#VeenaDas #Anthropologie #Inde #Bidonville #Enfance Dernier essai de
ce recueil de Veena Das dont je vais parler ici: “Un enfant apprend la
maladie et la mort” (2016), à propos de la maladie de Meena
(tuberculose) et sa mort à travers les yeux de son fils aîné, Mukesh
1/20 twitter.com/PecqueuxA/stat…
elle est alors clairement une participation aux formes de socialité
(les formes de vie de Wittgenstein). Celles-ci définissent simultanément
l’intérieur et l’extérieur, et autorisent une personne à parler aussi
bien dans les jeux de langage qu’hors d’eux.
L’accord dans les formes de vie, chez Wittgenstein, n’est pas une
question d’opinions partagées, mais de l’arrière-fond à partir duquel la
vie en communauté est rendue possible.
Socio-anthropologie, & le reste… Pragmatisme / Poésie / Orchidées: de quoi remplir tout un mondeS
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Jean Moulin – Écrits et documents de Béziers à Caluire
François Berriot
Tome
I. L’homme privé, le haut fonctionnaire républicain Tome II. Rex,
représentant du général de Gaulle et fondateur du CNR - L’Harmattan,
2018, 643 et 836 pages, 59 € (2 vol.)
Professeur émérite des Universités et vice-président de
l’Association des amis de Jean Moulin, François Berriot est un éminent
spécialiste de Jean Moulin. Il a publié en 2013 aux éditions de
L’Harmattan un recueil de témoignages, Autour de Jean Moulin, témoignages et documents inédits.
Il publie aujourd’hui chez le même éditeur deux gros volumes qui
rassemblent l’essentiel des écrits de Jean Moulin, depuis les devoirs du
collégien jusqu’aux dernières lettres privées et aux derniers messages
envoyés à Londres, en passant par les discours du sous préfet et du
préfet. Précédé d’un avant propos de Daniel Cordier qui fut dans la
clandestinité le secrétaire de Jean Moulin et qui est aujourd’hui l’un
des cinq derniers compagnons de la Libération encore en vie, suivi
d’une postface de Bernard de Gaulle, le neveu du général, ces deux
volumes constituent un ensemble passionnant, un outil de travail
indispensable, une réussite éditoriale. Les textes proviennent de
plusieurs fonds d’archives, dont ceux des archives nationales, du musée
Jean Moulin de la ville de Paris, de la famile de Jean Moulin, de Daniel
Cordier, de François-Yves Guillin, secrétaire puis biographe du général
Delestraint, chef de l’Armée secrète
Structure des ouvrages
Les textes du premier volume sont rassemblés sous le thème de l’homme
privé et du fonctionnaire républicain. Une première partie, assez
courte, présente les « Écrits d’adolescence et de jeunesse ». La seconde
partie rassemble les « Lettres privées et notes » : les textes ont été
écrits par Jean Moulin alors qu’il était chef de cabinet du préfet de
l’Hérault puis de la Savoie, sous-préfet d’Albertville, de Châteaulin,
de Thonon, chef de cabinet de Pierre Cot, secrétaire général de la
préfecture de la Somme, préfet de l’Aveyron et de l’Eure-et-Loir, préfet
révoqué par Vichy, ainsi que les lettres adressées lors du premier
séjour à Londres et les lettres privées du temps de la clandestinité. La
3ème partie rassemble les « Discours, Lettres et Rapports
d’un haut fonctionnaire », rédigés dans ses diverses fonctions de
sous-préfet, chef de cabinet et préft.
Les
textes du second volume sont rassemblés sou le thème de la mission Rex,
confiée par le général de Gaulle à Jean Moulin, mission qui consista à
rassembler la Résistance française en fédérant les grands mouvements de
zone Sud puis de zone Nord, à créer l’Armée secrète et à fonder le CNR.
La première partie présente les « Ecrits et Documents concernant la
Résistance » : préparation du départ pour Londres, Londres à l’automne
1941, première étape de la mission Rex, Rex et Delestraint à Londres,
seconde étape de la mission Rex. On trouve dans cette partie les
télégrammes et rapports de Jean Moulin avec les services londoniens de
la France libre, commentés quand leur compréhension le nécessite. Le
lecteur peut ainsi pénétrer dans les réalités quotidiennes de la
mission, ses dimensions matérielles, politiques et stratégiques. La
seconde moitié de cette partie est composée d’une douzaine de documents
et témoignages.
La seconde partie (210 pages) est toute entière consacrée au drame de
Caluire qui vit l’arrestation de Jean Moulin le 21 juin 1943. Elle
n’est donc plus exactement dans le sujet puisqu’il ne s’agit pas
d’écrits de Jean Moulin. Elle présente de très intéressants documents et
témoignages, en particulier ceux qui ont pour origine l’instruction des
procès de René Hardy, pour plusieurs d’entre eux publiés pour la
première fois. Bien qu’elle soit précédée d’un exposé des faits, elle
n’a d’intérêt que pour qui connaît déjà bien l’affaire et ses enjeux.
Sur ce sujet, il nous semble que l’exposé le plus complet et le plus
clair est celui que fait Daniel Cordier dans La République des catacombes.
Chaque partie du recueil est précédée d’une brève introduction dans
laquelle François Berriot met en évidence l’essentiel de l’apport du
texte, réflexion nourrie par sa profonde connaissance de son sujet.
Ensuite, beaucoup des textes de Jean Moulin sont présentés, analysés ou
complétés par des éléments indispensables à leur bonne compréhension qui
les replace dans leur contexte et les situe quand il le faut par
rapport à d’autres textes. Le lecteur peut ainsi cheminer, enrichir sa
connaissance, comprendre ou découvrir. Une profonde cohérence se dégage
de l’ensemble.
