vendredi 10 septembre 2021

"De La Pensée Dans Le Vide Au Poème"


DE LA PENSÉE DANS LE VIDE AU POÈME




Quant à soupeser la pensée dans le vide

On ne dira pas que c’est l’ennui

Mais les prémisses

D’un poème


Comme les éclairs dans un ciel serein

La poudre d’artifice se répand

Au creux sans fond

De la présence

Et

La fait surgir

Comme la source

De mille feux étincelants


Il n’y a nulle poésie

Qui ne chante la force

Des mots fraîchement insurgés


Ainsi – toujours au guet –

Toujours battant en veille

La parole séditieuse

Est au « travail »

Pour

Sans-cesse reprendre

Un sens qu’elle arrache

Aux sons habituels –

Jetant ainsi une

Passerelle

Entre

Inaudible-invisible

Et vision-écoute

Du concert

Inattendu

Qui

Peuple le silence


Si les « effets » de la muse

Vous mettent à nu

Si l’habit qu’elle

Porte

Vous séduit

N’hésitez pas – rentrez

Avec votre corps –

Comme revenu

De loin –

Au cœur chaud

De sa grâce avec

Les voix qui s’y animent

Et font valser votre respiration


Et vous soufflez sur

Le feu de la présence

Vous volez les flammes au temps

En vous séparant

Du vide


Vous bâtissez votre propre voix …

Ce qui vous était étranger

Ce qui vous était

Lointain –

Vous l’accueillez

Comme l’hôte

D’un poème


Vous rattrapez le temps perdu

Et sautez dans le foyer

De l’instant –

Solitude

Y nageant

Devient force

Elle ne hurle pas

Ne tambourine pas

A la porte des souvenirs

Elle entre de plain-pied

Aux bords sans bornes

D’un océan où tout proche

Se donne au lointain

Tout proche

Se rive

A un horizon

En avalant la promesse

De cette identité

Une et fixée

Par les

Monstres froids


Vous passez de la nage

A la navigation

Le sextant

C’est

Votre muse qui

Vous soustrait au temps mort

Un rythme vient secouer l’obscur

Il s’arrime au roulis des

Courants


Le chant évasif s’ouvre

Et s’affermit

Il n’est plus

Hâtif

Il vient se couler

Comme un gouvernail –

Au fil du vent


Mais … Terre ! « Terra incognita »

Vous avez gagné un

Nouveau départ …

Multiplié est

Le parcours

Du poème

Multipliée est sa voix

Halée contre les bords sans bornes

Et vous allez – drainant vos mots

Dans des embouchures

Réputées non

Navigables


Pendant que se déroule

Comme un ruban

De Möbius

Dans votre

Pensée

Vous vous rivez

A des horizons lumineux

En avalant toutes

Les langues


Vous livrez tant de baisers

Sur la corne d’abondance

Que la meute de

Vos mots

Devient chaîne de graines

A semer dans votre

Propre bouche

Vous chérissez

L’exil qui la

Traverse

Avec

Tant de lèvres frémissant

A la paroi du vide

Qu’elles le

Brisent

Comme en mille éclats

Au creux cru de

Votre pensée

Enracinée

Dans

L’instant


Tout glisse à présent

Et remplit la durée du poème

Comme dans un tonneau

D’ivresses d’où

S’échappent

Mille compagnies

En mille territoires

Pour la petite voix qui boira

Au monde son ambroisie

En désertant

La solitude


Et la paix sortie de ce monde

Devient traversée

Sur une jetée

Infinie

Qui s’avance

Contre toute apparence

Sans aucun écran

Sans aucun

Miroir

Vers le grand océan

Sans plus aucun

Autre lien

Que celui du poème

Des corps et des vies qui –

Sans lui – vous seraient restés ignorés

 

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