passants
O Vénérable Paris !
Suis-je indécent ?
Ne suis-je pas trop
hâbleur
A taire les voix
Qui – dans leur
concert
Devraient me rendre
Moins dissert
Ah ! Laisser
vibrer la soie
Comme d'un sari
enjôleur
Se plisser sur les
cuisses
D'une reine comme
d'Alice
Chantant les venues des
dieux
A son éden hanté par
Un aède capricieux
Qui voudrait
Tenter
D'accueillir avec le
désir
Les soleils des
banlieues !...
O Rince tes yeux et tes
oreilles
Rince le grand Paris
Jusque dans
La veille
Et que ton cri modulé
Ne soit plus esseulé
Que la reine
S'essaye encore au
soleil
Pour notre arène ainsi
Dessillée
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