Mieux connaître les multiples visages d’un acteur de l’histoire
La lecture de ces textes nous permet de découvrir, ou de mieux
connaître et comprendre, selon la situation du lecteur, l’homme que fut
Jean Moulin dans ses situations successives de lycéen, d’étudiant, de
soldat, de chef de cabinet, de sous-préfet, de préfet, de représentant
en France du général de Gaulle et du Comité National français. « A
ces multiples visages encore faut-il ajouter celui de l’homme privé et
de l’artiste, tantôt amoureux de la vie et volontiers hédoniste, tantôt
enclin à une réflexion philosophique parfois pessimiste sur l’existence
et que révèlent, notamment, telle note sur Baudelaire et Pascal et les
gravures souvent angoissées destinées à illustrer les poésies de Tristan
Corbière », ajoute François Berriot dans une riche introduction à
l’ensemble des deux ouvrages intitulée « A la recherche de Jean Moulin,
ses Écrits ».
François Berriot rappelle quels sont les ouvrages majeurs consacrés à
Jean Moulin : Daniel Cordier, secrétaire de Jean Moulin, est l’auteur
de trois volumes monumentaux sur la vie de Jean Moulin, Jean Moulin, l’inconnu du Panthéon (1989 et 1993) ; La République des catacombes (1999) ; Alias Caracalla,
ses souvenirs de secrétaire de Jean Moulin qui l’a côtoyé
quotidiennement de juillet 1942 à juin 1943 ; la biographie de Jean
Moulin par Jean-Pierre Azéma (2003) ; Vies et morts de Jean Moulin de Pierre Péan, journaliste d’investigation, citant ses sources et rigoureux dans ses méthodes. Jean Moulin devant l’Histoire, colloque de 1999.
Ces études et écrits font que Jean Moulin n’est plus un inconnu, les
fonds d’archives qui rassemblent ses échanges avec Londres en 1942 et
1943 sont pour l’essentiel ouverts au public ; Daniel Cordier en a
publié plusieurs dans L’Inconnu du Panthéon. Mais il n’existait
pas encore de présentation dans un ensemble chronologique accessible à
un large public des écrits de Jean Moulin, publics et privés. Même s’il
ne s’agit pas encore d’une édition exhaustive et critique (à laquelle
travaille une équipe constituée autour de Christine Lévisse-Touzé), ce
vaste ensemble de textes nous permet d’approcher davantage l’homme, de
le voir œuvrer dans sa tâche de haut fonctionnaire, s’engager totalement
dans la résistance, dialoguer avec son père, sa mère, sa sœur, ses amis
personnels, les chefs des mouvements de résistance et le général de
Gaulle.
Comprendre la construction de sa personnalité ainsi que sa conception du service de l’État et de la Résistance
Comme le montre François Berriot la lecture de ces textes est des
plus instructives sur la construction de la personnalité de leur auteur
ainsi que sur sa conception et sa conduite de l’action au service de
l’Etat d’abord, dans le combat politique et militaire pour la libération
de la France et la restauration de la République ensuite. Dans les
premières années, Jean Moulin apparaît être un enfant et un adolescent
qui rêve plus à ses loisirs (les jeux et le dessin) qu’à son travail de
collégien et de lycéen. Il est un peu écrasé par la personnalité de son
père jusqu’à ce qu’il s’oppose clairement à lui politiquement vers 1925,
lors de la victoire électorale du Cartel des Gauches. François Berriot
propose deux intéressantes analyses d’un Mémento de philosophie et des notes du Cours de législation industrielle,
rédigés par Jean Moulin lycéen et étudiant. Il y détecte les principes
qui inspireront Jean Moulin dans son action de haut fonctionnaire, à
commencer par sa conception du rôle de l’Etat. Il se réjouit des progrès
de la législation sociale et de son internationalisation ; il s’attache
à analyser les lois qui améliorent les conditions de travail des
enfants, des femmes, des domestiques, des ouvriers agricoles : les plus
faibles. Il étudie la protection sociale, les assurances rendues
obligatoires, le syndicalisme. Il s’intéresse à la coopération et son
éloignement du marxisme apparaît comme une évidence.
Ses lettres privées nous informent sur ses lectures et sa vie
intellectuelle. A ce propos Louis Berriot propose une analyse du fonds
de la bibliothèque familiale, celle de son père enrichie au fil des ans
par ses propres acquisitions ; bibliothèque qui fut « source de connaissance, de réflexion et de joie déterminante ». On y apprend que Jean Moulin préfère l’histoire de l’art et la réflexion sur la création artistique contemporaine aux romans
« Concernant l’action du haut fonctionnaire, de janvier 1926 à
novembre 1940 (…) le lecteur découvrira (…) comment, en Jean Moulin, a
mûri l’homme d’Etat ». Soucieux de son autorité, conscient de ses
devoirs de représentant de l’Etat, il proclame son attachement à la
patrie et à la République et manifeste ouvertement ses choix
antifascistes. Il consacre du temps à sa famille, à ses amis, à sa vie
privée, à ses loisirs sportifs, à l’art, à ses lectures. « A
Chartres, durant les semaines terribles de juin 1940 et les quatre mois
qui suivent, il fait preuve d’héroïsme : il incarne seul l’Etat qui
vient de sombrer ; il protège ses administrés avec une lucidité, un
courage, un sens de l’organisation qui forcent le respect des Allemands
et même celui des hommes de Vichy qui vont le révoquer. »
A partir de mars 1942, clandestin en France, Jean Moulin s’exprime
très régulièrement sur son action, sur les difficultés qu’il rencontre,
sur les objectifs que Londres lui assigne, sur les principes essentiels
de la lutte politique et militaire qu’il conduit et auxquels il adhère.
