LE POÈME TRAVERSE
L'INSTANT (N0 2)
Sous la rigueur de
l'instant
Ne meurt pas le souvenir
Toujours rejaillissant
Dans la fontaine
Des mots
Et – ne pas avoir à
répéter
En est le signe
Occulte
Un temps dans le vide
Comme dans la fournaise …
Et se lance une voix
Comme une soudaine
respiration
De l'impossible réel …
Battue en corps
Elle lui soutire le
possible
En le chevillant à la
vitesse d'une fulguration
Que l'on veut capter
Comme éclair
Illuminant un quartier
plongé
Dans l'obscur
C'est incessamment
Que l'amour monte à sa
renverse
En ordonnant le délié
D'un sens
Aux sons prolixes de la
pensée
Faite langue
Et le souvenir se plie au
proche
Il le féconde à partir
Du lointain
Puis … :
Ce que l'on a toujours
vu :
Il se raye et s'enraye
Sous la plume
Vorace de
Nouveautés
La musique alors s'empare
du hasard
Dirait-on qu'elle lui tord
le cou ?
Non ! Elle chemine
comme
La pensée dans
Les mains d'un poème …
Et c'est assez prendre
l'imprévu
Assez mordu au réel
Qui dit : « Non !
Je ne l'ai pas vécu
Cet instant où le « Je
pense »
S'enflamme sous
Le court-circuit
De l'instant »
Qui le dit peut voir –
écouter -
Dans la fontaine des mots
Danser les feux follets
Du Verbe …
D'où l'on tire un flux
qui déroule
La soif d'un sens orienté
Vers un horizon
Affranchi
Des lignes épaisses
Où insisterait la courbe
non-délimitée
Du déjà vu – du
paraître plein
D'habitudes insignifiantes
Car c'est à chaque fois
que se lance un poème
Que se relance l'horizon à
chaque fois
Nouveau
Foin de l'idée qui s'use
dans l'instant
Foin de l'oubli qui meurt
A l'instant
On aura toujours pensé le
lointain
Au fil déroulé de
l'infini réel
D'une mathématique bleue
Pour toucher
L'autre bout de la courbe
Celui de l’asymptote
Où tout toujours
Évolue
On s'en va si loin dans
l'écriture
Quand la voix s'arme
Du phrasé d'un sens...
Jamais plus on ne
tranchera
Au creux de la chair
De l'âme
On lui dit :
« Viens !
Modèle mon désir
Module-le
En chant"
Alors l'horizon
s'éclaircit
On touche à l'aurore
Et on la remue dans sa
main …
Chaleureuse intensité
De qui vient
Et s'abstrait
De la morne répétition...
Des voix multiples qui se
donnent
Rendez-vous en concert
On tire le silence
Du quant-à-soi
Et puise
Plus allègrement à la
fontaine des mots
Vous voulez vous saisir de
la clef
De cet impossible devenu
Possible réel ?
Armez-vous plutôt
De la présence
Au monde !
Sortez de la survie où
vous convie
Tout destin de Pouvoir !
Réinventez le monde
A partir de ce monde
Et démultipliez les
figures dansantes
Du désir demeuré désir !
Cela aura été ce manque
à être
Qui vous aura donné
L'être-même de
La Lettre
Et vous aurez vous aussi
Dansé avec les ailes
De l'éternité
Faite chair et corps de
l'instant
La beauté alors en mille
fleurs
Viendra s'épanouir sur
Votre chemin
Même s'il est entravé
Par votre misère
Même s'il semble borné
Par votre solitude
Voilà donc que l'on peut
boire à la source du temps
Et sortir en même temps
de toute promesse
Passée – présente ou à
venir
Comme si l'on pouvait
Arracher l'horizon
D'un poème
A la porte
Des songes
Comme s'il avait toujours
été question
De l'ouvrir en s'exposant
Aux courants d'air
Avec cette fenêtre du
cœur
Elle aussi ouverte
Oui ! Sait-on bien
cibler l'errance
Sur les vagues insistantes
De la parole faite
Voix ?
C'est peut-être en se
séparant
Du règne de l'habitude
Même si elle insiste
A convoquer
La libre évolution de la
pensée
Même si elle semble
Porter sa sécurité
Son aisance !
Tout le temps cependant
Y meurt à l'instant
Vague après vague les
mots courent
Et peuvent vous blesser
Avec l'intensité
De leurs galops
Blesser la chair de l'âme
Et vous faire rentrer
Dans l'oubli
De l'oubli …
Lentement pourtant :
vous passez ce risque
En réamorçant la musique
Du partage
Car on n'écrit pas sans
elle
On pense aussi loin
Que l'on donne
Sa voix
A tout anonyme qui la
prendra au vol
Et la recréera pour son
concert
Personnel
Ainsi sans perdre le
mouvement qui l'anime
On donne à sentir ce pas
Dans la fulgurance
D'un éclair
Initial
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire