L’ÉCRITURE C'EST LA RATURE
DU TEMPS
Le froid ralentit
l'écriture et la rend indocile …
Au petit matin son
mouvement
S'endurcit en ratures
Jusqu'à devenir
La coque
De l'éveil où les
émotions du lever tôt
S'abritent sans rupture
Quand la ville
Déjà voyage
Abandonnant les lumières
de la nuit …
Et le chant va-t-il se
perdre ?
On était à la croisée
De l'aurore
Quand l'horizon aurait du
faire
Son nid dans un halo rouge
…
On était là pour
attraper la lueur des dieux
Mais le temps frissonnant
A inondé nos yeux
Et …
La marée des automobiles
a accentué
Notre sentiment de
perdition
Les mille et mille feux
bondissants
Engorgeaient le fleuve
Du boulevard
Au loin les nuées mauves
Déroulaient leur chapelet
de prières
Pour ensevelir les
derniers
Soldats lunaires …
Il allait pleuvoir
cependant
Et nous n'aurions rien pu
Sauf accepter
La nudité blême
Du carrefour
Des coups de vent
passaient
Froidement sous
L'auvent …
C'est encore plus que nous
n'attendions rien
Encore plus cependant
Que nous gravitions
Dans l'écriture …
Et le mal se faisant un
bien
Nous l'auréolions
Des certitudes
De la présence
Le matin gris traversait
tout
Jusqu'à faire se
conjoindre
Ciel – pierre et
Macadam
Les arbres !
Seulement : les arbres
Affichaient tranquillement
Leurs filets sur
Le ventre des
Murs
Ils semblaient nous dire :
« Attendez qu'en
finisse
Notre hibernation
A nu
Déjà le merle revient
Chanter en nous
Nos filets
N'oublient pas :
Ils vous gorgeront
d'émeraude
Dans le petit matin »
Pour l'instant – dans le
froid -
Les passants courent
Un peu plus vite
Ils ne se confondent déjà
plus
Avec des ombres
A l'heure du
Travail …
Le matin pressé les
enveloppe
De sa blancheur
Il pleuvra donc
Mais les larmes de pluie
S'accordent avec
Les sourires
De la terre fécondée
Où les arbres voient
grandir
Leurs ramures !
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