Le lecteur peut prendre connaissance des « câbles » bihebdomadaires, des
« courriers » » et des « rapports » en général mensuels, des comptes
rendus de ses entretiens à Londres. On peut ainsi appréhender à partir
des documents primaires, ses conceptions de l’action paramilitaire et
des principes politiques qui inspirent son action. Son adhésion totale
au général de Gaulle apparaît nettement. Ce qui ne l’empêche pas de ne
pas toujours acquiescer aux demandes des bureaux londoniens (nous
disposons aussi des messages et directives qui lui sont adressés) et le
conduit à faire preuve d’un réel sens tactique. L’objectif ultime et
fondamental est de libérer le territoire et de doter le pays de
nouvelles institutions. Louis Berriot pense que pour Jean Moulin, « le gaullisme est une expression de l’esprit patriotique et républicain » ainsi que « l’expression d’un investissement personnel très profond ».
A ceux qui ne peuvent fréquenter les dépôts d’archives, cet énorme
corpus offre l’occasion de se confronter aux documents primaires, ceux
avec lesquels les historiens écrivent l’histoire. Il permet d’approcher
comme jamais la personnalité et l’action d’un acteur de l’histoire. Il
permet de se forger sa propre opinion et de constater combien furent
ineptes certaines des accusations portées contre Jean Moulin. Pour les
chercheurs il sera un outil de travail, d’autant plus efficace que
l’index et le sommaire détaillé en facilitent l’usage.
Pour une approche simple de la personnalité, de l’action et de la
mémoire de Jean Moulin, nous nous permettons de renvoyer aux
comptes-rendus de nos deux conférences données à Béziers en août 2016 :
Et ça continue maintenant : argent volé, vêtements
volés pendant que je dors ; c'est une seconde nature chez eux : non
seulement le contrôle mais carrément la traque : ce qui ne
m'impressionne absolument pas contrairement à ce qu'ils pensent : ces
faux "communistes" Et maintenant même après changement de serrure et
pendant que je dors qui donc vient me voler mon téléphone mobile et on
devait accepter tout ça et même ma radio, je ne peux tranquillement
l'écouter et donc tout cela et pourquoi donc tout cela, à quoi ça sert
et à qui ça sert plus de son sur mon ordinateur bien sûr ! Et ça
vient encore chez moi la nuit quand je dors : je répète : ça a mes clefs
! DONC ce matin ,je retrouve ma serrure ouverte et je vois ; c'est allé
piquer des pièces de Deux euros sur ma table ! ça ne se gène pas c'est
libre ça et ça continue : ces sans foi ni loi ! et ça souffle et ça
chante : " parano " et ça se dit libre ça et "communistes" en fait sans
foi ni loi ! et ça m'empêche de partager sur facebook qu'ils contrôlent
librement ! Et mon internet ils l'avaient alors bloqué mais maintenant
après mon tapage contre eux et démontrant qu'ils cassent les libertés
ils me le remettent mon internet !
EXIT HISTOIRE ET MÉMOIRES REELLES : ALORS
VIENDRA LA KOLLABORATION ET LA MONSTRUEUSE “RÉVOLUTION NATIONALE” POUR
LA DITE “UNION SACRÉE”
VOIR L’ENORME CONFUSION SUR NATURE SANG
ANTISEMITISME REVENDIQUE, ORGANICISME EUGENISTE,ULTRA CHAUVINISME,
RACISME DANS CET ARTICLE QUI REVISE NOTRE HISTOIRE EN NE METTANT QUE
BESOINS ET INSTINCTS DANS L’HUMAIN ! O LA BELLE “REVOLUTION NATIONALE”
DÉFENDRA CELA POUR LE PIRE !
"Le peuple français chez Maurice Barrès : une entité insaisissable entre unité et diversité" dixit ce prétendu "intellectuel" !
Le Barrès nationaliste a beaucoup été étudié ; l’idée est de
déplacer la perspective vers Barrès penseur du fondement du lien social
qui s’interroge sur les modalités de formation et de survie d’un peuple,
en l’occurrence le peuple français. Conscient de l’hétérogénéité
anthropologique et sociologique d’une communauté humaine, Barrès remet
en question la logique rousseauiste du contrat et la capacité
autoconstituante dévolue au peuple rassemblé autour de principes
partagés. Dans la mouvance de Taine ou de Burke, il définit le peuple
comme l’aboutissement d’un processus d’assignation héréditaire qui
assemblent les diversités en complémentarités et solidarités (vision
organiciste). Barrès prend place dans la lignée des penseurs du XIXe
siècle qui s’efforcent de refonder le lien social dans les sociétés
démocratiques menacées d’atomisation.
Texte
Communication présentée lors de la journée d’étude « ’Peuple’ et
’Volk’ : réalité de fait, postulat juridique » organisée à l’Université
de Paris X-Nanterre le 10 décembre 2005
Le nom de Barrès est traditionnellement associé à ce que les
historiens ont appelé nationalisme des nationalistes, nationalisme fermé
ou nationalisme d’exclusion, sur fond d’affaire Dreyfus et de ligne
bleue des Vosges. Tous les travaux, qui font autorité, de Zeev Sternhell1, Michel Winock2, Raoul Girardet, Pierre-André A. Taguieff3
ont explicité les fondements herdero-fichtéens de cette conception de
la nation et en ont souligné les paradoxes : l’outillage mental
nécessaire à la Revanche se forge à partir de références empruntées à la
philosophie allemande, mais les prolongements du contentieux théorique
et géopolitique de l’Alsace-Lorraine empêchent malgré tout une pleine
adhésion au modèle de la Kulturnation et une franche rupture
avec la conception dite « politique » dominante en France. A tous ces
égards, l’œuvre de Barrès occupe une place centrale dans l’histoire
politique de la IIIe République et des avatars de la « crise allemande
de la pensée française »4, mais aussi dans les relations
intellectuelles France-Allemagne, marquées par des phénomènes de
transferts et d’acculturation réciproques5.
