dimanche 15 mai 2016
Entendre Victor Hugo sur l'Humain et la Misère ! Remerciements à Pierre-François Kettler - cliquer le lien du bas pour l'entendre lire !
"Je suis l’être incliné qui jette ce qu’il pense ;
Qui demande à la nuit le secret du silence ;
Dont la brume emplit l’œil ;
Dans une ombre sans fond mes paroles descendent,
Et les choses sur qui tombent mes strophes rendent
Le son creux du cercueil.
Mon esprit, qui du doute a senti la piqûre,
Habite, âpre songeur, la rêverie obscure
Aux flots plombés et bleus,
Lac hideux où l’horreur tord ses bras, pâle nymphe,
Et qui fait boire une eau morte comme la lymphe
Aux rochers scrofuleux.
Le doute, fils bâtard de l’aïeule sagesse,
Crie : — À quoi bon ? — devant l’éternelle largesse,
Nous fait tout oublier,
S’offre à nous, morne abri, dans nos marches sans nombre,
Nous dit : — Es-tu las ? Viens ! — et l’homme dort à l’ombre
De ce mancenillier.
L’effet pleure et sans cesse interroge la cause.
La création semble attendre quelque chose.
L’homme à l’homme est obscur.
Où donc commence l’âme ? où donc finit la vie ?
Nous voudrions, c’est là notre incurable envie,
Voir par-dessus le mur.
Nous rampons, oiseaux pris sous le filet de l’être ;
Libres et prisonniers, l’immuable pénètre
Toutes nos volontés ;
Captifs sous le réseau des choses nécessaires,
Nous sentons se lier des fils à nos misères
Dans les immensités (...)"
(Pleurs dans la nuit - Au bord de l'infini - Les Contemplations - Victor Hugo)
Et si les pierres étaient vivantes, et si elles renfermaient l'âme des criminels de l'histoire ? Dans ce texte qui est l'un des poèmes monuments des Contemplations, Victor Hugo s'interroge, bien avant Sartre et son Huis-Clos, sur ce qu'est peut-être l'enfer pour les grands criminels de l'Histoire. Je vous invite à prendre le temps de l'écouter. C'est une plongée au cœur de l'âme et de l'esprit...
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