Peinture : Florence GAUTIER
"Il faut cultiver notre jardin"
Au terme d’un voyage
qui a révélé toutes les formes du mal, le jardin apparaît comme le
reflet du monde dont rêve le héros du conte philosophique de Voltaire,
Candide. Un jardin à rapprocher de celui de Sanssouci ?
Toute la petite société entra dans ce louable dessein ; chacun se mit à exercer ses talents.
La petite terre rapporta beaucoup. Cunégonde était à la vérité bien
laide ; mais elle devint une excellente pâtissière ; Paquette broda ; la
vieille eut soin du linge. Il n’y eut pas jusqu’à frère Giroflée qui ne
rendît service ; il fut un très bon menuisier, et même devint honnête
homme : et Pangloss disait quelquefois à Candide : “Tous les événements
sont enchaînés dans le meilleur des mondes possibles ; car enfin, si
vous n’aviez pas été chassé d’un beau château, à grands coups de pied
dans le derrière, pour l’amour de mademoiselle Cunégonde, si vous
n’aviez pas été mis à l’inquisition, si vous n’aviez pas couru
l’Amérique à pied, si vous n’aviez pas donné un bon coup d’épée au
baron, si vous n’aviez pas perdu tous vos moutons du bon pays
d’Eldorado, vous ne mangeriez pas ici des cédrats confits et des
pistaches.” “Cela est bien dit, répondit Candide, mais il faut cultiver
notre jardin.”
Candide, Voltaire, 1 759
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