Je souhaiterais déplacer la perspective des historiens et interroger
Barrès à la lumière du glissement sémantique entre peuple et nation,
amorcé par Sieyès et la Déclaration du 26 août 1789. Au « peuple »,
concept chargé des apories du Contrat social, se substitue
alors la « nation », bénéficiaire du transfert émotionnel et juridique
qui fait passer les attributs de la souveraineté de la personne du roi à
cet être collectif nouveau. La nation « s’impose ainsi au centre du
droit public, sans qu’il soit nécessaire ou possible de la définir »6.
Ainsi assiste-t-on à une inversion des sens : le « peuple » est à
présent doté d’une dimension historique, tandis que la « nation »
acquiert une dimension politique, celle, peu ou prou, dévolue au peuple
dans Le Contrat social : l’ensemble des contractants du pacte social titulaires de la souveraineté.
Mon hypothèse est que Barrès s’efforce de reformuler la question centrale du Contrat Social :
« qu’est-ce qui constitue un peuple en peuple ? », et que ce faisant,
il prend à contre-pied l’ordre généalogique établi par Rousseau et
inscrit depuis la Révolution dans les fondements de la culture politique
française : le point de départ est le peuple comme donnée naturelle de
la diversité, le point d’arrivée est le peuple comme institution
contractuelle titulaire de la souveraineté. Or les fluctuations et les
« saisons » du nationalisme barrésien s’articulent, me semble-t-il,
autour d’une idée-force : définir le peuple non pas à partir de l’acte
fondateur du contrat mais de l’institutionnalisation politique du lien
social, non à partir des principes, mais des circonstances, pour
reprendre la distinction de Benjamin Constant7.
Barrès prend place ainsi dans une lignée intellectuelle, illustrée
par Le Play et Taine, où prévaut une logique sociologique qui, à
l’instar du modèle républicain, prétend elle aussi régénérer, mais du
bas vers le haut ; sa démarche s’inscrit dans les débats sur la nature
de la démocratie et les fondements du lien social. Sur fond de
généralisation du suffrage universel et de controverses sur le droit de
la nationalité dans les années 1880, la démocratie, ou pouvoir du
peuple, constitue un impératif tout à la fois politique et
sociologique ; le problème de la représentation du peuple, dans ses deux
acceptions (mandat et figuration)8, rend manifeste la
tension entre la définition politique de la démocratie et les conditions
historiques et sociologiques de son institutionnalisation.
Barrès, en effet, partage la certitude tocquevillienne que la
démocratie, au sens étymologique et au sens sociologique de l’égalité
des conditions, constitue désormais l’horizon de la pensée et de
l’action politiques : « Voilà pourquoi la cause de la démocratie moderne
est désormais indiscutable. Elle est la force, il faut que nous lui
accordions, contre nos prédilections aristocrates, contre notre goût de
la grande culture, la qualité de justice »9. Comment, dès
lors, fonder le lien social dans une société individualiste démocratique
guettée par l’atomisation et l’anomie ? Dans le problématique
cheminement intellectuel de Barrès qui, déchiré d’incertitudes et de
contradictions, est à la recherche d’un point d’appui, d’un fondement
immuable l’aidant à lutter contre la tentation du nihilisme, le
nationalisme émerge peu à peu comme réponse possible, mais qui exige que
soit au préalable établie une définition commune et consensuelle de la
nation, ou plus exactement de ce qui en constitue le principe premier et
générateur, le peuple10. Le national-populisme de Barrès se
démarque volontairement de la conception universaliste des « néfastes
métaphysiciens », adossée sur un substrat individualiste : le clivage se
fonde sur une perception différente de la relation entre l’unité et la
diversité, linguistique ou régionale, qui induit chez Barrès une
définition divergente du peuple, d’inspiration sociologique et qui
aboutit à la construction d’un modèle d’organisation sociale à
prétention holiste.
Le peuple, fruit d’un processus d’assignation héréditaire
Barrès part d’une constatation qui relève non de la déduction, mais
de la révélation intuitive : le peuple ne se décrète pas, n’est pas
constitué par un acte contractuel de volonté et ne procède pas de la
raison abstraite, de ce que Barrès appelle des principes « discutés, préférés, décidés »11.
Le peuple n’est donc pas doté de capacité auto-instituante, il est une
réalité donnée dont les constituants sont le sol, l’histoire
(institutions, conditions de vie, situation matérielle) et la tradition
(les morts). La vision organiciste à coloration holiste, résumée dans
cette formule des Déracinés « l’Individu n’est rien, la société est tout »12,
combine plusieurs influences. Tout d’abord, celle de Taine qui avait,
au nom du déterminisme régissant l’univers, défini l’individu comme un
maillon dans la chaîne des générations, le fruit d’un processus
déterminé par le « milieu » et la « race » dont l’épanouissement et le
bonheur ne pouvaient résulter que d’un consentement lucide à cette
dépendance, aux rebours des illusions d’une prétendue « liberté
individuelle » : Barrès insiste sur la relation hiérarchique entre
l’arbre et la feuille et sur l’interdépendance des anneaux de la chaîne,
en reprenant la célèbre image de la Démocratie en Amérique13.
