Paris Le 25-03-2022
Repris du 2-08-2016
Déjà retravaillé le 22-11-2016
VOYAGE PEU PROSAÏQUE
Pendant que défile ce pays enfilé au souvenir en saillie dans ce train – où, en source,
mes rêves fluctuent sans leurs courses mais sans frein ni trêve, j'entends, comme un
élan à tenir cet appel qui, comme un oracle, du Mont Blanc, jamais ne s'est tu et tend
mon âme comme au pinacle.. Elle m'étreint : cette école féconde où se transporte la
parole qui abonde au monde : en ce train : en tambour léger où craquent en spasmes
tout ce qui nous est rebours mais en phasmes nous tient là en liens avec ce si bel arc
d'où une flèche allonge en nos mains : la marque où se prolonge l'humain et lèche la
campagne qui défile immense et gagne l'horizon qui s'y enfile et dans ce train danse
sa raison immense que l'on étreint là avec notre compagnie aux fils denses, intenses.
Et roule, roule là sous le gris qui saoule mais on a pris à la terre : ce qui est sans prix
et s'aligne sur le lointain et fait signe contre tout destin : on est indien dans cette île
mouvante qui est comme un lien des exils où tout s'invente pour ce vif air où, flèche
décochée s'est fichée, pour nos mains sensibles, dans les mèches du temps qui brille
où l'instant habille nos yeux où mille lieux vrillent et les décille de la vie des villes.
Sortie de leurs décors : plus forte en nos corps, est tendue au mystère : l'étendue de
la terre : on y saute, comme neufs, sur ce que l'on croise : ce qui reste de bosquets,
de sources et tient le sol avec ce qui boise et ressource ; qu'on y toise comme pour
y vaquer : le vert allé en prairies : tout cela nous est sans prix et sert d'abris à tant
d'êtres. Moins tendue, en sillons trop longs, cette terre est sans baillon posé dans
ce qui la tient vive ; ne le sait-on du train qui nous ravive d'entrain pour ce qui y
défile ? Et que l'on y voie des humains, maintenant en vie, y tenant leurs mains,
on sait : au bord de ce chemin de fer : tient aussi le corps du pays en un bel air...
Tendu par le soleil en saillie, le train semble être fendu dans son élan ; on est en
veille étreint quand il glisse dans le silence. On tend son attention vers la fin du
voyage. Des voix, alors,sortant à vif de leurs tensions sans bruit,sonnent lançant
dégagés de toute attente, l'appel à l'arrivée. Bagages en mains, on n'est plus là à
rêver aux lendemains. On est tous serrés... Et le train, doucement tend à l'arrêt.
Croisées, les routes avoisinées sont à la mêlée. Qu'en prose zélée on se renvoie
entre amis en écoute : la vue qui nous a mis en train dans ce voyage … Qu'on
y pense et que l'on y sente toute la flèche au devenir lécher tous nos souvenirs,
la trace partagée ne fait que s'assécher pour l'avenir, si on ne l'a engagée en
place de rêves à tenir pour le futur. En fin de voyage, s'ils sont là immergés :
On cherche dans l'azur découvert : hauteur sans revers : ce Mont Blanc qui,
émergé peut-être de tous nuages, lancera en ces rêves : le Réel bien insurgé !
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