QUAND LA NUIT RETIRE SA
ROBE DE LA VILLE
Je viens becqueter des
vers au petit matin
Sur les bas côtés de
l'avenue avant l'aube
La nuit n'a pas encore
retiré sa robe
Où l'ombre sur la lumière
toujours déteint
Le silence y prend un air
mutin qui patine
Avec des gants de velours
sur tous les « Bonjours ! »
Les quelques fantômes
lancés satinent
L'horizon qui les tient
avec son abat-jour
Les rues voraces ne sont
toujours pas réveillées
Elles jettent leurs larmes
entre les lampadaires
Mais le temps court –
surprend les ensommeillés
Travail et fric sont leurs
bosses de dromadaires
Le poète paresseux
connaît ce fardeau
Mais il se veut enfant
pour rimer l'impossible
Afin de jeter sur son sol
la raie à mi-dos
Là si dort façon
berceuse son cœur bien sensible
Le cours de toute musique
entrant dans le proche
Que la vitesse emporte
malgré ses soucis
Ce sont veine et sang
demeurés au creux des poches
Pour tous anonymes debout
– jamais assis
Mais bientôt la fauve
lueur lance les fauves
Les dés sont jetés –
il n'y a plus de hasard
La fièvre rentre dans la
ville qui n'est sauve
Qu'à laisser buriner
l'ouvrier sur son quart
Toutes les portes d'un
poème sont ouvertes
Pourtant si ce n'étaient
les longs fleuves sauvages
Elle pourrait passer bien
cette tranquille quête
Du partage audacieux et
sans aucune rage …
Là avec les revenus
matinaux des rêves
Quand le ciel met à nu
cette ville-lumière
Pour qu'elle en finisse
avec l'ombre de la trêve
Ainsi se dépêche la
rumeur et son air
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