S’y ajoute la critique de l’universalisme des Lumières, en particulier
du kantisme, principe corrupteur car “déracinant”, le déterminisme
physiologique de Jules Soury14, la philosophie politique
allemande, souvent connue de seconde main, Fichte et Hegel dont Barrès a
lu certains textes entre 1895 et 1898, en s‘intéressant en particulier à
la notion d’individualité. « Ce qui est individuel ne peut pas durer
comme tel parce que l’individu ne peut réaliser l’idée et par conséquent
ne vient au jour que pour faire place à un autre, pour faire nombre
dans cet ensemble d’existences particulières dont la totalité représente
seule l’idée15. »
Préalablement à toute définition, le peuple est posé comme une
réalité de fait, accessible non à la logique intellectualiste, mais à la
perception empirique spontanée et l’instinct, il est une nécessité
antérieure et étrangère à la raison individuelle16. Le peuple
ne relève donc pas d’une essence prédéterminée, il est la résultante
d’une continuité dans l’histoire (Hegel). L’appartenance au peuple ne se
détermine pas par un acte d’adhésion volontariste, elle est au
contraire une détermination objective, la résultante d’une adéquation
entre le passé (les morts, les ancêtres) et le présent17. La
référence obsédante au culte de la terre et des morts relève moins d’une
vision passéiste que d’une interprétation qui fait de la tradition
historique, ce que Barrès appelle la « nécessité de maintenir les
conditions qui formèrent nos ascendants »18 la condition sine qua non
de l’identité individuelle et collective, laquelle relève d’un
processus d’assignation héréditaire ancré sur la longue durée et non
d’une construction juridique et symbolique. C’est dans ce sens qu’il
convient, me semble-t-il, d’interpréter l’idée énoncée par Barrès que le
nationalisme n’est pas tant une théorie que la « biographie » des
Français »19.
Ce qui revient à dire que l’identité d’un peuple est le fruit d’une
dynamique de sédimentation géologique, comparable à un « pudding de
pierre »20, un conglomérat où chaque élément prend sa place
et son sens en fonction du tout, où la substance n’existe qu’en tant que
réalité empirique sociale et historique. Le peuple, ou la nation, n’est
pas une « race », mais une dynamique continue animée par la volonté de
se conformer aux traces laissées par l’histoire : ce qui permet de
nuancer le caractère innéiste et essentialiste habituellement assigné au
nationalisme barrésien. On est ici plus proche, à mon sens, d’une
conception héritée de Michelet et de Vico21, celle d’une histoire produit séculaire du « travail » des hommes, ou du traditionalisme historiciste d’Edmund Burke.
Le peuple est l’entité collective façonnée par des habitudes
accumulées dans des circonstances territoriales et historiques
particulières22. La conscience d’appartenir à un peuple exige
l’acceptation inconditionnelle des déterminations résultant de ses
« conditions de vie » propres, matérielles et immatérielles
(institutions, coutumes, langue). Se reconnaître membre du peuple
français, assumer sa nationalité française, c’est entériner la
légitimité, fondée sur la durée, d’un ordre établi, c’est accepter la
conformité de l’individu à la tradition23, c’est aussi bénéficier de droits acquis par prescription, ce n’est pas déclarer son adhésion à des principes24. Etre un peuple, c’est se reconnaître comme une communauté déjà constituée.
Cette conception du peuple revendique la force et la légitimité de
l’enracinement, c’est-à-dire d’une vision « réaliste » que Barrès oppose
au patriotisme idéaliste des métaphysiciens de l’absolu25.
La rupture de la continuité historique, l’abandon de la tradition au
profit d’une idée à vocation universelle désagrège le peuple qui
n’existe que par et dans la continuité. De là cette angoisse obsédante
de la dissociation, de la « décérébration », de l’anéantissement qui
vide le peuple de sa substance même26.
Cette angoisse se nourrit de la conviction que le peuple, en
particulier le peuple français, est une entité qui menace à chaque
instant de se dérober, de s’effacer. Le peuple, en effet, est marqué par
la diversité, ce qui rend l’existence d’une « race française » plus que
problématique. Il est d’autant plus crucial de le protéger, face à des
collectivités homogènes comme l’Angleterre ou l’Allemagne27,
mais en tenant compte de ce qui constitue son caractère spécifique, une
diversité qui est celle de la réalité empirique consacrée par la
tradition. Or protéger le peuple, c’est pérenniser les relations
d’appartenance qui le constituent en peuple, c’est affermir et légitimer
le lien social, ce que Barrès, en bon disciple de Taine, appelle
« affinités » (de préférence à « solidarités »), c’est-à-dire les
besoins propres d’une société donnée, ou plus précisément des éléments
divers du corps social dotés d’intérêts spécifiques. La logique
traditionaliste est ici à l’œuvre : dans l’organisation sociale holiste,
ce sont les différences qui constituent le facteur de l’intégration,
dans la mesure où les différences sont assemblées en complémentarités et
solidarités. Reprenant une expression de Taine (Les Origines de la France contemporaine28)
qui oppose les « corps spontanés », doués d’initiative aux « corps
factices », Barrès récuse la logique du contrat social, détachée du
milieu et du passé qui, pour citer Taine, fait de chacun, par le
mécanisme de la volonté générale, un « fonctionnaire du peuple »29.
La référence, inspirée de la sociologie holiste de Le Play, au droit
historique des peuples opposé aux « règles arbitraires du droit » 30 , s’accompagne corrélativement d’un différentialisme relativiste31
qui se démarque de l’héritage chrétien et de la philosophie idéaliste :
il ne saurait y avoir de relations justes qu’entre des hommes
appartenant à la même communauté de sang, le même groupe ethnique ou
historique, car s’il existe une vérité, c’est une vérité française,
celle qui est la plus utile à la consolidation du lien social. « Faute
de sang grec dans mes veines, je ne comprends guère Socrate et Platon ».
