LA PLUIE RAYONNE DANS LA
RUE ET DANS LES ÂMES
Non ! L'averse n'a
rien éteint
Elle s'augmente de
lumières
Quand la nuit lui donne
son teint
D'arc-en-ciel sous les
nids de pierre
Elle rayonne au macadam
Crayonnant la
phosphorescence
Qui – à la ville –
rend son âme
De Dame pleine de présence
L'égalité de compagnie
Y lance ses voix de
sourire
Libre de toute tyrannie
Par la pluie et toute sa
cire
Elle imprègne en un beau
bouquet
L'unité de l'instant qui
passe
Sur les lèvres du
brillant quai
Au « Comptoir
Voltaire » en sa place
Ses discours coulent
victorieux
Contre le monde qui roule
...
La nuit les porte dans nos
yeux
Les feux et phares s'y
enroulent
La terre tourne et
l'attraction
Ne font oublier la vitesse
Où courent toutes nos
passions
Mais l'averse ouvre à la
sagesse
Prenons donc le livre du
monde
Il n'assèche pas le
silence
Toutes les paroles en
ronde
Ne s'y rouillent qu'en
impatience
La lettre chantant sous la
pluie
Voudrait se retrouver
fertile
Quand comme en un désert
le bruit
Du temps efface tout exil
Ici le vent s'est arrêté
Mais les vagues de la
parole
Surmontent l'inique Léthé
Où le feu soufflé brûle
Éole
Ah ! Retrouver
l'aspiration
Où s'allègent toutes nos
vies …
Que s'élève notre
attention
Aux nuées par la pluie
ravies
Le feu du ciel est dans
nos cœurs
Mais il ne saurait tout
détruire …
Exceptées les pauvres
rancœurs
Ce sont vents et pluies à
reluire
Sur les arbres de
connaissance
Qui tendent à sa
renaissance
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