La relation diversité/unité : une superposition et non une résorption d’appartenances
Comment faire pour que les forces constitutives ne soient pas contradictoires ? Comment faire du « caravansérail de peuples »32
qui forment la France un peuple ? Création politique travaillée par des
forces centrifuges, la France du modèle jacobin s’est fourvoyée en
imposant une centralisation administrative et politique d’inspiration
rousseauiste censée résorber la variété ethnique des provinces. Or le
modèle unitaire, dont le substrat anthropologique est l’individualisme
source d’atomisation, renforce les défauts qu’il prétend corriger :
« Notre mal profond, c’est d’être divisés, troublés par mille volontés
particulières, par mille imaginations individuelles. Nous sommes
émiettés, nous n’avons pas une connaissance commune de notre but, de nos
ressources, de notre centre »33. En effet, selon Barrès, la centralisation marque une rupture avec la tradition française, fondée sur le fédéralisme34, contrairement à ce que croyaient Tocqueville et Taine.
Car si le peuple est un produit de l’histoire, qui compose la France
« réelle », c’est-à-dire composée, « comme dans la réalité, de familles,
de communes et de provinces : tous éléments non point contraires ou
divisés entre eux, mais variés, sympathiques et convergents »35,
il importe de substituer au patriotisme administratif « déraciné » de
la « France idéale », artificiel et déclamatoire, un patriotisme terrien
soucieux de préserver la diversité. Il est significatif que pour
Barrès, le terme de « nationalité » ait un sens aussi bien local
(nationalité lorraine) que national (nationalité française)36 : le sentiment d’appartenance à une collectivité « s’élargit de la famille à la cité, à la province, à la nation »37.
Loin de s’opposer, unité et diversité, nationalisme et fédéralisme se
renforcent ; les passions particulières, c’est-à-dire les besoins
matériels, l’attachement instinctif à l’horizon de la « petite patrie »
forment la matrice du patriotisme : il faut soutenir de « provincialisme
le patriotisme »38, superposer les loyautés pour les
renforcer. « Au sentiment national, ne craignez pas de surajouter le
sentiment local. Donnez à chacun deux patries à servir : la grande
patrie, la petite patrie. Et puis doublez moi le moi individuel d’un moi
plus large : installez nous dans un groupe, dans une association
professionnelle, dans une personne morale que nous ayons intérêt à aimer
comme nous-mêmes »39. Les notions d’intérêt et de besoin sont ici essentielles40:
le lien social n’existe que dans la mesure où il entérine des relations
d’interdépendance poursuivant un objectif concret, il se définit comme
le besoin moral qui n’est que le produit du besoin matériel. Le peuple
se constitue sur une base sociologique, économique et historique par
élargissement successif de loyautés, de passions particulières absorbées
dans une passion plus vaste41, dans la tradition de Burke ou
de Frédéric Le Play : « le point essentiel, c’est « que le village,
parce qu’il est une création naturelle, garde son existence, qu’il soit
fédéré avec ses voisins et non assimilé au profit d’une autre
conscription »42. A comparer avec le célèbre passage des Réflexions sur la Révolution de France :
« On n’a jamais connu d’hommes attachés par la fierté, par un penchant
ou un sentiment profond à un rectangle ou un carré ( …) C’est au sein de
nos familles que commencent nos affections publiques (…). De nos
familles, nous passons au voisinage, aux gens que nous fréquentons et
aux séjours que nous aimons dans notre province »43.
Par la prise en compte de la diversité des intérêts et la superposition d’allégeances44,
Barrès veut résoudre le problème de la figuration du peuple ; le bien
commun (ou l’intérêt général) n’est pas le produit d’une construction
délibérée, mais d’activités qui en elles-mêmes visent simplement la
satisfaction d’un intérêt particulier. Seule une décentralisation
effective des pouvoirs, fondée sur l’idée que seul est légitime le
pouvoir qui garantit la satisfaction des intérêts et des besoins45
– inspirée de Burke et non de Rousseau-, permet de figurer le peuple,
de le représenter sous ses multiples visages. Le bon gouvernement n’est
donc pas établi en vertu de droits naturels, mais d’un système de droits
et de devoirs destiné à pourvoir au bien-être des hommes, système qu’en
se risquant à l’anachronisme, on pourrait rapprocher du principe de
subsidiarité : Barrès fait l’éloge de l’organisation administrative de
l’empire d’Autriche et du IIe Reich, où les assemblées locales possèdent
tous les droits et l’assemblée centrale seulement ceux qui sont
délégués par statut constitutionnel.
Le respect de la diversité n’a toutefois de sens que dans la mesure
où il soutient la conscience d’appartenir à une collectivité nationale
toujours prête à se dérober. Barrès insiste beaucoup sur les dangers de
l’uniformité du modèle républicain qui corsetant de principes
artificiels les énergies spontanées, maintient la dissociation et la
décérébration, formes barrésiennes de l’atomisation et de l’anomie. Il
s’est en revanche peu expliqué sur les modalités du processus de
superposition et de convergence d’appartenances. On peut toutefois
suggérer que le recours à l’homme providentiel émanation et expression
de l’instinct populaire constitue le pendant de la décentralisation : si
un «peuple est un centre maintenu par la volonté. »46, la personnalisation du pouvoir s’impose comme une nécessité susceptible de donner une « unité » et une direction commune47,
tout à l’opposé de la démocratie libérale dont Barrès fustige le
caractère antisocial. Le national-populisme de Barrès qui, au nom de
l’intuition infaillible des masses, plaide pour la restitution de la
souveraineté populaire et le gouvernement direct, grâce à la
décentralisation et au référendum d’inspiration suisse48, est
contraint de postuler l’existence d’une unité morale, une unanimité de
sentiments ancrées sur l’hérédité partagée et l’assentiment aux
injonctions de la Terre et des Morts. Une place stratégique est dévolue à
l’antisémitisme comme facteur de cohésion dans un contexte marqué par
la nécessité, pour les droites, d’élaborer la plate-forme idéologique
d’un mouvement de masse49 .
On reconnaît là le grand mythe politique de l’unité, caractéristique
du nationalisme selon Girardet : mais Barrès lui donne une coloration
originale qui le démarque de son maître Michelet. Là où l’auteur du Peuple, dans le livre III de son Histoire de France,
plaide pour la résorption des différences et intérêts locaux au sein du
« grand tout » symbolisé par Paris, le centre constitué qui « boit la
vie brute » des provinces et la « transfigure »50, le point
de convergence et fusion autour duquel s’affirme la réalité de la
patrie, Barrès ne dissimule pas sa méfiance envers la capitale, ce
gouffre qui engloutit les types régionaux pour en faire des métis51.
Barrès s’efforce d’apporter une réponse au problème posé aux
héritiers de Rousseau : la forme pratique que prend un gouvernement
d’origine populaire dans une société trop étendue pour la démocratie
directe. A aucun moment, il ne remet en cause le principe démocratique
du suffrage universel et de l’égalité des conditions ; il en dénonce en
revanche l’un des corollaires, l’avènement d’un ordre sériel 52
qui concrétise le sacre juridique de l’individu, mais inévitablement,
désubstantialise le peuple, ce maître tout à la fois impérieux et
insaisissable. La démarche de Barrès, nourrie d’incompréhension face à
la société moderne industrielle – il partage la vision, chère à
Michelet, du « petit peuple » de modestes propriétaires terriens et
d’artisans -, apparaît dans ses fluctuations et contradictions comme un
« bricolage » holiste, sur fond de modernité individualiste désenchantée
qui menace au plus profond le lien social.
Barrès, M. Le Roman de l’énergie nationale (Les Déracines, L’appel au soldat, Leurs figures) R. Laffont Bouquins, 1994.
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Taveneau, R. « Barrès et la Lorraine » in Actes du Colloque Barrès organisé à la Faculté des Lettres de Nancy, Annales de l’Est, Nancy, 1963.
Winock, M. Le Siècle des intellectuels, Paris, Seuil, 1997.
Brigitte Krulic, professeur à l’Université de Paris X, travaille sur
l’histoire des idées politiques (théories de la nation, de la modernité
démocratique). Parmi ses publications figurent :
La Nation, une idée moderne, Ellipses, 1999.
Dossier « La Nation » Problèmes politiques et sociaux, La Documentation française, 1999.
Nietzsche penseur de la hiérarchie. Pour une lecture tocquevillienne de Nietzsche, L’Harmattan, 2002.
Europe, lieux communs (sous la direction de BK), Autrement, 2004.
« Aux sources du concept de laïcité : les néokantiens français »
(article à paraître dans un collectif édité en RFA chez Logos, fin
2006).
Roman du peuple, roman des peuples : le roman historique en Europe XIXe-XXe siècles, Autrement, (à paraître 2007).
Z. Sternhell, Maurice Barrès et le nationalisme français, Bruxelles, Complexe, 1985. ↩
M. Winock, Le Siècle des intellectuel, Paris, Seuil, 1997. ↩
P.A. Taguieff, « Le nationalisme des nationalistes. Un problème pour l’histoire des idées politiques en France » in Théories de la nation, sous la direction de Gil Delannoi et de Pierre André Taguieff, Paris, Kimé, 1991. ↩
Claude Digeon, La Crise allemande de la pensée française1871-1914, Paris, PUF, 1959. ↩
Cf. Michel Espagne, Les Transferts culturels franco-allemands, Paris, PUF, 1999, et Louis Dumont L’idéologie allemande. France-Allemagne et retour, Paris, Gallimard, 1991. ↩
Claude Nicolet L’Idée républicaine en France. Essai d’histoire critique, Paris, Gallimard, 1982, p. 16. ↩
Cf. la distinction opérée par B. Groethyusen entre « moment juridique » et « moment sociologique » in Philosophie et Histoire, Albin Michel, 1995. ↩
Pierre Rosanvallon, Le Peuple introuvableHistoire de la représentation démocratique en France, Paris, Gallimard, 1998. ↩
Maurice Barrès, Mes Cahiers, T1, 1896-98, Paris, Plon, 1929, p. 97. ↩
Cf. Scènes et doctrines du nationalisme Paris Plon 1925,
Tome 1 p. 84 sq. : La France est une entité difficile à définir, et ce
qui en donne la preuve, c’est que, selon les « publicistes, écrivains,
artistes », les Français sont définis tantôt comme Latins, tantôt comme
Gaulois. Comment être nationaliste, c’est-à-dire « résoudre chaque
question par rapport à la France », si une définition et une idée
communes de la France s’avèrent impossibles ? (p. 86). ↩
Les Déracinés (Roman de l’énergie nationale I), in Romans et voyages, R. Laffont Bouquins, 1994, p. 503. ↩
L’Appel au Soldat (Roman de l’énergie nationale II), p. 935. ↩
« L’individu ! (…) Il faut en rabattre. Nous ne sommes pas les
maîtres des pensées qui naissent en nous. Elles ne viennent pas de notre
intelligence ; elles sont des façons de réagir où se traduisent de très
anciennes dispositions physiologiques (…). La raison humaine est
enchaînée de telle sorte que nous repassons tous dans les pas de nos
prédécesseurs », Scènes et doctrines du nationalisme Tome 1, p. 18. ↩
Les intellectuels, pour lesquels « la patrie, c’est une idée », ne
se sentent plus spontanément d’accord avec leur groupe naturel et ils ne
s’élèvent pas jusqu’à la clairvoyance qui leur restituerait l’accord
réfléchi avec la masse » (Scènes et doctrines… I, p. 49). ↩
« Nous sommes la continuité de nos parents, ils pensent et parlent
en nous (…). C’est tout un vertige où l’individu s’abîme pour se
retrouver dans la famille, dans la race, dans la nation » (Scènes et doctrines…,
T.1, p. 19) Voir la célèbre formule : « Un nationaliste, c’est un
Français qui a pris conscience de sa formation. Nationalisme est
acceptation d’un déterminisme » (p. 10) ; l’idée même de
“naturalisation”, c’est-à-dire d’intégration de Français de fraîche date
au sein de la communauté “de souche” constitue donc une aberration. A
la Chambre, Barrès plaida constamment pour une conception très
restrictive des procédures de naturalisation. ↩
Herder et Vico (Michelet traduit en 1827 sa Scienza Nova, à peu près à l’époque où il découvre Herder via
Edgar Quinet) ont un point commun: l’idée qu’il existe une collectivité
humaine dotée d’une existence propre, une Raison de tous supérieure à
la raison individuelle, qui détermine la validité des croyances des
sociétés données. L’idée force de Vico est que le monde social est
l’œuvre des hommes résultant d’un puissant travail de soi sur soi ; la
création de choses nouvelles s’effectue à partir de matériaux
préexistant. ↩
Appel au soldat, p. 890 sq. (chapitre XI « La vallée de la Moselle. Sturel et Saint-Phlin recherchent leurs racines nationales »). ↩
« Je ne puis accepter que la loi à laquelle mon esprit s’identifie », Scènes et doctrines…, T. 1, p. 68. ↩
« Je suis Français et je désire, j’ai besoin que ce groupe social
se continue parce que c’est dans ce groupe que je trouve les conditions
de ma vie (façon de sentir, honneur, clarté et analyse, langue) ». La
logique politique et dynastique est « secondaire », in Mes Cahiers II, 1898-1902, Plon, 1930, p. 194 (lettre à Maurras). ↩
Sur la notion de « race » chez Barrès, Scènes et doctrines…,
T.1, p. 20 : « Nous ne sommes point une race, mais une nation ; elle
continue chaque jour à se faire et sous peine de nous diminuer, de nous
anéantir, nous, individus qu’elle encastre, nous devons la protéger ».
Et aussi : « Il y a un type français, un type anglais, un allemand, mais
non une race. Les peuples sont des produits de l’histoire. Les races,
tout ce qu’on peut mettre sous ce nom, ce sont des produits sociaux, des
« sentiments et des pensées incarnées » (Fouillée). Certaines races
enfin arrivent à prendre conscience d’elles-mêmes organiquement. C’est
le cas des collectivités anglo-saxonnes et teutoniques qui sont de plus
en plus en voie de se constituer comme race. (Hélas ! il n’y a point de
race française, mais un peuple français, une nation française,
c’est-à-dire une collectivité de formation politique.) », in Scènes et doctrines…, T.1, p. 85. ↩
Taine, Les Origines de la France contemporaine, 2 Tomes, Robert Laffont Bouquins, 1986, Le Régime moderne, T 2 p. 454. ↩
Taine, op. cit., p. 459. A comparer avec Barrès (Notes prises vers 1895 in Scènes et doctrines…
T.2, p. 221) qui parle de l’ « effort spontané du corps social ».
« Pourquoi, au reste, une loi générale ? L’égalité ne consiste pas dans
l’uniformité, comme nos bureaucrates le croient, mais dans une égale
reconnaissance des nécessités différentes » ; p. 224-25. « Nous n’aimons
pas les maîtres, et ceux-ci, délégués, non des groupes corporatifs,
mais du corps social tout entier et d’une si vaste étendue de
territoire, sont incompétents dans presque tous les sujets dont ils ont à
s’occuper ». ↩
« Qu’est ce que la vérité ? Ce n’est point des choses à savoir,
c’est de trouver un certain point, un point unique, celui-là, nul autre,
d’où toutes choses nous apparaissent avec des proportions vraies. (…)
Il me faut m’asseoir au point exact que réclament mes yeux tels que me
le firent les siècles, au point d’où toutes choses se disposent à la
mesure d’un Français. L’ensemble de ces rapports justes et vrais entre
des objets donnés et un homme déterminé, le Français, c’est la vérité et
la justice françaises ; trouver ces rapports, c’est la raison
française. Et le nationalisme net, ce n’est rien d’autre que de savoir
l’existence de ce point, de le chercher et l’ayant l’atteint, de nous y
tenir pour prendre de là notre art, notre politique et toutes nos
activités ». Scènes et doctrines…T.1, p. 13. ↩
La nationalité française, selon nous, est faite des nationalités
provinciales. Si l’une de celles-ci fait défaut, le caractère français
perd un de ses éléments », in Scènes et doctrines…, T2, p. 232. ↩
Voir aussi Conférence de Bordeaux citée par Maurras, Scènes et doctrines,
T.2, p. 211 « Familles d’individus, voilà les communes ; familles de
communes, voilà la région ; familles de régions, voilà la nation ; une
famille de nations, citoyens socialistes, voilà l’humanité fédérale où
nous tendons en maintenant la patrie française et par l’impulsion de
1789. » ↩
Appel au soldat, p. 961. Cf. aussi « La Normandie, la
Bourgogne, la Lorraine, la Gascogne, etc. ont une existence aussi
légitime que la France » (Scènes et doctrines…, T2, p. 226). ↩
E. Burke Réflexions sur la révolution de Franc,e Hachette Pluriel, 1989, p. 252. ↩
« A la commune, les intérêts communaux ; à la région, les intérêts régionaux ; à la nation, les intérêts nationaux » Scènes et doctrines…., T.2, p. 227. ↩